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Situation au nord-Mali : Des femmes nordistes en parlent
Publié le samedi 2 juin 2012   |  Le Combat


Le
© AP par DR
Le MNLA sur ses positions du nord.
11 avril 2012.Tombouctou,Mali.Une incursion sur les terres du Mouvement National pour la Libération de l` Azawad


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Depuis le début de cette crise malienne, les femmes sont les premières victimes. En effet, à cause de leur statut de mères, d’épouses et de sœurs, ce sont toujours elles qui « ramassent les pots cassés », comme on dit. Comment ont-elles vécu l’événement ? Quel était leur quotidien au Nord ? C’est pour éclairer la lanterne des Maliens que nous avons donc donné la parole à certaines femmes nordistes.

Nourou Cissé, ressortissante de Tombouctou :
Ces rebelles et ces islamistes qui occupent aujourd’hui le Nord n’ont jamais aimé les populations de ces localités, surtout les sonrhaï. Ils le font juste pour leurs affaires personnelles. Ils ont toujours vécu là-bas sans endroit fixe. Auparavant, ils venaient juste pour faire deux à trois jours et continuent leur chemin. Ils n’aimaient pas travailler, même maintenant. Ils ne font qu’agresser les gens pour prendre leurs biens. On peut dire que les pauvres n’ont pas trop de problèmes. C’est quand tu es riche qu’ils t’agressent et te dépossèdent de tes biens. Ce qui est déplorable, c’est le fait que ce sont certaines personnes même qui vivent parmi les populations qui sont de mèche avec ces bandits. Ce sont elles qui les informent constamment de tous les faits et gestes des paisibles gens. Par ailleurs, les gens se rappellent encore, quand ils sont venus à Tombouctou, au début, qu’ils n’ont pas pu entrer dans la ville. Ce sont les natifs de la ville qui sont partis les accueillir. Ce qui leur a d’ailleurs permis de conquérir cette ville. Aujourd’hui, les populations du Nord vivent difficilement et dans l’angoisse, ne sachant pas ce que leur réservent les jours à venir.
-Fatim Touré, Gao :
Je suis à Bamako il y a environ deux mois maintenant. Au moment où je quittais, les populations souffraient beaucoup. Leur quotidien se résumait aux bruits des coups de fusil, du lever au coucher du jour. C’est-à-dire que ce sont les coups de fusil qui nous réveillaient, et la nuit, on n’arrivait difficilement à dormir à cause des coups de fusil. Les gens ne pouvaient plus faire ce qu’ils veulent : tout est sous contrôle. Ce qui était inquiétant, c’est que ces rebelles commençaient à sympathiser avec les populations. Le plus stressant dans tout cela, c’est la charia du groupe Ançardine qui obligeait les femmes à couvrir tout leur corps. J’ai entendu parler des viols sur les filles et les femmes, mais je n’ai ni vu ni été victime de ces viols. C’est possible parce qu’avec ces gens-là, il faut s’attendre à tout. Nous avons vraiment vécu des jours très pénibles à Gao. C’était déplorable ! Il faut être là-bas pour connaître certaines réalités. Ce que les gens disent là-bas, c’est pire que tout cela. Toutes les activités sont arrêtées, les gens n’ont plus de loisirs, c’est le stress total. Beaucoup de gens se sont réfugiés ou au Niger, et d’autres sont venus à Bamako.
-Adama Touré, femme de caste ressortissante de Tombouctou ;
Les gens souffrent beaucoup à Tombouctou. On n’arrive même plus à joindre nos parents qui sont là-bas. Chaque jour qui passe apporte son cortège de malheurs. Les populations ne savent plus quoi faire. Chaque jour, nos parents viennent du Nord alors que les choses ne vont pas aussi bien à Bamako. Nous avons quitté le Nord pour venir ici, croyant que cela va améliorer nos conditions. Mais on a été surpris de constater tout ce qui se passe à Bamako.
-Djènèbou Maïga, ménagère :
Je suis venue de Gao il y a juste quelques jours seulement. On peut dire qu’après la marche des jeunes à Gao en démontrant leur ras-le-bol, les gens vivent un peu plus à l’aise. Pour les islamistes, leur charia interdit que la femme et l’homme se promènent en ville, même si c’est ta propre femme, au risque qu’elle subisse les 40 coups de fouet. Leurs hommes ne pouvaient plus accompagner leurs femmes au marché sur une moto. Leur charia dit que c’est l’homme qui doit faire le marché et que la femme doit rester à la maison. Mais les gens ont dit non à cela et nous les femmes aussi, parce qu’une femme qui n’a pas de mari ou dont le mari ne peut plus se déplacer, est obligée de se rendre au marché. Ce sont les riches qui sont aussi exposés aux agressions. En longueur de journée, ces rebelles agressent les gens pour prendre leurs motos, leurs voitures, leur nourriture et souvent chasser les gens de leurs maisons. Les femmes ne sortent plus sans le « hijab », un foulard qui couvre tout le corps. Si tu ne veux pas avoir de problèmes, il faut leur obéir. Les gens sont en train de fuir Gao, laissant tout derrière eux, pour venir à Bamako.

-Safiatou Maïga, native de Ménaka :
Je suis de Ménaka. Ce qui se passe aujourd’hui au Nord est très préoccupant. Nos parents vivent dans des conditions très déplorables. Nous sommes très déçus de cette situation car depuis le début des attaques jusqu’à l’occupation des régions par les rebelles et les islamistes, rien n’est fait pour redonner de l’espoir aux populations. Nous sommes laissés à nous-mêmes. Les autorités ne se soucient pas de ce qui se passe au Nord alors que nos parents sont en train de vivre dans la misère. Sans parler de toutes ses agressions pour dépouiller les gens de leurs biens. Pire, j’ai même entendu dire que les islamistes sont en train de marier des femmes entre 5 000 et 10 000 FCFA. D’autres parlent même de 2 000 FCFA. Ce qui fait que chaque jour qui passe, les gens quittent le Nord pour Bamako. C’est vraiment triste. Si rien n’est fait, les populations vont se révolter au sacrifice de leur vie et ce sera très grave. Nous avons vu ce qui s’est passé à Gao avec la marche des jeunes. Le pire est à venir si les autorités ne trouvent pas une solution définitive au lieu de se préoccuper à chercher des postes.

Propos recueillis par Salimata Fofana

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