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Nomination du gouverneur de Kidal : Une grosse poudre aux yeux du peuple !
Publié le lundi 28 aout 2017  |  L’Inter de Bamako
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France coloniale a plein d tours sans sa besace. L’on rappelle que M. Sidi Mohamed Ag Ichrach a été nommé gouverneur de la région de Kidal en Conseil des ministres, le 17 février 2017. Six (06) mois durant, l’élu des cœurs pour gérer le gouvernorat de Kidal a séjourné à Gao.

Certes, Ichrach est membre influent de la Plateforme. A ce niveau, il semble utile de noter qu’entre la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) et la Plateforme, il y a beaucoup plus de conflits tribaux qu’à propos de leur appartenance ou non au Mali. Les jeux s’entremêlent et les chemins ne sont pas souvent définis aux populations maliennes. L’on sait une seule chose c’est que le gouverneur de Kidal est un Touareg et un ancien rebelle.

A regarder à la surface de cette nomination, l’on serait tenté de dire qu’il y a un pas en avant dans la bonne direction quant à la réunification des cœurs et des esprits pour un Mali réunifié. Cela pourrait se comprendre quand on sait qu’en lieu et place d’un Touareg de la CMA, c’est un autre de la Plateforme qui va gérer le gouvernorat de Kidal, cette ville où il n’y a vraiment pas le Mali.

Que vaut donner cette nomination pour le peuple laborieux du Mali ?

Ce qu’il faut dire à présent, c’est que les seules vraies présences à Kidal sont et restent seule de l’armée française sous le vocable de force Barkhane avec à son service la MINUSMA et la CMA. Dans le même temps, il n’y a pas l’armée malienne qui est et demeure l’expression parlante de notre souveraineté sur la région de Kidal.

La grande question qui court à toutes les lèvres dans cette affaire c’est de savoir: pourquoi nommer nécessairement un Tamasheq comme gouverneur de Kidal ?

Il ne faut pas se voiler la face : la France a son agenda au Mali notamment par rapport à cette chronique rébellion dans les régions septentrionales de notre pays. Il faut rappeler ici le vieux projet français de construction de sa forteresse militaire pour le Sahel sur notre sol à Tessalit. L’on comprend donc qu’hier comme aujourd’hui la France poursuit sans relâche sa sale politique de balkanisation de notre territoire en vue de nous spolier comme par le passé.

Le coup d’Etat du 19 novembre 1968 contre le régime nationaliste de Modibo Keïta n’est nullement étranger à cette ambition nauséabonde de la France. L’intrusion de personnalités françaises dans la gestion de la crise du Nord par le truchement de certains Maliens depuis Alpha Oumar Konaré ne saurait être anodine. En tout cas, à la grande satisfaction de la métropole coloniale, Alpha a organisé la Flamme de la paix.

Les dessous d’un tel acte politique sont aujourd’hui visibles. Ceux des Touareg qui, hier avaient pris les armes contre le Mali, sont entrés dans l’armée nationale avec les grades voulus sans se soumettre pour cela à la réglementation militaire en la matière. Ainsi, cette poudre aux yeux s’est distillée dans la nature et au grand dam des Maliens: à la reprise des hostilités sous ATT, en 2012, ces rebelles intégrés dans notre armée nationale après avoir connu bien de secret de la grande muette malienne sont sortis en masse pour rejoindre les rangs de la rébellion, commettant par cette occasion les crimes abominables de Aguel Hoc. Ces crimes resteront impunis tant que la France restera en République du Mali. Mais cela ne saurait durer indéfiniment.

De plus en plus, les Maliens se rendent à l’évidence que la France ne peut œuvrer pour l’intérêt du Mali étant entendu qu’elle doit sa survie et son développement à la spoliation, à l’exploitation et à l’oppression inhumaine des peuples travailleurs d’Afrique et du reste du monde. La traite des Noirs, les deux guerres mondiales, la colonisation et aujourd’hui le néocolonialisme suffisent à prouve que la France vit aux dépends des peuples.

La guerre du Biafra au Nigeria, la sale guerre de Centrafrique, celle d’Algérie, la rébellion et la crise ivoirienne portent la forte marque des gouvernants français. Elle a toujours à son compte en Afrique les millions de crimes contre l’humanité. Et dans tout cas où est la Dour pénale internationale (CPI) ? La France a seulement oublié cette vérité historique qu’ ‘’une nation qui en opprime une autre ne saurait être libre.’’ Les experts analystes français le savent plus que n’importe qui.

La France a compris qu’un vent de mise en cause de sa coopération avec les autres peuples est bien en marche partout en Afrique et donc avant tout au Mali. Ce grand vent, elle ne saurait l’arrêter car lorsqu’un peuple se met débout il devient invincible: les peules d’Algérie, du Viet Nam, de Dien-Dienphu, etc. en sont des témoignages éloquents.

Pire, dans cette affaire de Kidal c’est qu’il y a de plus en plus de risque majeur de la naissance et du développement dans notre pays d’un sentiment ethniciste notamment dans le septentrion. Le peuple de Centrafrique en sait beaucoup.

Comme pour dire que la France ne peut vivre que de telles pratiques peu recommandables pour les êtres humains. C’est au regard de cet imbroglio politico-militaire créé de toute pièce par la France et les politiciens maliens à sa dévotion qu’il est aisé de constater que la nomination de Sidi Mohamed Ag Ichrach comme gouverneur de Kidal n’est qu’une grosse poudre aux yeux des Maliens.

La nomination de cet ancien rebelle en la personne de Fagaga comme chef de l’autorité intérimaire de Kidal n’est pas pour arranger les choses dans le sens de l’unité nationale.

Pour tout dire, de plus en plus, les Maliens réalisent que la France fait partie intégrante de la rébellion non de sa solution. Il est temps que les gouvernants français et leurs représentants maliens le comprennent enfin.

Notre jeunesse s’approprie chaque jour davantage cet illustre conseil du président Modibo Keïta. Il disait: «Lorsque les vrais propriétaires deviennent des observateurs, c’est le festival des brigands.»

Les Maliens doivent se rendre à l’évidence que le retour à l’intégrité territoriale du Mali passe nécessairement par le départ de toutes les forces étrangères en l’occurrence la France.

Fodé KEITA
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