Mohamed Ag Erlaf a fait savoir que sa décision est bien en phase avec les dispositions légales en République du Mali, notamment la loi de 2012 portant création d’établissements d’enseignement secondaire privés
«Le Collège horizon n’a plus d’existence légale en République du Mali en tant qu’opérateur dans le système éducatif national». Cette déclaration a été faite hier par le ministre de l’Education nationale à l’Assemblée nationale. Mohamed Ag Erlaf répondait à l’interpellation de l’honorable Zoumana N’Tji Doumbia, député élu à Bougouni.
Le moins que l’on puisse dire, c’est que cet exercice démocratique n’a pas été du pain béni pour le ministre Mohamed Ag Erlaf qui a été bombardé de questions par le député interpellateur, appuyé par des collègues qui applaudissaient à chaque question posée, obligeant le président de l’Assemblée nationale à inviter les uns et les autres à la courtoisie.
L’honorable Zoumana N’Tji Doumbia qui partage les inquiétudes des parents d’élèves pense que la décision de transférer les Ecoles Collège Horizon à une fondation turque va à l’encontre des intérêts des élèves inscrits dans ces établissements qui jouissent pourtant d’une grande réputation au Mali.
Le ministre Mohamed Ag Erlaf est, lui, persuadé du contraire. Il estime même que les conditions d’enseignement seront améliorées avec l’assurance donnée par le gouvernement turc. En effet, celui-ci s’engage à créer, gérer et administrer des établissements privés d’enseignement allant du préscolaire à l’université.
Lors de ce débat parlementaire, on retient que les établissements scolaires «Collège Horizon» existent au Mali depuis plus d’une quinzaine d’années. Ils sont régis par le droit positif malien et sont dotés de la personnalité morale et juridique. Cependant, depuis presque un mois, des actions sont en cours pour fermer ces écoles et les faire passer sous la propriété d’une autre structure dirigée par la Fondation turque Maarif, à partir de la rentrée d’octobre prochain. Cette décision est matérialisée par un protocole signé le 12 août 2017 entre les gouvernements turc et malien à cette fin.
En application de ce protocole, par arrêté N° 2017-2756/MEN-SG en date du 21 août 2017, le ministre de l’Education nationale a abrogé les autorisations de création des Ecoles Collège Horizon en République du Mali.
Le député Zoumana N’Tji Doumbia voulait savoir les raisons fondamentales de cette décision ? En réponse, le ministre de l’Education nationale dira que le processus de fermeture a commencé depuis 2016.
Le protocole signé à cet effet est un accord politique entre deux Etats souverains entretenant des relations d’amitié et de coopération culturelle et économique. «Les décisions d’abroger les autorisations de création de ces écoles découlent logiquement de la mise en œuvre de ce protocole d’accord», a précisé Mohamed Ag Erlaf.
Il a fait savoir que cette décision est bien en phase avec les dispositions légales en République du Mali, notamment la loi de 2012 portant création d’établissements d’enseignement secondaire privés.
Cette décision met-elle en péril la formation des enfants ? Le ministre de l’Education nationale a assuré que la formation des élèves ne sera aucunement compromise. Les parents d’élèves, qui s’opposent à cette décision, soutiennent le contraire.
Par ailleurs, le député interpellateur pense que le fait de reconnaître la Fondation Maarif comme la seule habilitée à ouvrir des écoles turques, au nom de la Turquie en République du Mali, constitue une entrave au développement économique de notre pays. En réaction, le ministre Mohamed Ag Erlaf pense qu’il n’en est rien dès lors que la Turquie s’engage à créer, gérer et administrer des établissements privés d’enseignement allant du préscolaire à l’université. «D’autres opportunités d’affaires restent ouvertes», a-t-il ajouté.
Concernant la question du statut juridique des Ecoles Collège Horizon en République du Mali, le ministre indiquera qu’elles sont considérées comme des écoles privées régies par la loi du 14 février 2012 relative aux établissements privés en République du Mali. En outre, Mohamed Ag Erlaf assurera que son département va contrôler la qualification des membres de l’équipe de la Fondation Maarif qui aura en charge de la gestion de ces écoles. Les parents d’élèves ont-ils été associés à cette mutation? Oui, répondra le ministre Ag Erlaf avant de rappeler que son prédécesseur Barthélémy Togo a rencontré le collectif des parents d’élèves le 23 mars 2017 pour l’informer de cette décision. A l’époque, il a été souhaité de ne pas perturber l’année en cours, c’est pourquoi la décision a été reportée pour l’année suivante. «Pendant les vacances, les parents ont été saisis à nouveau sur la question», a précisé le ministre.
Les intérêts des élèves, des enseignants et des propriétaires des bâtiments en bail seront-ils sauvegardés ? Loin d’être une affaire d’individu, le ministre trouve qu’on ne doit pas mettre en doute l’engagement du gouvernement turc envers le Mali, comme en témoignent la rénovation du siège de l’Assemblée nationale et la remise de nombreuses bourses d’études en faveur des étudiants maliens.
Les députés ont également adopté la loi portant Code des collectivités territoriales. Nous y reviendrons dans notre prochaine parution.