Le ridicule ne tue pas au Mali. La police malienne vient, à nouveau, de s’illustrer par son manque de discipline. Faisant fi de ses missions régaliennes, à savoir assurer la sécurité et la paix publique, elle s’est livrée à une guerre fratricide dans la nuit de jeudi à vendredi qui n’honore point les Maliens.
Le putsch du 22 mars a réveillé les vieux démons au sein de tous les corps du Mali. Alors qu’on n’a pas fini de panser les plaies ouvertes par les affrontements entre bérets rouges et bérets verts, c’est au tour de la police de s’illustrer par une indiscipline caractérisée. Malgré les assurances du directeur général de la police, Odiouma Koné, de prendre les dispositions nécessaires pour que cessent les hostilités au sein de la police, on assiste impuissamment à cette « guerre fratricide» qui n’a que trop duré. Après deux nuits d’affrontement entre les deux syndicats de la police, le Premier ministre, Django Cissoko, a ordonné, samedi dernier, une opération de désarmement des policiers. Cette opération, qui s’est soldée par la mort d’un soldat et l’interpellation de 16 policiers, a beaucoup ému les Maliens. L’on n’arrive pas à comprendre de tels agissements à une période si cruciale de notre pays. Des heurts avaient déjà éclaté le 26 septembre 2012 à Bamako entre des policiers promus et d'autres qui ne l'avaient pas été, faisant deux blessés, dont un par balle. Les promotions contestées avaient ensuite été annulées. On se rappelle qu’en novembre 2012, la police avait été de nouveau secouée par l’enlèvement de quatre policiers, séquestrés au GMS puis relâchés le lendemain à la suite d'une médiation du Haut Conseil Islamique. Par la suite, des policiers avaient manifesté pour réclamer de meilleures conditions de travail. Quel exemple donne-t-on aux forces armées alliées engagées dans la libération du Nord ? Nos policiers passent plus de temps à se quereller entre eux qu’à assurer la sécurité de la population. On oublie que le seul combat qui vaille, à l’heure actuelle, est la reconquête des territoires occupés par des bandits armés. Et on oublie surement les martyrs des forces amis qui combattent auprès de notre armée. Déjà fatigués de rafles inopinées des policiers, qui ressemblent fort à des scènes des westerns hollywoodiens, les Bamakois ont du mal à comprendre cette guerre fratricide au sein de la police. Une enquête doit être incessamment ouverte pour situer les responsabilités dans cette nouvelle affaire rocambolesque qui n’honore ni le corps ni le peuple malien. L’urgence est ailleurs. La police malienne ne doit pas l’oublier. Et, pour être une police républicaine au service des citoyens maliens, nos policiers doivent se remémorer leurs missions fondamentales. Ces missions consistent à assurer la sécurité et la paix publique ; mettre au jour et constater les infractions pénales ; assurer le traitement des renseignements et informations permettant de déceler et de prévenir toute menace susceptible de porter atteinte à l’ordre public, aux institutions et aux intérêts fondamentaux du Mali et lutter contre la criminalité organisée et la grande délinquance.