Cinq jours après la célébration de la fête de la Tabaski, les activités commerciales reprennent progressivement dans la capitale mais on est loin de l’effervescence ayant caractérisé la veille de la fête. Notre équipe de reportage en a fait le constat en sillonnant hier certains marchés
Au niveau du Grand marché de Bamako, situé au centre ville, beaucoup de boutiques étaient ouvertes hier. Mais d’autres restaient toujours fermées. «Celles qui sont fermées appartiennent à des commerçants qui sont allés passer la fête en famille au village», explique Abdoulaye Magassa, un vendeur ambulant. La fête de Tabaski étant un moment de retrouvailles entre les membres des familles, beaucoup de commerçants et même des fonctionnaires préfèrent se rendre au village pour fêter en compagnie des parents.
Un commerçant grossiste que nous avons croisé pense que quand on est fauché, on ne peut pas se permettre de rester cinq jours à la maison sachant qu’on a déjà beaucoup dépensé pour la fête. Un avis partagé par la commerçante Awa Doucouré qui était assise derrière sa table de vente d’accessoires pour enfant. Selon elle, la fête est terminée depuis le lendemain et il était normal de reprendre les activités. Notre interlocutrice a avoué que ses moyens financiers ne l’autorisaient pas à prendre des jours supplémentaires de repos à la maison.
D’autres personnes que nous avons interrogées nous ont avoué que c’est difficile de se remettre à la sortie d’une fête qui a vu la flambée du prix du mouton et de certains produits de première nécessité. C’est le cas de Daouda Traoré qui a expliqué avoir dépensé toutes ses économies pour faire face aux charges de la fête. L’intéressé dit avoir des difficultés à redémarrer ses activités commerciales.
Au niveau du marché «Dibida» où sont installés les bouchers, la reprise progressive de l’activité commerciale est également observée. Quelques clients venaient s’approvisionner en viande. «La viande du mouton est déjà finie, il faut qu’on vienne en acheter ici», dit Aissatou Koné en souriant.
Au marché «Dibida», les bouchers cohabitent avec des vendeurs des pièces détachées et des fournitures scolaires. Avec la rentrée scolaire qui se profile à l’horizon, Mohamed Sangaré est venu ouvrir son kiosque rempli de fournitures scolaires. «C’est la rentrée scolaire qui se prépare après la fête car dans un mois, les enfants retourneront à l’école», a-t-il expliqué. Non loin de là, se promenaient quelques commerçants ambulants. Le jeune Madou Diarra vend de la lingerie féminine. Il a rappelé que l’endroit était plus animé les jours précédents la Tabaski. «Cela peut se comprendre car le lendemain des fêtes, les marchés sont toujours déserts et le retour des commerçants se fera progressivement et probablement la semaine prochaine», a-t-il dit.
Au marché des légumes communément appelé «Wonida», les quelques occupants des lieux nous ont appris que chaque année, après la fête, les légumes et fruits se font rares sur le marché à cause d’un problème d’approvisionnement.
En plus de cela, les vendeuses désertent les marchés pour aller fêter en famille dans des localités éloignées et elles prennent une dizaine de jours pour se reposer. Dans ce marché, plusieurs boutiques étaient fermées et des étals vides. Les clients y venaient au compte-gouttes et retournaient insatisfaits. Quelques vendeurs que nous avons approchés sur place se plaignaient également de la morosité.
Au niveau des gargotiers, les clients étaient au rendez-vous. Nous avons visité quelques gargotes au moment du déjeuner et les bancs étaient presque tous occupés par les clients qui sont pour la plupart des commerçants. Nous avons également constaté que les ateliers de couture et les salons de coiffure étaient ouverts après des nuits blanches avant la fête.
Ce qui a surtout retenu notre attention dans ces marchés, ce sont des tas d’ordures, des sachets en plastique, des cartons vides et d’autres détritus qui sont éparpillés dans les ruelles, empêchant même les usagers de circuler normalement. En attendant que les services de ramassage d’ordures reprennent service après la fête, c’est donc le grand bazar dans nos marchés.