L’Etat malien a toujours manqué de stratégie d’anticipation et de gestion des conflits. C’est sûrement ce qui pousse les populations à prendre, eux-mêmes, en charge leur sécurité. Et c’est dans ce même cadre que le mouvement Dana Ambassagou a été créé pour protéger les personnes et leurs biens dans le Pays dogon, une zone vaste et souvent confrontée à des conflits pour des questions de pâturage, de passages d’animaux et même de rivalités entre villages. Le tout est couronné par la montée en puissance des forces obscurantistes (Djihadistes). Son objectif est la défense et la protection des populations civiles dans la zone. Ce mouvement comprend une branche politique et une branche armée. C’est une forme d’association de chasseurs de la zone et il comprend plusieurs ethnies.
Ce mouvement qui recouvre l’ensemble des cercles dogons de la 5ème région se porte désormais garant de la sécurité des populations, qui a proie actuellement à plusieurs dangers dont le djihadisme, qui se développe actuellement dans la localité avec l’ascension d’Amadou Kouffa. Selon le coordinateur national du mouvement, David Tembiné, Dana Ambassagou a été créé pour sécuriser le pays dogon contre tous les ennemis de la localité et non contre une ethnie. Il affirme que L’Etat est quasi inexistant dans certaines parties du Pays dogon ; c’est la raison pour laquelle, pour éviter à chaque fois les assassinats ciblés contre les chasseurs dogon, ce mouvement a été créé. M. Tembiné a affirmé aussi que ce mouvement comprend une branche politique et une branche armée. Actuellement, près d’un millier de combattant est disponible pour défendre l’intégrité territoriale du pays dogon contre les ennemis, quel qu’en soit la nature.
« Notre objectif, c’est d’instaurer un climat de paix et de liberté dans nos villes et campagnes. Ceci est contre la naissance d’un mouvement djihadiste qui prône l’obligation du respect d’une autre forme de l’islam. Nous disons non à cela et nous voulons que nos parents qui résident dans nos villages aient la liberté de vénérer, s’ils le veulent, la religion de leurs ancêtres. Que les populations vivant au pays dogon vivent en paix, comme avant ; même si l’Etat se montre toujours inexistant », a fait savoir David Tembiné.
A noter que ce mouvement possède un camp d’entrainement des combattants. Et les instructeurs sont d’anciens militaires, actuellement intronisés chasseurs.
« Notre mouvement couvre toutes les contrées du Pays Dogon. Même si l’armée est présente dans une zone et qu’elle ne réagit pas en cas de problème, nous allons nous défendre », dixit David Tembiné, coordinateur national de Dana Ambassagou.
Quant à l’adhésion à ce mouvement, elle est libre pour tout le monde, toutes ethnies confondues, selon le Coordinateur.
Concernant le financement des activités du groupe, David Tembiné est sans équivoque : «Nous avons refusé tout contact avec le monde extérieur (partis politiques, groupements socioprofessionnels, etc. ».
Youssouf Toloba est le chef des combattants. C’est un homme de poigne avec un savoir-faire extraordinaire.
Conflits entre Peulhs et Dogons
Pour David Tembiné, il n’y a pas de conflits entre Peulhs et Dogons. Il reconnait qu’à un moment donné, il y a eu des règlements de compte entre ces deux communautés.
C’est à ce sujet que certains responsables des associations Ginna Dogon, Tabital Poulakou, avec certains leaders religieux ont tenu à rencontrer les responsables du mouvement Dana Ambassagou, le 21 Août dernier, à Sévaré. Ainsi, les responsables des deux associations sont inquiets de la montée en puissance du mouvement dogon. C’est pourquoi, ils pensaient que c’est pour attaquer les Peulhs que ce mouvement a été constitué. Mais, David Tembiné a rassuré ses interlocuteurs : « Notre mission n’est pas d’entretenir une guerre ethnique, c’est de sécuriser tout le Pays dogon, où l’Etat est quasi inexistant dans certaines zones, car, il n’y a ni sous-préfets, ni administration, ni armée. Nous voulons que nos parents continuent avec leurs pratiques ancestrales, en toute liberté, car, ce sont eux, les chasseurs qui sont ciblés par des petites attaques et ils continuent d’être éliminés un à un. Nous voulons mettre fin à cela. Même concernant l’affrontement qui a eu lieu entre certains dogons et peulhs, cela a été occasionné par le fait que ces derniers ont assassiné un chasseur dogon Nous sommes simplement allés pour récupérer la dépouille de la victime, le 2 Août dernier, quand nous avons été surpris par des tirs venant du camp des Peulhs. Et là, l’impensable s’est produit. Nous nous attaqueront à tous les ennemis. Notre mission fondamentale est la sécurisation des personnes et de leurs biens, dans le Pays dogon » a-t-il dit avant de poursuivre : « Je les ai aussi dit qu’à Gondogourou, les peulhs ont saisi les biens de la population (moutons, chèvres, etc.), lors de l’affrontement du 16 Juin 2017. Nous avons lancé un ultimatum, si les peulhs n’amènent pas ces biens, nous allons les reprendre manu-militari », lance-t-il.
Ainsi donc, tout adhérant à ce mouvement doit être muni d’une carte de membre.
Alfousseini Togo