Les dégâts consécutifs aux manifestations contre certaines exploitations minières sont suffisamment lourds. Pourtant ce sont des faits qui n’ont pas commencé aujourd’hui et ne concernent d’ailleurs pas que le Mali. L’Afrique du Sud, le Niger, le Nigéria, le Burkina-Faso ou plus particulièrement la République Démocratique du Congo sont entre autres les pays africains dont la richesse du sous-sol s’apparente à un cauchemar, une malédiction.
Au Mali, les contestations, qui se sont multipliées ces dernières années sur les différents sites miniers ont causé des dégâts assez considérables aussi bien sur le plan humain que sur le plan matériel. Et tout porte à croire –en tout cas pour l’instant- que demain n’est pas la veille pour que ces colères s’estompent ; tant les intérêts des uns et des autres sont divergents.
Les manifestations et les dégâts se multiplient alors que les premiers responsables de ces sites, ainsi que les pouvoirs publics, qui amassent des milliards ne font visiblement rien pour trouver des solutions durables à ce problème. A écouter les contestataires, les revendications tournent habituellement autour des questions d’embauche, d’augmentation de salaires ou de protection de l’environnement. Et pour ces requêtes, somme toute, raisonnables, les exploitants miniers ne semblent pas faire assez pour satisfaire les requêtes. Et ce, parce que le maximum de profits semble le mot d’ordre. Les contestations (arrêts de travail, sit-in) qui s’en suivent alors entrainent d’énormes pertes non seulement pour l’entreprise elle-même et les travailleurs mais surtout pour le pays qui perd une part importante de son PIB. L’arrêt des travaux sur la mine de Syama en est un exemple. Somilo, Toukoto, sont parmi les sites d’exploitation minière qui ont encore un souvenir douloureux de ces manifestations. Pourtant, peu d’efforts sont jusque-là consentis pour les résoudre définitivement.
La part d’impôts prélevés par l’Etat, quoique déjà insignifiante par rapport à ce qui aurait pu être engrangé, se perd apparemment dans des poches d’individus. En tout cas, les réalisations sont très peu perceptibles sur le terrain et les populations, surtout riveraines, digèrent mal cette injustice ; toute chose qui contribue à exacerber les tensions et à faire régner la méfiance. Un oui ou un non suffit alors pour un déchainement total. C’est pourquoi il serait important aussi bien de la part des sociétés d’exploitation minière que de l’Etat, de mettre un accent particulier sur la dimension sociale de ces entreprises.
Un dialogue franc entre employés, riverains, exploitants et l’Etat ; une augmentation sensible du salaire des employés et la révision du code minier semblent plus que jamais nécessaires pour éviter que la richesse du sous-sol n’ouvre la voie à une situation chaotique. On pourra condamner les manifestants et les qualifier de tout ce qu’on veut ; mais un homme affamé et qui plus est se sent opprimé reste un homme aigri. Alors que le malheur des uns serve d’exemple aux autres ; car les mêmes causes produisent toujours les mêmes effets.
Asi de Diapé