Le Mali entend ainsi se poser en leader de la lutte contre l’apatridie en Afrique et dans le monde
Après l’adoption du plan d’action régionale de lutte contre l’apatridie en Afrique de l’Ouest par les ministres de la Justice et de l’Intérieur membres de la Cedeao, le Mali vient de se doter, en ce qui le concerne, la stratégie nationale d’éradication de l’apatridie au Mali.
Le ministre de la Justice, Garde des Sceaux, Mamadou Ismaël Konaté a procédé à la validation officielle de ce plan d’action national, le vendredi 18 Aout 2017 à l’Hôtel Kimpeski. C’était en présence du représentant du HCR au Mali, de madame le ministre de la promotion de la femme et de l’enfant et de la famille, Traoré Oumou Touré, des représentants d’autres départements ministériels et de la société civile.
Une étape qui donne beaucoup d’espoir dans la lutte contre l’apatridie. En effet,
c’est un plan d’action d’éradication de l’apatridie d’ici 2024. Le plan d’action adopté s’articule autour des chantiers majeurs comme l’identification des apatrides et risques, la prévention et la sensibilisation.
Le plan d’action national s’inscrit dans le cadre de la campagne mondiale visant à mette fin à l’apatridie d’ici 2024 lancée par le HCR en novembre 2014 et auquel le Mali et les autres Etats membres de la CEDEAO ont expressément souscrit dans la Déclaration d’Abidjan de février 2015. C’est pourquoi, le ministre de la justice, Mamadou Ismaël Konaté a affirmé que le Mali fidèle à ses engagements aux côtés du HCR et le comité interministériel sur l’apatridie dont il soutient l’action. Le ministre a mis cette occasion au profit pour rappeler la double crise sécuritaire et institutionnelle que la Mali a connue depuis 2012 et qui a eu des conséquences désastreuses sur l’état civil, particulièrement dans les régions du nord.
La nationalité est une question sensible, car elle est une manifestation de la souveraineté et de l’identité d’un pays. La question de l’apatridie est éminemment sensible et se trouve parfois au cœur des tensions sociales et politiques dans nos pays. L’apatridie est un fléau souvent invisible qui peut affecter l’enfant que l’on croise dans la rue, le marchand ambulant, ou même un voisin. Les conséquences sur la jouissance des droits de l’homme sont en revanche mesurables. En effet, les apatrides ne peuvent exercer les droits attachés à la nationalité et n’ont pas d’existence juridique. Le phénomène est largement ignoré alors qu’il affecte environ 12 millions de personnes dans le monde, dont près d’un million en Afrique de l’ouest. Priver les individus de nationalité ou ne pas créer les conditions pour ne avoir, c’est engendrer la souffrance, l’exclusion et la marginalisation car, la nationalité est perçu en doctrine juridique comme étant le droit d’avoir des droits.
Rappelons que c’est pour trouver une solution définitive à fléau de l’apatridie que les ministres de la Justice et de l’Intérieur des Etats membres de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (Cedeao), ont adopté le 9 mai à Banjul (Gambie), un plan d’action régional pour l’éradication de l’apatridie en Afrique de l’Ouest ; ce, au terme d’une conférence ministérielle organisée conjointement par la Cedeao et l’Unhcr. Les mesures détaillées assorties d’un calendrier contraignant vis aient à mettre fin à l’apatridie d’ici 2024 en s’attaquant aux obstacles à l'acquisition de la nationalité.
Le 25 février 2015, les 15 États membres de la Cedeao ont adopté la Déclaration d'Abidjan qui reconnait l'apatridie comme un fléau en Afrique de l'Ouest et se sont engagés à mettre fin à ce phénomène d'ici 2024. Le Plan d’action régional adopté à Banjul s’appuie donc sur cette déclaration et s’articule autour de 3 chantiers majeurs : l’identification des apatrides et des risques d’apatridie, la prévention et la réduction de l’apatridie, et la sensibilisation du public.
Daniel KOURIBA