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Homosexualité: vivre homosexuel au Mali, c’est vivre caché
Publié le vendredi 8 septembre 2017  |  This is Africa
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Les Maliens ont tenté de bruler la maison de l’artiste Babani Koné, l’accusant d’avoir ouvert les portes de sa maison aux homosexuels et aux travestis. Dans ce pays à plus de 90% de musulmans, les homosexuels vivent cachés, depuis qu’un couple homo a été lynché à mort dans un quartier de Bamako du nom de Banconi.
Longtemps considérée comme une perversion étrangère, l’homosexuaité ne cesse de faire parler d’elle au Mali. Dans ce pays musulman à plus de 90% musulman, l’homosexualité est condamnée comme une déviation, par la religion, tant par les musulmans que les chrétiens, elle va à l’encontre des mœurs et coutumes.
Fatoumata Koné dit Babani Koné est une grande figure de la musique malienne. Elle est considérée aujourd’hui au Mali comme l’hébergeuse des homosexuels. Selon la population, Babani Koné a ouvert les portes de sa maison aux homosexuels et aux travestis.
L’artiste n’a pas de déclaration ouverte concernant la question, mais des images publiées sur les réseaux sociaux l’ontmontré en bonne compagnie avec des homosexuels reconnus au Mali. En conséquence, la population a tenté de brûler son domicile. Il a fallu des interventions des autorités pour arrêter cela.
Ensuite, la population a de nouveau décidé de marcher en guise de protestation vers la maison de Babani, mais une fois encore, cette marche a été annulée par les autorités au mois de mars. Ce fut un grand Remue ménage qui a réunit plus d’une centaine de personnes par l’entremise des réseaux sociaux. Des vidéos montrant des homos obligés de se déshabiller et de répondre de force aux questions gênantes, des images de certaines grandes figures de la scène malienne débordaient les réseaux sociaux surtout de mars à mai.
L’artiste est accusé de vouloir imposer un mode de vie contraire aux valeurs maliennes en cautionnant ces pratiques. Depuis, plusieurs autres vidéos qualifiant la chanteuse de « chef des homosexuels » ont suivi.
Que dit la loi sur l’homosexualité?
Nulle part dans la loi malienne, il n’est mentionné l’homosexualité. Il n’existe aucune loi pénalisant les relations homosexuelles au Mali mais aucune loi ne les protège également. Depuis la proposition d’une nouvelle constitution révisée, issue de la constitution de 1992 du Mali, certains pensent, à tort, qu’elle autorise l’homosexualité au Mali, pour faire lumière, plusieurs médias ont organisés des débats autour du thème, des articles ont été écris, pour expliquer que le Mali n’a pas constitutionalisé l’homosexualité. Comme cinquante trois pays africains, membres de l’union africaine, le Mali a ratifié la charte africaine des droits de l’homme le 21 décembre 1981, à la demande de la commission africaine des droits de l’homme et des peuples. En plus d’un préambule, cette résolution de 1981 de la charte africaine des droits de l’homme et des peuples est structurée en soixante huit (68) articles dont, entre autres, les articles 2 à 6 sont liés aux droits, à la protection et à la sécurité des personnes, ce sont :
– article 2 : droit à la non discrimination,
– article 3 : égalité devant la loi,
– article 4 : droit à la vie,
– article 5 : interdiction à la torture et de traitements cruels, inhumains et dégradants,
– article 6 : droit à la liberté et à la sécurité de la personne.
La vie d’un couple gay au Mali …
Rejetés par leurs familles respectives et par leur entourage, Moussa et sidiki, sont un couple d’homosexuel masculin, vivant dans un quartier très reculé à Bamako. Nous avons échangé avec eux, sur leurs conditions de vie dans un pays très musulman. Moussa est âgé de 35 ans et Sidiki, 20ans. Ils nous ont expliqué que vivre gay au Mali est très dur, « Nous n’avons aucune liberté, aucun droit, nous sommes obligé de vivre caché dans la peur ».
Très récemment plusieurs d’entre nous ont été attaqués, filmés tout nus, certains ont été battus à mort par des groupes de jeunes, affirme Moussa. Insultes, persécutions, mort, sont les maux avec lesquels nous sommes obligés de vivre chaque jours.
Leur peur est fondé étant donné quand avril passé un couple homosexuel a été battu à mort dans le quartier de Bamako appelé Banconi . Ils ont peur de subir le même sort.
« Certains pensent que l’homosexualité est contre-nature, puisqu’elle ne mène pas à la procréation, ils oublient qu’il y a d’autre plaisirs plus importants. Deux personnes du même sexe se procurent plus de plaisirs que l’inverse »
Selon Moussa, la procréation n’est pas leur idée première, mais faire sentir l’ultime plaisir à son partenaire. Contrairement aux idées souvent véhiculées, la sodomie n’est pas une pratique systématique chez les gays, affirme t-il. Le désir d’être sodomisé ne concerne pas seulement les homosexuels. Certains hommes hétérosexuels aiment se faire sodomiser par des femmes avec des gadgets fabriqués.
En réalité, disent-ils, la pénétration est un symbole de l’hétérosexualité, et n’est pas au centre des plaisirs charnels homosexuels masculins. « Il n’y a pas plus de plaisir au dessus de celui que se procure deux personne du même sexe, affirme Moussa ». Les gays, laissent plus de place au toucher, aux caresses, frottements, baisers, masturbation mutuelle, ce sont leurs corps entiers qui se font l’amour, et pas juste leurs sexes. Il n’y a pas de règle spécifique pour notre sexualité, il faut juste s’aimer et se protéger.
Lucrèce Aminata Kante
Malienne, diplômé en communication pour le développement durable et en journalisme elle a multiplié des stages et travaille actuellement en free-lance à Bamako.
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