En dépit de l’existence d’institutions chargées de sa répression, ce fléau a la peau dure chez nous. Dans un rapport publié par, Transparency international sur l’indice de perception de la corruption (Ipc) 2016. L’Ong classe le Mali au 149è rang sur 176 Etats. En 2015, notre pays occupait la 135è place. A entendre les experts commenter ces rapports, il y a lieu de s’inquiéter.
Pour José Ugaz, président de Transparency International, « dans les pays les plus corrompus, on voit souvent des démocraties en déclin et un phénomène inquiétant : les tentatives de réprimer la société civile, de limiter la liberté de la presse et d'affaiblir l'indépendance de la magistrature ». Qu’en est-il du Mali ? Libre à chacun de se faire une opinion. En tout cas, pour l’Ong, la corruption au Mali se manifeste par des activités illicites, qui sont volontairement tues en dehors des scandales, suivies souvent des enquêtes, des poursuites judiciaires et de condamnations. Mais l’on sait désormais qu’il existe un lien plus qu’étroit entre la corruption et la pauvreté. Selon Ugaz, « dans trop de pays, les gens sont privés de leurs besoins les plus élémentaires et vont au lit affamés chaque nuit à cause de la corruption, alors que les puissants et corrompus jouissent de modes de vie somptueux en toute impunité ».
Ce n’est pas nouveau. L'institution constatait que le Mali fait partie des pays d’Afrique où le plus grand nombre de personnes doivent payer des pots-de-vin pour obtenir un service au sein de l'administration. En 2014 par exemple, un citoyen sur deux a dû payer un pot-de-vin à des institutions publiques. Pour arriver à ces résultats, Transparency international s'est associée à Afrobaromètre, qui a interrogé 43 143 personnes dans 28 pays d'Afrique subsaharienne sur leurs expériences et perceptions de la corruption dans leurs pays. Ainsi, 44% des individus sondés sont convaincus et soutiennent avec aplomb que la corruption a augmenté au cours des trois dernières années, tout comme une grande majorité, soit 53% d'entre eux constatent que le gouvernement ne fait pas ce qu'il faut pour combattre le mal.
La police, la douane et les agents des impôts…
Dans les détails, la police, la douane et les agents des impôts sont les plus corrompus au Mali. Le tableau dressé à cet effet montre que 56% des interrogés affirment que la police est corrompue, 54% se plaint des agents des impôts, 48% pour la douane, 52 % indexent les hommes d'affaires, 51% les magistrats, etc. Aucun service n'est épargné. Même pas la présidence de la République. Dans tous les cas, 44% des sondés affirment que certains agents de ce service public sont impliqués dans la corruption. 13% soutiennent que tous sont corrompus.
Les membres du gouvernement ne sont pas non plus épargnés. 16% des sondés affirment qu'ils sont tous corrompus. Sans exclusive. 39% relativisent, affirmant que certains sont corrompus. Les députés, les conseillers municipaux, les chefs coutumiers, les leaders religieux, les hommes d'affaires, les juges sont corrompus dans notre pays.
La principale inquiétude chez nous, c'est l'omniprésence de cette corruption. Au Mali, et c'est une particularité, il faut verser des pots-de-vin lorsqu'on veut un service dans une école publique, dans une clinique ou un hôpital public, lorsqu'on veut se faire délivrer une pièce d'identité, un permis de conduire, une carte d'électeur. Les services dans les tribunaux sont aussi monnayés.
Pour rappel, le baromètre mondial de la corruption de Transparency international est selon ses responsables la seule enquête d'opinion réalisée à l'échelle mondiale qui porte sur les perceptions de la corruption et sur les expériences qui y sont liées.
Quel que soit le bout par lequel on la prend, la corruption semble avoir la peau dure chez nous. Or, ailleurs, elle recule. Ce n’est donc pas une fatalité.
Asi de Diapé