Le président Ibrahim Boubacar Keïta a décidé, vendredi 18 août, à la télévision nationale, de “sursoir ” à la révision constitutionnelle après de vives contestations dans le pays depuis deux mois maintenant. Une décision qui fait suite à la témérité du collectif de l’opposition regroupé au sein de la Plateforme ”AN TE A BANA” qui espérait obtenir du Président de la République l’abandon du projet de révision constitutionnelle avant d’exiger une adresse solennelle à la Nation dans ce sens.
Le Président de la République, M. Ibrahim Boubacar Keita, qui était obligé de concilier les intérêts de tous les acteurs politiques de son pays, a annoncé le vendredi 18 aout dernier, dans une adresse à la nation avoir suspendu le projet de réforme constitutionnelle fortement critiqué par l’opposition et la société civile malienne. “J’ai décidé, en toute responsabilité, de surseoir à l’organisation d’un référendum sur la révision constitutionnelle. Pour le Mali, aucun sacrifice n’est de trop “, a-t-il déclaré. Pour justifier sa décision, le Chef de l’Etat Ibrahim Boubacar Keita a évoqué les tensions perceptibles sur le terrain ces derniers temps au sujet du référendum. ” J’ai enregistré avec inquiétude la montée des radicalités. Ces alarmes, nous les avons partagées, vous et moi. Je vous ai entendu exprimer vos craintes de voir notre cher pays dériver vers des affrontements tragiques “, a-t-il souligné. Avant cette annonce, le Chef de l’Etat avait réuni les familles fondatrices de Bamako, les leaders religieux et les chefs coutumiers qui ont tous émis le vœu de voir le Président IBK surseoir à ce projet qui, ont-ils rappelé, prenait des tournures inquiétantes après la Lettre Ouverte de la Plateforme. On est loin des moments où le Bourgeois n’avait dans son registre que brutalité et bluff : ” Nul ne sera au-dessus de la loi “.
L’homme de fer ou d’acier craint partout hier, a aujourd’hui allégé ses propos dans la courtoisie et les règles de civilités en annonçant sa volonté du dialogue. Le chef de l’Etat a-t-il subi une métamorphose ? Il aurait pu faire avec autorité, célérité et réussite s’il avait lui-même crée un climat de confiance entre lui et la majorité du peuple. “Il n’avait plus le choix. S’il n’avait pas reculé, il allait partir “, répondait un leader de la plateforme.
Le combat pour l’alternance en 2018
Réunis en meeting d’informations le samedi 19 aout dernier devant la Bourse du Travail, les leaders de la Plateforme en grand nombre, Soumaïla Cissé, Tiébilé Dramé, Ras Bath, Master Soumi, Zoumana Sacko, Kadidiatou Fofana, Nouhoum Togo, Oumar Mariko, Amadou Thiam, Hammadoun Amion Guindo, pour ne citer que ceux-ci, ont tous manifesté leur volonté de cheminer ensemble pour d’autres combats. Une intention qui tombe au moment où plusieurs analystes pensaient que la plateforme ne devrait pas exister après le combat de la révision constitutionnelle.
“La plateforme doit exister pour être une sentinelle de veille de l’action gouvernementale. Plus question de baisser les bras. Le peuple malien venait de prouver que le pouvoir appartient à lui seul “, a déclaré Amadou Amion Guido, secrétaire général de la CSTM. “Cette victoire est à l’actif de la jeunesse malienne qu’il faut saluer pour son courage. Le pouvoir, c’est vous et vous venez de le démontrer “, a expliqué le leader de l’opposition malienne, l’honorable Soumaïla Cissé. Pour l’honorable Oumar Mariko, leader du parti SADI, ”le combat est loin d’être terminé. Il faut plus de vigilance pour barrer la route à tous ceux qui veulent mettre en péril les acquis de la démocratie malienne. Et sur le sujet, nous serons intraitables “, a-t-il expliqué. Pour Master Soumi, les contestations de la Plateforme ne sont pas dirigées contre quelqu’un, mais uniquement pour l’intérêt de notre pays. “Toute personne qui portera atteinte aux principes démocratiques dans notre pays, nous trouvera sur son chemin “.
Quant à Mohamed Youssouf Bathily alias Ras Bath, le gouvernement devrait faire face à l’essentiel dans un pays où la majorité de la population n’a pas accès aux services sociaux de base (l’éducation, la santé et l’eau). ” Pour nous, le référendum est une étape de la lutte, l’objectif recherché est l’alternance en 2018. Dans ce contexte, la collaboration entre les politiques et la société civile est une nécessité “, a-t-il déclaré.