Le Professeur d’université Clément Dembélé a animé le weekend dernier un point de presse dans sa résidence à Banconi. Une occasion pour lui de donner ses points de vue sur des sujets d’actualité, notamment la révision constitutionnelle et le retour du gouverneur à Kidal.
S’agissant de la révision constitutionnelle, le conférencier a laissé entendre que ce sont trois grands enseignements qui peuvent être tirés de ce processus avorté. “Cette révision constitutionnelle a montré l’évolution socio psychologique mentale des Maliens, notamment la jeunesse malienne. Elle a étalé également que notre démocratie est très fragile. Comme troisième enseignement, elle a prouvé que notre démocratie est une démocratie très populaire au sens propre du terme. C’est-à-dire que, désormais, les Maliens ne vont plus accepter d’être dirigés par quelques personnes ou une poignée d’experts” a expliqué Clément Dembélé.
A l’en croire, les jeunes, en faisant barrage à ce processus de la révision de la loi fondamentale à travers des marches pacifiques, ont prouvé que la révolution de 1991 était inachevée et qu’elle suit son cours. “Parce que, tant qu’au Mali on n’arrivera pas à lutter contre la corruption et les magouilles, cette aristocratie qui a pris le Mali en otage depuis 40 ans, le mensonge…tant qu’on n’a pas fini avec ces luttes, la révolution ne s’arrêtera pas” a-t-il soutenu.
Pour l’intéressé, il y a eu au vrai sens du terme un manque de concertation et de communication autour de ce projet. “Les autorités avant d’entamer ce processus devaient aller réellement à la rencontre du peuple, voir les paysans dans leur village à travers des rencontres villageoises, dans les grandes villes, pour avoir leur avis… Pour la petite histoire, j’ai demandé l’avis d’un habitant de Tienfala à 20 km de Bamako sur la révision constitutionnelle, il m’a fait savoir qu’il ne connait pas la Constitution” a regretté le conférencier.
En terme d’enseignement pour les gouvernants, le Pr Dembélé d’ajouter qu’il faut accepter de dialoguer avec le peuple, d’assumer ses lacunes, qu’aucun président ne peut diriger le peuple dans une tour d’Ivoire ou en lui faisant peur.
Pour ce qui est du retour du gouverneur à Kidal, le conférencier l’analyse en ces termes : “Kidal ne sera pas une région paisible tant qu’elle ne fera pas partie du Mali “ a souligné le Pr Dembélé, avant de saluer le retour du gouverneur à Kidal. Par contre, pour lui, ce retour ne suffit pas, pour la simple raison que la présence d’un simple gouverneur ne va pas résoudre les problèmes de fond de cette région. A cet effet, il a rappelé que tous les problèmes que cette région a connus se sont passés en présence des gouverneurs. “Et à chaque rébellion, le gouverneur se cherche “ a-t-il rappelé. Ce qui manque, selon lui, aujourd’hui à Kidal, c’est le renforcement de la société civile et souder la fracture entre les gouvernants et les populations de cette zone.
” Le vrai problème, c’est un problème d’écoute. On ne peut pas gérer et diriger tout à partir d’un bureau. Il faut que nos dirigeants acceptent d’aller sur le terrain pour toucher du doigt les réalités de plus près “ a analysé le conférencier.