Les deux parties s’engagent, notamment à s’abstenir de toute action de provocation de nature à nuire à cette trêve, y compris la propagande et les déplacements des troupes et des combattants sans
concertation préalable avec la MINUSMA
La Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) et la Plateforme des mouvements du 14 juin 2014 d’Alger ont signé une trêve, mercredi dernier, dans la salle de conférence de l’ex-Centre régional d’énergie solaire (CRES) de Badalabougou.
C’était en présence du Haut représentant du président de la République pour la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation, Mahamadou Diagouraga, du ministre de la Sécurité et de la Protection civile, le général de brigade Salif Traoré, du président du Haut conseil islamique du Mali, l’imam Mahmoud Dicko. Le représentant spécial du Secrétaire général de l’ONU et patron de la MINUSMA, Mahamat Saleh Annadif, les membres de la médiation internationale et de nombreuses autres personnalités étaient aussi présentes.
Dans ses propos liminaires, le chef de la MINUSMA a exprimé toute sa satisfaction pour cette cérémonie de signature, rappelant au passage qu’il est plus facile de faire la guerre que la paix. Mahamat Saleh Annadif soulignera que le mérite revient aux groupes armés pour avoir franchi ce pas décisif. «Je crois que s’ils ont accepté de parapher ce document, c’est qu’ils ont aussi accepté de faire la paix. Chez moi, on dit que la paix n’a pas de prix, donc sacrifions nous un peu pour la paix», a-t-il soutenu, avant d’ajouter que la signature du document marquera certainement le début de quelque chose. Il a aussi appelé au respect des engagements pris.
Juste après, Sidi Brahim Ould Sidatt, au nom de la CMA et Me Harouna Toureh pour le compte de la Plateforme ont apposé leur signature sur le document. Le ministre de la Sécurité et de la Protection civile, le général Salif Traoré, le chef de la MINUSMA, Mahamat Saleh Annadif et le chargé d’affaires de l’ambassade de l’Algérie, Mohamed Midou, ont également signé le document de trêve en qualité de témoins.
A travers la signature de ce document, la CMA et la Plateforme, réunies le 20 août dernier à Anefis, s’engagent à respecter une trêve pendant la durée des concertations n’excédant pas 15 jours renouvelables d’accord parties, en vue de parvenir à un accord de cessation d’hostilités global et définitif. Les deux parties s’engagent aussi à s’abstenir de toute action de provocation de nature à nuire à cette trêve, y compris la propagande et les déplacements des troupes et des combattants sans concertation préalable avec la MINUSMA.
Enfin, elles s’engagent à parachever les travaux en cours avec le gouvernement du Mali en vue de l’adoption d’un chronogramme actualisé de mise en œuvre de l’Accord de paix.
Interrogés à la fin de la cérémonie, Sidi Brahim Ould Sidatt de la CMA et Me Harouna Toureh de la Plateforme ont assuré que leurs mouvements respecteront la trêve. Tous les deux ont estimé qu’il est plus que jamais impératif d’aller à la paix.
«Nous espérons que cette trêve nous conduise à un accord beaucoup plus global et définitif, à travers lequel nous pourrons dire qu’il n’y aura pas d’affrontements. Nous espérons qu’après la trêve, les choses aillent dans un sens positif. Nous allons discuter des problèmes de fond et pas des problèmes de principe, afin que nous puissions asseoir une vraie réconciliation», a indiqué le Porte-parole de la CMA. Et Me Harouna Toureh de la Plateforme de renchérir : «Nous pensons sincèrement que le cessez-le-feu sera respecté. Parce que la paix est venue de la base, des populations, des combattants».
Au nom de la mission des bons offices, le président du Haut conseil islamique a salué toutes les parties impliquées dans ce processus, notamment les mouvements armés.
«Je demande à nos frères de respecter ce qu’on a signé. Il est facile de signer, mais il faut respecter ce qu’on a signé. Quand un croyant donne son engagement, il l’accomplit. Vous avez accepté, au nom de la paix, au nom de tout ce qui nous unit, au nom de l’essentiel qui est notre patrie, de faire cette signature pour encore donner de l’espoir au peuple malien», a déclaré l’imam Mahmoud Dicko.
Pour sa part, le ministre de la Sécurité et de la Protection civile s’est dit animé d’un sentiment de satisfaction. Il a, au nom du gouvernement et des plus hautes autorités, remercié la communauté internationale et la commission des bons offices.
Le général de brigade Salif Traoré a surtout félicité les mouvements qui, après une série de violents incidents ayant eu pour conséquences d’accentuer la souffrance des populations, sont arrivés à une trêve. Il a précisé que la communauté internationale et le gouvernement sont présents à cette cérémonie comme témoins. «Nous espérons que cette fois-ci sera la bonne; que les armes vont définitivement se taire. Nous espérons que tous les signataires vont observer une trêve définitive pour qu’on se tourne définitivement vers la mise en œuvre intégrale de l’Accord», a-t-il dit, avant de souligner qu’il existe aujourd’hui des signaux favorables, à savoir la présence du gouverneur à Kidal, le démarrage prochain du Mécanisme opérationnel de coordination (MOC) dans la 8è Région administrative du pays et la future installation des autorités intérimaires dans la même localité.
«Espérons vraiment que cela soit le déclic qu’il faut pour que la paix revienne et qu’on puisse résolument se tourner vers ce qu’il faut pour le développement de notre pays», a conclu le ministre en charge de la Sécurité.