Très présente et active sous le régime Amadou Toumani Touré, la société civile semble avoir perdu de sa verve depuis l’avènement au pouvoir d’Ibrahim Boubacar Kéita.
Depuis l’avènement du Rassemblement Pour le Mali au pouvoir, la prolifération des marchés de gré à gré sont devenus la « norme » dans les ministères. L’information se répand dans l’opinion, telle un feu de brousse. Les commentaires vont bon train dans les « grins », les « maquis » buvettes et autres lieux de rassemblement. La question trouve écho favorable dans les médias. Quelques rares débats sont organisés sur les plateaux de télévision et dans les studios de radio. La presse écrite à sa manière relaye les faits relatifs à ce cancer de l’administration, en rapportant des témoignages saisissants des analystes et autres opérateurs économiques. Les réseaux sociaux en font le sujet phare de toutes les conversations, en proposant au quotidien des réflexions sur la question.
Malgré la grande effervescence et la passion que soulève le sujet, la société civile à travers ses animateurs de premier plan, a réussi à rester en marge de tous ces investissements intellectuels. Pas un mot de la part des ténors de la société civile depuis. Que ce soit Cri 2002, le conseil national de la société civile ou encore le forum national de la société civile… c’est le silence. Un silence étonnant quand on n’est pas amnésique et donc capable de se rappeler de la réactivité admirable de ces gens de la société civile sous le régime défunt. Pour des faits similaires sous ATT, ils auraient déjà tenu une conférence de presse pour revenir en détail sur la question, avec parfois des illustrations pertinentes. Ils seraient déjà montés au créneau pour dire combien le saucissonnage des marchés à appel d’offres pour obéir aux critères du marché de gré à gré, constitue un désastre pour la gestion des finances publiques. Il aurait présenté cette pratique comme étant la preuve de la distraction des fonds publics. Mais voici que sous le régime d’IBK, ces acteurs de la société civile qui excellaient dans la veille citoyenne sous l’ex régime, ont curieusement perdu leur langue. Sur une question aussi préoccupante que celle de la prolifération des marchés de gré à gré, le silence de ces leaders d’opinion étonne et en devient assourdissant.
Tout se passe comme si la veille citoyenne de la société civile n’a connu sa période de gloire que sous le régime d’Amadou Toumani Touré, et que l’avènement du nouveau départ aurait coupé autant de langues que d’ailes de la société civile, qui plonge sans un silence coupable. Loin de proclamer que le rôle de la société civile se réduit à dénoncer, il reste tout de même qu’à travers ces actions de veille citoyenne, elle peut contribuer à aider le gouvernement à déceler les maux de l’administration, à identifier les causes et à débusquer les auteurs, non sans suggérer des solutions. En gardant donc le silence, la société civile créé du tort au peule qui ne bénéficie plus de son aide, dans ce combat de longue haleine, vis-à-vis du pouvoir.