Suite à l’attaque perpétrée le lundi 14 août dernier, contre le Quartier Général de la MINUSMA à Tombouctou, le Premier ministre, M. Abdoulaye Idrissa Maiga à la tête d’une délégation ministérielle et le Représentant spécial du Secrétaire général, Chef de la MINUSMA, M. Mahamat Saleh Annadif, se sont rendus sur place le mardi 15 août 2017, pour s’enquérir de la situation et réaffirmer leur solidarité et leur détermination à sauver le processus de paix.
Retour sur les faits…
Il est 13h40, lundi 14 août 2017, lorsque deux véhicules s’arrêtent devant le Quartier Général de la MINUSMA. Des hommes lourdement armés en descendent et font feu sur la sentinelle et les gardes de sécurité privée chargés du contrôle à l’entrée. A cet instant, ils pénètrent dans le camp, mettent hors d’usage le centre de télécommunication et se livrent alors à leur funeste entreprise…
Après de longues minutes de terreur, le bilan est très lourd, trop lourd. Cinq gardes de sécurité maliens, un contractuel de la MINUSMA et un gendarme sont arrachés à la vie. Six assaillants sont neutralisés. Deux par la Gendarmerie nationale, dont les locaux sont à proximité et les quatre autres au sein du camp de la MINUSMA.
Réaffirmer sa solidarité, son engagement et sa détermination à réussir la paix
Le lendemain, Mardi 15 août au matin, une délégation de haut niveau quitte Bamako pour Tombouctou. A bord d’un vol spécial de la MINUSMA, le Premier Ministre, Chef du Gouvernement, M. Abdoulaye Idrissa Maiga et plusieurs de ses Ministres, ainsi que Le Représentant Spécial du Secrétaire Général de l’ONU, M. Mahamat Saleh Annadif, Chef de la MINUSMA.
Dès son arrivée dans la Cité des 333 saints, la délégation s’est rendue sur les lieux de l’attaque où, tout en guidant la délégation, le Chef du Bureau de la MINUSMA à Tombouctou, Ricardo Maia, revenait sur ces terribles moments. Frappé par le mode opératoire des assaillants, le Chef de la MINUSMA dont les installations et le personnel sont trop souvent la cible de ce genre d’attaque, en appelle à la population : « C’est cette barbarie qui se proclame humaine qui choque et malheureusement ça se répète et si j’ai vraiment quelque chose à demander ici, c’est vraiment la collaboration de la population. Parce qu’il est impossible que deux véhicules viennent déposer des personnes avec autant d’arsenal et qu’ils ne soient pas signalés», a déclaré Mahamat Saleh Annadif.
« La collaboration de la population est vraiment importante… Au-delà de ce qui s’est passé, ce qui est important c’est que les frères et sœurs maliens doivent vraiment coopérer avec les FAMAs, avec leurs frères de la MINUSMA, pour qu’on puisse débusquer ceux-là. Ils ne servent pas le Mali, ils ne servent aucune cause, ce sont des barbares, ce sont des gens à combattre et il faut que la population se lève pour nous aider à les combattre», a-t-il ajouté.
La légion de gendarmerie qui jouxte le Camp de la MINUSMA a également été touchée. Ses éléments ont d’ailleurs neutralisé deux des assaillants. Le Chef de la MINUSMA et le Chef du Gouvernement malien y ont également reçu un briefing complet sur les faits. Pour le Premier Ministre malien, Abdoulaye Idrissa Maiga, il y a des enseignements à tirer de cette attaque : « Ce que nous pouvons retenir comme enseignement, c’est la grande détermination de ceux qui ont planifié cet assaut. C’est plus qu’un acte criminel mais, cela doit nous amener chacun à changer son regard sur la réalité du terrain. Sur cet environnement qui est de plus en plus violent. » Et
Maiga de poursuivre : « Il est de tradition bien établie dans nos sociétés qu’au-delà de la charge, en pareille circonstance, qu’on exprime la compassion. Se déplacer auprès des familles des victimes, c’est une manière d’encourager ceux qui se sont battus dans les rues de Tombouctou parce que, bien souvent on omet de saluer le courage des forces de sécurité, de la MINUSMA, de l’armée et de la gendarmerie qui, avec le sens des responsabilités, ont su faire face à cette situation pour éviter un carnage.
Abondant dans le même sens que M. Annadif, le Premier Ministre malien en appelle lui aussi à un sursaut à la foi collectif et individuel afin de sauver le processus de paix : « Il me semble important de dire à ce niveau que chacun d’entre nous doit cultiver ce sens aigüe de la responsabilité. Nous nous employons à mettre en œuvre de façon intégrale l’Accord pour la Paix et la Réconciliation issu du processus d’Alger. Ce ne serait pas le moment de baisser les bras parce que cet acte devrait plutôt nous conduire à être dans la persévérance et au mieux de tous nos efforts, avec acharnement, réaliser cette paix, » a conclu Abdoulaye Idrissa Maiga sur le tarmac de l’aéroport de Tombouctou.
Quant à Monsieur le Représentant Spécial du Secrétaire Général des Nations Unies, sa détermination à poursuivre l’exécution du mandat confié par le Conseil de sécurité à la MINSUMA est intacte : « Ces crimes hideux n’altéreront en rien la détermination de la MINUSMA à remplir son mandat, » affirmait-il la veille dans un communiqué.
GAO : LA MINUSMA ACCOMPAGNE LES AUTORITÉS DANS LA PROMOTION DE LA GOUVERNANCE PARTICIPATIVE
Après Bamako, Mopti, Ménaka et Tombouctou, la Cité des Askia a abrité, les 09 et 10 août dernier, un atelier sur la gouvernance participative.
Cette rencontre qui a regroupé les élus locaux, les autorités intérimaires et autres acteurs de la société civile, se voulait un cadre pour renforcer le système de prise de décisions concertée et d’échanges d’idées dans la conduite des affaires des collectivités territoriales. Il s’agissait aussi de soutenir l’émergence d’une société civile neutre au niveau local, à travers la promotion de l’exercice de veille citoyenne. « Il s’agit d’un atelier d’échange pour renforcer d’avantage la synergie d’action entre les différents acteurs et améliorer la gouvernance sur le plan financier et administratif afin que, désormais, les gens travaillent ensemble, » a expliqué M. Dramane Guindo de la Direction générale des collectivités territoriales.
Cet atelier a été organisé par le Ministère de la Décentralisation et de la Fiscalité locale, en partenariat avec la division des Affaires Civiles de la MINUSMA. Les participants sont venus de tous les cercles et communes de la région de Gao pour l’harmonisation des points de vue des parties prenantes, dans la bonne marche des affaires publiques et les échanges sur la gouvernance environnementale.
Ceci, en mettant l’accent sur les rôles des collectivités décentralisées et la sensibilisation sur l’importance de l’exercice de veille citoyenne, afin de contraindre les pouvoirs locaux à régulièrement rendre compte de leur gestion publique à leurs concitoyens. « Cet atelier doit être fait à tous les niveaux dont le niveau communautaire pour que chacun puisse s’approprier de son rôle et de ses responsabilités, en sachant que nous sommes dans un monde concurrentiel et nous n’avons pas d’autres choix que d’aller vers l’excellence, » a souligné M. Abdou Razak Yacouba Maiga, Maire de la Commune de Soni Ali Ber.
Malgré l’absence des responsables du gouvernorat de Gao, des préfets et sous-préfets; les maires, les autorités intérimaires et les représentants de la Société Civile ont massivement répondu à l’invitation. Le but : mieux comprendre les quatre modules au programme de cet atelier dont celui sur “les grands chantiers de la décentralisation” avec un focus sur le dispositif des autorités intérimaires et leurs relations avec les chefs de circonscriptions administratives ou encore, “le rôle de veille de la société civile”.
« Ce type d’atelier peut aboutir à de bonnes choses. Il nous permettra de comprendre beaucoup de choses dont notre rôle. Il y a beaucoup de choses que nous ne comprenons pas surtout avec l’administration, parce que nous sommes issus des groupes armés. Cet atelier nous facilitera une bonne lecture pour mieux comprendre ce que nous devons faire, » a confié M. Nouroudine Ould Mohamed, Vice-président de l’Autorité intérimaire de Gao.
Pour M. Rolin Blaise Sila, représentant du Chef du bureau régional de la MINUSMA à la cérémonie, « L’Accord pour la Paix et la Réconciliation au Mali, issu du processus d’Alger, reconnait lui-même
dans son préambule, la nécessité d’une gouvernance conforme aux spécificités géo-historiques et socio-culturelles, ce qui veut dire que, parler de la gouvernance participative n’est pas un vain mot.
Il s’agit plutôt d’esquisser des formules de gestion des affaires publiques suscitant la pleine et entière adhésion de ceux, aux noms desquels, nous parlons de Gouvernance. Il s’agit d’instaurer un climat de confiance entre nous et les communautés, gage d’une bonne collaboration, d’une quiétude et d’une paix durable dans notre façon de parler, de faire et de pratique ».
Durant ces deux jours de travaux intenses, les participants ont formulé des recommandations pour une prise en compte de leurs préoccupations pour une meilleure faisabilité de la gouvernance locale. Parmi celles-ci, l’on peut retenir : Le transfert effectif et concomitant des compétences et des ressources financières comme mentionné dans les documents cadre de la politique nationale de la décentralisation (DCPND 2015-2024), L’abolition des conseils de cercle, pour avoir une décentralisation plus efficace à deux niveaux (Région et commune), une plus grande vulgarisation des textes relatifs à la décentralisation à travers une sensibilisation et une formation continue des acteurs de base avec plus d’implication des autorités coutumières et religieuses locales.