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Mouton de Tabaski : L’Abondance de l’offre ne baisse pas les prix
Publié le vendredi 25 aout 2017  |  L’Essor
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© aBamako.com par A S
Vente de moutons dans le cadre de l`opération Tabaski
La Vente de moutons dans le cadre de l`opération Tabaski se fait sur plusieurs places publiques à Bamako.
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La forte demande continue à maintenir la surchauffe sur les marchés. Les marchands ne manquent pas d’arguments pour justifier la cherté du prix du mouton

«Prie ton Seigneur et fais lui un sacrifice…» (Coran, Sourate 108, Verset 2). Voici l’un des passages du livre saint de l’islam qui évoquent le rituel que les musulmans vont accomplir le vendredi 1er septembre, en commémoration de l’acte d’obéissance d’Abraham à Dieu. La Tabaski où fête du mouton exige donc du croyant, qui a les moyens, l’immolation d’un mouton le jour de la fête. Du coup, l’acquisition du mouton devient une nécessité surtout que ce sacrifice dépasse désormais le seul cadre religieux et fait face, depuis des années, à nos réalités sociales.
La réalisation de cette rituelle religieuse devient donc un casse-tête pour plusieurs chefs de famille à cause de la cherté du mouton dans la capitale. A une semaine de la fête, après le tour des marchés à bétails de Sabalibougou, Lafiabougou, «Sans fil», Quinzanbougou, Faladiè et quelques points de ventes improvisés, le constat est que le marché est approvisionné, mais les prix sont relativement élevés.
Cette hausse de prix est constatée même au niveau des points de vente de l’opération Tabaski qu’organise, cette année encore, le ministère de l’Elevage et de la Pêche. Le prix des moutons varie entre 50.000 et 120.000 Fcfa cette année, contre 40.000 à 120.000 Fcfa l’année dernière. La tendance générale du marché, cette année, ne fait pas exception à cette règle. Ainsi donc, contrairement à l’année dernière où les prix oscillaient entre 50.000 Fcfa et 300.000 Fcfa, cette année, pour se procurer un bon bélier, il faut débourser entre 75 000 Fcfa et plus de 400 000 Fcfa.
Au quartier « Sans fil » de Bamako, nous avons assisté à un marchandage serré entre Ibrahim, le vendeur et un client. Les deux parties n’arrivaient pas à s’entendre sur le prix d’un mouton dont le prix était entre 80 000 Fcfa à 100 000 Fcfa. Le client qui voulait coûte que coûte ce bélier ne manquait pas d’arguments pour convaincre le commerçant. Mais hélas, comme dirait l’autre : «A l’impossible, nul n’est tenu». Faute de compromis dû au manque de moyens de l’acheteur, Ibrahim lui proposa de faire un autre choix. Finalement, l’homme a fini par tourner le dos au bélier dont il était tombé «amoureux». Cependant, il n’a pas lâché prise car il a promis à Ibrahim de revenir plus tard avec la somme que le vendeur a demandée. « Je vous en prie, gardez ce mouton pour moi, je reviens dans deux jours vous donner les 85.000 Fcfa», a-t-il supplié le vendeur, en frottant la tête de la bête. Ibrahim nous a expliqué qu’il ne pouvait pas céder ce mouton à 75.000 Fcfa comme le souhaitait l’acheteur.
Pour le vendeur, l’un des problèmes réside aussi dans le fait que les uns et les autres ne choisissent pas le mouton en fonction de leur bourse. «Il est impossible de vendre un mouton de 100 000 Fcfa à 75 000 Fcfa. La somme qu’il a peut lui trouver un bon mouton mais pas celui qu’il a choisi», indique Ibrahim qui explique la cherté du mouton, cette année, par le fait que le marché n’est pas aussi fourni comme l’année dernière. Il a invoqué aussi les tracasseries sur la route comme tous les marchands. C’est à croire que les vendeurs de moutons se sont passés le mot pour expliquer la cherté par les tracasseries sur la route. Il est du devoir des autorités de vérifier si les vendeurs disent la vérité. Tous dénoncent les mauvais comportements des forces de sécurité aux postes de contrôle sur les routes. « Vous savez, on ne nous fait pas de cadeau de là où nous nous approvisionnons en mouton. Je ne peux pas donner ma marchandise à un certain prix qui sera un manque à gagner pour moi. Cette cherté, nous n’en voulons pas mais nous n’avons pas d’autre choix pour tirer notre épingle du jeu », jure-t-il avant de commencer une autre discussion avec un autre client.

Nous sommes à Sabalibougou. Ici, le marché à bétail est bien animé. Nous avons rencontré Adama Diarra, la quarantaine révolu, accompagné d’un petit garçon. Notre chef de famille faisait la navette entre les différents vendeurs de mouton. Après de longs pourparlers sans succès autour d’un bélier, il a fini, malgré lui, par rentrer à la maison les mains vides. «Les prix des moutons qu’on m’a proposés sont trop élevés. Est-ce que ces gens-là savent dans quelle situation se trouve le pays ? Nous faisons déjà tant d’efforts pour joindre les deux bouts. Regardez ce petit mouton qu’on veut me vendre à 75 000 Fcfa. En temps normal, je ne donnerai pas plus de 50 000 Fcfa pour cette bête», s’insurge M. Diarra. Qui va certainement continuer à faire le tour des marchés en attendant de trouver son mouton de la fête. «Les moutons sont hors de portée, et c’est bien pire que l’année dernière», regrette Ousmane Doumbia, médusé après un marchandage infructueux au parc à bétail de Faladié. Il estime que si les prix ne chutent pas cette année, beaucoup de chefs de famille vont devoir sacrifier des agneaux ou des chèvres.
Au marché à bétail de Lafiabougou, l’ambiance est presque à l’ordinaire. Oumar Cissé est considéré ici comme l’un des plus grands marchands de moutons. Il explique que la fête qui s’approche ne s’annonce pas favorable pour ses affaires. « Depuis 20 ans, je n’ai jamais vu une telle conjoncture. D’habitude, à cette époque, on se frottait déjà les mains. Ce n’est pas les clients qui manquent mais c’est la loi du marché qui est dure cette année», fait remarquer le marchand.
Notre vendeur du moutons se dit sûr que certains clients attendent la derrière minute, en espérant faire une bonne affaire. «Qu’ils se détrompent car on ne peut pas donner en dessous des prix auxquels nous avons acquis nos marchandises or les bêtes coûtent de plus en plus cher sur le marché», soutient-il. Selon lui, les prix auxquels ils s’approvisionnent sont assez élevés contrairement aux années précédentes. Oumar Cissé, pour argumenter ses dires, pointe du doigt un petit mouton qu’il affirme avoir acheté à 70 000 Fcfa. «Cette bête, je l’ai achetée à 70.000 Fcfa. A combien voulez-vous que je la revende ?», nous lance-t-il. L’an dernier, indique-t-il, le même animal pouvait être vendu à 60.000 Fcfa au maximum.
Pourquoi cette hausse des prix du mouton ? Comme d’habitude, les vendeurs de bétail lient cette cherté aux frais de transport du bétail à partir des principaux marchés d’approvisionnement qui sont, le plus souvent, loin de la capitale et aux charges engendrées par l’entretien de l’animal. A ceci s’ajoutent les différentes taxes journalières qu’ils sont tenus de payer à la collectivité et aux autres structures informelles impliquées dans le circuit commercial. D’autres, par contre, évoquent la rareté des bêtes dans les zones d’approvisionnement.

Mariam A. TRAORE



Tabaski : DUR DUR D’ÊTRE POLYGAME !

Ils sont nombreux, les hommes polygames à ne pas savoir à quel saint se vouer en cette période de fête

Notre pays, à l’instar de la communauté musulmane, célèbrera vendredi prochain la fête de Tabaski ou la «grande fête» ou encore la fête du mouton. Cet animal que les musulmans sacrifient un mouton pour symboliser l’adoration qu’ils portent au créateur. L’Aïd El-Kébir ou la Tabaski commémore le geste d’Ibrahim qui voulut égorger son fils bien-aimé par soumission à Dieu.
En cette veille de fête, les chefs de familles font face à des dépenses colossales et à une forte pression sur le portefeuille. Une épreuve beaucoup plus dure pour les polygames. Avec les fortes rivalités entre certaines coépouses, les maris à plusieurs femmes sont confrontés à une terrible équation pour satisfaire les besoins des différents foyers. En effet, dans les familles polygamiques, chaque femme a tendance à imposer des dépenses pour être la plus belle et la mieux servie. Souvent, elles exigent même que chacune d’elle ait son mouton pour la fête. Des rivalités qui créent tensions et frustrations.
Il faut reconnaître que d’une façon générale, cette fête du mouton est en train de perdre tout son sens dans notre pays. Car, l’on a tendance à donner du crédit au paraître, l’achat du mouton en devient donc une obligation. Du coup, l’acquisition de l’animal-roi de la fête est sujette à polémique dans les foyers moins aisés. Bon nombre de pères de famille victimes de cette psychose s’endettent lourdement afin d’avoir le bélier devant leur maison, le jour de la fête. Par ailleurs, la Tabaski donne aussi l’occasion à certains d’affirmer leur puissance économique, leur rang social et même leur statut de polygame capable d’offrir un mouton à chaque épouse. Dommage pour le chef de famille «d’à côté» qui peine à avoir son mouton de Tabaski et c’est terrible lorsque ce dernier est polygame.
Nous sommes dans un taxi. Le téléphone du chauffeur sonna et à peine avait-il décroché qu’il commença à hausser le ton et à finir par raccrocher en lançant un regard froissé et nerveux : «Fais comme tu veux, cette année les moyens ne me permettent pas d’acheter deux moutons». A peine, avait-il arrêté de parler que démarra une discussion entre lui et la passagère assise à côté de lui. Le «Taximan» finit par se confier à la bonne dame. Il lui expliqua que c’était sa première femme qui «l’emmerdait». Cette dernière exigeait de lui l’achat de deux moutons pour la fête. Elle est allée jusqu’à menacer son conjoint d’en faire un scandale le jour J, s’il ne s’exécute pas.
Le chauffeur indiqua qu’avant d’être licencié de son travail, il achetait deux moutons pour éviter les histoires. «Cette année, au regard de ma situation économique, j’ai annoncé à mes deux épouses que je n’ai pas d’argent pour deux moutons. Elles doivent même prier afin que je réussisse à en avoir un», dit-il, l’air inquiet. Depuis l’annonce de cette nouvelle, le «Taximan» n’a plus eu la paix chez lui. Il ne doit pas avoir normalement de problème surtout que les deux femmes de notre chauffeur de taxi vivent dans la même cour. Il semble, dans sa tête, avoir la solution à son problème, du moins c’est ce qu’il n’arrêtait pas de dire avant que l’on arrive à destination. Souhaitons juste que les parties sachent raison garder pour éviter une crise dans le foyer.
A l’image de ce chauffeur de taxi, ils sont nombreux, les hommes à se creuser les méninges pour trouver la solution en cette période de fête. Autre histoire, autre cas. Moussa est polygame. Ses deux femmes vivent séparément. Le problème dans ce foyer n’est pas l’achat du mouton de la fête, mais la présence du mari auprès de ses épouses le jour de la fête. «J’avais au début exigé qu’on fête ensemble, il y a eu trop de problèmes et pour avoir la paix, j’ai fini par accepter que chacune reste chez elle. Cependant je fête avec celle qui est de tour le jour-J. Là aussi, je n’arrive pas à avoir la paix», indique notre interlocuteur. Il reste évident qu’il ne peut pas égorger les deux moutons en même temps alors que les deux femmes vivent loin l’une de l’autre. La solution toute trouvée par Moussa est de garder les deux moutons dans la maison où il sera le jour J. Il explique que cela a marché l’année dernière mais craint fort pour cette année, car sa première femme sait déjà qu’elle doit attendre que Moussa termine d’égorger les moutons pour avoir sa part un peu plus tard. «Je sens déjà la tension, mais je fais semblant de ne rien comprendre. L’année passée, elle a été témoin de ma conduite elle n’osera pas se plaindre. La connaissant bien, je sais qu’elle va créer un autre problème», souligne Moussa.
Que dit l’Islam ? Les polygames doivent-ils obligatoirement acheter deux moutons pour la Tabaski ? L’avis le plus juste chez les jurisconsultes est que le sacrifice de l’Aïd El-Kébir est une sunna et non une obligation. L’époux peut sacrifier un seul mouton pour ses deux, trois ou quatre épouses et leurs enfants et ainsi il aurait accompli la sunna.
Pour le jeune prêcheur, Boubacar Kéita, le polygame peut faire un seul sacrifice. Cela est suffisant pour lui et pour toutes ses épouses et il est préférable qu’il le fasse là où il habite.
Il précise juste que l’homme, au moment du sacrifice, doit dire qu’il le fait pour lui et sa famille entière. Notons enfin qu’il est du devoir du mari d’être équitable envers ses épouses dans l’habillement, la dépense et dans la répartition du nombre de nuits.

M. A. TRAORÉ
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L’Essor N° 17187 du 17/5/2012

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