Dans la nuit du 13 et 14 août 2017, des habitants d’un faubourg de Freetown ont été surpris dans leur sommeil par des éboulements. Tout un flanc de colline s’est effondré suite à trois jours de pluies torrentielles. Construite dans une cuvette entourée de collines et située sur les rives du fleuve Niger avec de nombreuses zones marécageuses dangereusement occupées par des habitations, un changement de comportement s’impose à Bamako à tous les niveaux pour minimiser les risques de catastrophes naturelles en cas d’inondation ou d’éboulement.
La catastrophe naturelle qui a frappé Freetown (Sierra Leone) le 14 août a fait au moins 500 morts, dont 156 enfants, et des centaines de disparus. Aujourd’hui, les populations sont traumatisées, les secouristes tentent toujours de retrouver les corps des disparus, tandis que les humanitaires viennent en aide aux milliers de sinistrés et sans logis. Un drame qui doit exhorter les Bamakois (habitants, élus, société civile, administration…) à la réflexion et à la prise de conscience. Et cela d’autant plus que notre capitale est construite dans une cuvette entourée de collines.
Une ville située sur les rives du fleuve Niger avec de nombreuses zones marécageuses inconsciemment occupées à la faveur de l'urbanisation. Face à une démographie galopante, l’urbanisation sauvage s’est accentuée sur fond de spéculation foncière, des flancs de colline sont fréquemment dynamités pour vendre des rocs de construction et surtout faire plus de place pour de nouvelles constructions. Ce qui l’expose à des risques d’inondation à la moindre précipitation. C’est ainsi qu’on doit avoir encore à l’esprit toutes les victimes des inondations de 2013 au Banconi (Commune I) ainsi que Lafiabougou et Taliko (Commune IV).
En août 2013, de spectaculaires inondations dues à des pluies torrentielles avaient fait environ une trentaine de morts avec des milliers de personnes sans abri. Les services météorologiques du Mali ont annoncé avoir relevé 85 mm d'eau à leur station de référence de Sotuba (Bamako), alors que la moyenne maximale tourne autour de 50 mm pour la saison des pluies. Les zones touchées sont généralement situées dans de vieux quartiers marécageux ou dans des lits de cours d'eau.
Si grâce à ATT une partie du lit du Diafaranakô a pu être dégagée, ceux de presque tous les cours d’eau de la capitale sont occupés de nos jours. Et ce n’est plus par des maisons de fortune en banco et anarchiques, mais des immeubles de grand standing. Et comment ne pas se rappeler cette famille décimée à Sikoroni suite au détachement d'un gros rocher presque à la même période... C’est dire que notre capitale n’est pas à l’abri du drame survenu à Freetown le 14 août 2017. Nous devons alors sans cesse nous rappeler les images apocalyptiques de certains quartiers, avec des maisons éventrées, des biens éparpillés, des véhicules emportés par les eaux.
Comment ne pas se souvenir de ces pompiers et habitants formant une chaîne solidaire et s'aidant d'une corde pour secourir d'autres habitants piégés par les eaux.
Prendre conscience de la situation, c’est par exemple mettre les vies humaines au-dessus des questions financières afin d’envisager le changement radical.
Malheureusement, comme le déplore une mère de famille, «nos vies actuellement ne valent pas grand-chose face à cette spéculation. Triste réalité et nos comportements ne sont pas près de changer car l'appât du gain est bien plus attrayant que la raison». Avec le réchauffement climatique, chacun doit réfléchir aux conséquences de ses actes, sur lui-même, sur sa communauté et sur la vie de la nation. Raison de plus pour que les autorités compétentes pensent résolument à élaborer de nouvelles stratégies d’urbanisation alliant viabilisation, hygiène et changement de comportement.