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Jean-Hervé Jezequel : au Mali, « un régime de sanctions n’est pas la solution miracle qui va changer la situation »
Publié le vendredi 8 septembre 2017  |  sahelien.com
MNLA
© Autre presse par DR
MNLA (Mouvement National pour la Libération de l`Azawad)
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Le 5 septembre 2017, le Conseil de sécurité des Nations-unies a adopté à l’unanimité un régime de sanctions à l’encontre de ceux qui entravent la mise en place de l’accord de paix au Mali (résolution 2374). Jean-Hervé Jezequel, directeur adjoint du projet Afrique de l’Ouest à l’International Crisis Group, se montre dubitatif quant à l’efficacité de ces mesures. Il répond aux questions de Sahelien.com.

Sahelien.com : Pourquoi le Conseil de sécurité juge-t-il utile de prendre cette décision ?

Jean-Hervé Jezequel : Cela fait deux ans que l’application de l’accord de paix signé en juin 2015 ne progresse pas de façon significative. Les quelques avancées comme la nomination des autorités intérimaires n’ont pas eu d’impact marquant sur le terrain. Au contraire, les ruptures du cessez-le-feu sont récurrentes depuis deux ans et sont souvent le fait des groupes signataires eux-mêmes. Il y a plus de groupes armés aujourd’hui qu’avant la cérémonie de signature en juin 2015. De plus, les groupes se revendiquant du jihad semblent profiter de cette situation pour étendre leurs zones d’activité. Mais aujourd’hui, personne ne semble avoir l’énergie pour faire le bilan de la mauvaise application du processus actuel et trouver les moyens de le reprendre. A défaut de « reprogrammer la machine », on cherche alors des outils qui peuvent relancer l’application de l’accord actuel malgré ses imperfections.

Sahelien.com : Mais pourquoi prendre cette décision maintenant ?

Jean-Hervé Jezequel : En réalité, la menace d’un régime de sanctions est agitée par les partenaires internationaux depuis longtemps, avant même la signature de l’accord. Cela est perçu comme un moyen de pression pour contraindre les acteurs locaux à se conformer au processus de paix et de réconciliation. A force d’agiter ce chiffon rouge, les acteurs en armes ont fini par ne plus y croire ni s’en inquiéter. Depuis plusieurs mois, des pays comme la France, jugeaient alors qu’il fallait matérialiser cette menace de sanctions par une résolution des Nations unies, d’autres n’y étaient pas favorables. Deux événements ont fait pencher la balance en faveur de cette adoption. D’abord la reprise des combats entre la Coordination des mouvements de l’Azawad et le Gatia au mois de juillet : ces combats ont été particulièrement violents et le processus politique s’en est trouvé menacé. Ensuite, et c’est sans doute lié, le gouvernement malien a envoyé une lettre officielle au Conseil de sécurité le 8 août dernier pour solliciter l’adoption d’un régime de sanctions.

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