Le concept de société civile est souvent utilisé dans le cadre de la démocratie, et, ces dernières années surtout, il est le plus lié à la bonne gouvernance. Mais quelle est la véritable relation entre ces concepts, et dans quelle mesure s’influencent-ils mutuellement ? Il est intéressent de savoir cela car la société civile est très active sous le mandat d’IBK.
Une « bonne » gouvernance est effective, lorsque certains principes sont appliqués, dans le cadre de l’exercice du pouvoir. Ces principes ont été fixés, entre autres, par la Communauté Internationale. Ce sont :
le devoir de rendre compte (le sens de la redevabilité),
la transparence,
l’efficacité et l’efficience,
la volonté et la capacité d’écoute, la réceptivité,
un état d’esprit tourné vers le futur,
l’Etat de droit, l’existence d’un système juridique indépendant,
la démocratie,
un système de décision décentralisé et participatif,
la lutte contre la corruption,
la justice,
le sens de la responsabilité.
Voici des domaines dans lesquels intervient donc la société civile. Nous avons vu que la société civile est un acteur important de la « bonne gouvernance ». Elle, en tant que force sociale, appui, et en même temps contrôle, l’Etat et le secteur économique privé, pour que ces objectifs soient effectivement réalisés.
La société civile est ainsi ce « Moteur de la Démocratie » tant prisé, mais elle est aussi sa source d’énergie et son fondement même. Car une démocratie ne se maintient pas du fait qu’elle soit une machinerie d’institutions et de rituels politiques. Les êtres humains qui y vivent, doivent vivre la démocratie et pouvoir vivre aussi. Ils doivent participer et affirmer leurs intérêts.
Cela s’effectue, en premier lieu, par un engagement dans des organisations de la société civile. Il est vrai que l’Etat est indispensable pour garantir les droits des citoyens, mais il ne peut et ne doit d’ailleurs pas tout régir. Ainsi, plus de démocratie ne signifie pas « plus d’Etat », mais plus de répartition des tâches entre l’Etat, la société et ses citoyens.
En ce qui concerne le Mali, la société civile politique est presque née avec le coup d’Etat du 22 mars 2012. C’est pendant aussi cette crise multidimensionnelle qu’il y a une floraison de groupes se réclamant de la société civile, avec tous les noms imaginables. Parmi les noms de ces groupes on peut citer l’Association TROP C’EST TROP, AN TORALA, AN SARA, AN TESON, AN SONA, Vert Jaune Ruge, Mali Fassa, Mardi Rouge, le Mali se reveille, FaliFato, FandenSako, Bikago, Bikadi, Soutien 100% à IBK, Soutien 100% Karim, Choquer pour éduquer, Fasodjugou, Fasognin etc…
A chaque dérapage de la gouvernance d’IBK, une association se crée pour s’ajouter au lot déjà présent dans la dénonciation contre la mauvaise gouvernance. Le rôle de veille de l’opposition a été d’un très grand apport pour réveiller la conscience de toutes ces personnes déçues par la gestion du pays pour lequel ils espéraient mieux.
Dans la communion, aussi bien les civilo-politiques, que les partis d’opposition, se sont mobilisés pour dénoncer plusieurs tares dans la gestion du Président IBK.Ce dernier, lors de sa campagne électorale et lors de son discours d’investiture devant la Cour Suprême avait fait beaucoup de promesses pour asseoir une bonne gouvernance. Malheureusement, les choses en début de mandat ne se sont pas passées comme prévue.
IBK a pris à contre-pied toutes ses promesses de campagne. Cela a provoqué une colère noire chez les populations qui avaient pris ses promesses comme de l’argent comptant, oubliant que la démocratie va de pair avec les scandales de corruptions et que rares sont les hommes politiques qui peuvent rester permanemment des modèles pour le citoyen lambda surtout quand ils gouttent aux délices du pouvoir.
En somme la gouvernance d’IBK a contribué à l’éveil des consciences et la société civile a joué un rôle de veille contre la mauvaise gouvernance constatée dès les premiers mois de son mandat. Les radios libres et la presse privée ne sont pas restés en marge de cet éveil des consciences même jusque dans les villages les plus reculés. Nous avions l’occasion de voir des manifestations de la société civile en Europe, aux USA et au Sénégal tout prêt.
La société civile du Mali s’est donc inspirée de ces mouvements cités plus hauts pour se frayer d’abord un chemin à travers une reconnaissance officielle avant de combattre avec la plus grande énergie la mauvaise gouvernance. La société civile malienne a été le fer de lance de la contestation contre une constitution taillée sur mesure par le Président IBK.Bravo la société civile. Rendons à elle la gloire qu’elle a méritée!
Badou S KOBA