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Que sont-ils devenus ? Salimata Dembélé dite Sali : La gazelle blanche vous salue bien !
Publié le samedi 16 septembre 2017  |  Aujourd`hui
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C’est toujours une fierté pour un journal et du plaisir pour l’auteur quand le travail est bien apprécié par les lecteurs. Au lendemain de la publication du dossier que nous avons réalisé sur le journal “Podium “, le doyen Gaoussou Drabo nous a joints au téléphone. Il a tenu à saluer la qualité du travail que nous avons abattu en traitant l’article sur le pionnier de la presse sportive malienne. L’ancien directeur général de l’Amap (donc ancien directeur de publication de L’Essor) s’est dit ému, honoré et fier de savoir que l’actuelle génération reconnait les actions que lui et ses collègues ont menées pour la vie de l’hebdo sportif Podium. Gaoussou Drabo est une référence en matière de journalisme au Mali ; donc le fait que l’ancien ministre de la Communication nous appelle est un honneur inoubliable.

Aussi, un de nos fidèles lecteurs a cherché par tous les moyens nos contacts, pour nous témoigner toute sa sympathie, son admiration pour la rubrique “Que sont -ils devenus ? “. Depuis, il ne cesse de nous appeler pour donner son avis, des conseils sur la rubrique. Lui aussi, nous lui sommes reconnaissants. C’est d’ailleurs lui qui nous a suggéré notre héroïne du jour, Salimata Dembélé dite Sali, ancienne basketteuse du Stade malien de Bamako et de l’équipe nationale. Les nostalgiques doivent déjà avoir la chair de poule rien qu’à l’énoncé de ce nom qui renvoie à une basketteuse svelte, mais combien redoutable et adroite devant et sous le cerceau. Découvrons ensemble Sali Dembélé !



Nous n’avons pas connu Salimata Dembélé, parce que non seulement sa carrière a coïncidé avec notre jeunesse, mais aussi le basketball n’était pas notre tasse de thé. C’est pourquoi, elle et votre serviteur sont quasi voisins, mais nous ne la connaissions pas.

Nous pensions que le fait de n’avoir aucun repère sur Sali allait compliquer notre introduction chez elle. Il n’en fut rien quand elle nous reçut au domicile marital, à Hamdallaye A.C.I Bocoum. Gaieté et gentillesse caractérisent cette dame dont le physique fait deviner une meneuse vivace, avec une force de pénétration extraordinaire.


Salimata Dembélé (N*4) lors du tournoi de l’OERS à Conakry
Basketteuse à 8 ans !

Face à une ancienne gloire du basketball, et au lendemain d’une défaite des Aigles dames à l’Afro Basket de Bamako, la première question était toute trouvée.

Quelle appréciation fait-elle de la prestation des Aigles dames dans cette compétition que le Mali venait d’abriter ?

Dans sa réponse, Sali est formelle : malgré l’aspect vieillissant de l’équipe nationale du Mali, elle avait des atouts pour remporter la coupe. Seulement, elle déplore le mauvais coaching et se demande si réellement l’entraîneur français connait bien ses joueuses. Sinon, le bon réflexe de profiter pleinement de Touty Gandega et Fatoumata Bagayoko ne lui aurait pas échappé. Elle se souvient que lors d’une rencontre des Aigles dames, elle et ses anciennes coéquipières de l’équipe nationale, depuis les gradins, se sont levées pour crier fort et demander l’intégration de Fatoumata Bagayoko. Sali estime qu’il faut tirer tous les enseignements nécessaires après cet échec. Elle se dit convaincue qu’un dosage des championnes d’Afrique des catégories d’âge et certaines cadres du groupe actuel s’impose pour un lendemain meilleur.

Quelle différence alors entre leur génération et celle d’aujourd’hui ? L’amour de la discipline, le désintérêt face à l’argent, la volonté de réussir constituent, selon notre héroïne, des facteurs déterminants en sport ; et c’était leur crédo. Aujourd’hui, dit-elle, “les temps ont changé”. A leur époque, la prime n’était pas prioritaire ; les parents ne pouvaient même pas savoir qu’elles ont reçu de l’argent autre que la prime en équipe nationale. Cet état de fait ne l’a pas empêchée de bénéficier des retombées du basketball : les relations, le respect, la découverte du monde à travers les voyages, sa culture par rapport aux valeurs cardinales de notre société. Le milieu du basketball ne connaissait pas de transfert ; donc les joueurs évoluaient ensemble et formaient un bloc soudé en équipe nationale.

Cependant, un constat : Sali maîtrise parfaitement le basketball dans toutes ses entrailles. Cela s’explique par le fait qu’elle l’a pratiqué dès le bas âge dans les années 1967. A l’époque, elle se trouvait entre deux tontons qui avaient des préférences différentes, le théâtre et le basketball. Finalement, c’est Amadou Daouda Sall, un pionnier de la balle au panier qui gagnera le pari. Parce que c’est lui qui guidera ses premiers pas dans la discipline, surtout que les maillots du Stade malien étaient lavés dans sa famille. C’était un moment où Sali avait d’autres désirs : savourer la jeunesse avec ses amies dans les rues du quartier populaire de Medina Coura.

Retraitée à 23 ans !

En 1970, à la suite d’un tournoi inter scolaire, son oncle a compris qu’il ne s’est pas trompé dans son choix. Salimata Dembélé avait des qualités prometteuses et elle-même promise à un bel avenir. C’est ainsi que l’infatigable Amadou Daouda Sall venait chercher chaque fois Sali Dembélé pour compléter l’effectif du Stade malien de Bamako. Ce qui a fait qu’elle n’a pas évolué dans les catégories d’âge. Directement, elle rejoint les Fatou Sall, Ténin Awa Thiéro, Ami Dembélé, Massitan Sy, Bah Kaba et autres. Malgré l’écart d’âge assez élevé entre elles, Sali Dembélé a forcé son intégration par ses qualités techniques exceptionnelles. Mais l’appellation “petite sœur” de ses ainées (sa grande sœur faisait partie du groupe) commandait tout ce qu’elle posait comme acte, pour ne pas commettre de fautes. Cette ambiance de famille, où le contact avec les acteurs de toutes les disciplines était permanent, constitue les bons moments de sa carrière. Avec le don d’une discipline qu’elle a apprise depuis le bas âge, Salimata Dembélé dite Sali s’impose au Stade comme un élément incontournable, avec la montée de sa génération,

Niagalé Diallo, Aïssata Guinto, Adama Soumaré dite la jumelle, Sadio Sacko et autres, quand les ainées ont pris leur retraite. Avec son club, elle a remporté plusieurs coupes parrainées dans le temps par les sociétés et entreprises d’Etat. La Coupe du Mali et le championnat ne se jouaient pas, donc la saison sportive était occupée par ces compétitions locales.

C’est seulement au début des années 1980 que la Coupe du Mali a refait surface. Elle remporta l’édition de 1982 contre l’AS Réal de Bamako. Ayant deviné que nous demanderons des détails par rapport à sa sélection en équipe nationale par son oncle Amadou Daouda Sall, à l’époque coach des Aigles dames, Sali rassure : “J’ai été sélectionnée en équipe nationale pour la première fois en 1975, quand j’avais 13 ans. C’était à l’occasion d’un tournoi à Dakar. C’est vrai que mon oncle était l’entraineur, mais pour tous ceux qui l’ont connu, il était rigoureux dans son travail. Ses principes ne lui permettaient pas d’être complaisant pour sélectionner sa nièce qui ne le méritait pas. Surtout qu’il s’agissait d’une affaire nationale où un mauvais comportement pouvait se retourner contre lui”.

De cette date à sa retraite, Sali a été de toutes les campagnes de l’équipe nationale, soit cinq phases finales de Coupe d’Afrique de basketball féminin (1976-1978-1980-1982-1984), dans lesquelles le Mali était un abonné à la quatrième place. La raison ? Selon Sali, après leur élimination en demi-finales, les joueuses perdaient tout courage et toute motivation pour prétendre à une troisième place, cependant plus importante que la quatrième.

En 1985, Sali n’avait que 23 ans. Pourtant c’est le moment choisi pour mettre fin à sa carrière. Notre héroïne a compris notre étonnement, elle ne nous a pas donné le temps de saisir au rebond ses propos pour lui demander les raisons d’une telle décision à un tel âge.

Les raisons de sa retraite prématurée : “Comme l’a dit un célèbre écrivain malien, le plus grand bonheur d’une femme demeure le foyer et les enfants. J’ai gouté à cette réalité effectivement en 1985, autrement dit j’ai été mariée. Avec ce nouveau statut, la donne a changé et il fallait arrêter le basketball. Auparavant, j’ai fait deux ans de compétition après les fiançailles. Mais quand le mariage a été célébré et que je devais quitter ma famille pour une nouvelle aventure, la fin de la carrière s’imposait. Sinon à 23 ans, c’est le moment de la fraicheur pour mieux jaillir, bondir et marquer des paniers qui méritent de figurer dans les annales”. La carrière de Salimata Dembélé a donc connu un gout d’inachevé ; elle aurait pu être plus riche. Ce qui, à l’époque, avait choqué ses nombreux supporters et fans du Stade malien de Bamako et les dirigeants de l’équipe nationale. Mais comme c’est une décision responsable et personnelle, Sali n’évoque pas de regret, outre mesure.

La grand-mère et l’étalagiste

Sinon aujourd’hui, elle ne cesse de penser à cette anecdote liée à sa grand-mère, à l’époque logée à Niamakoro (un village tout fait). En effet, Sali se rendait les dimanches dans la famille paternelle de sa mère, après les matches. Sa grand-mère qui ne comprenait pas le Français lui demandait si toutefois elle était seule à jouer sur le terrain. Parce que le commentateur ne semblait parler que d’elle à la radio. Sali ne cessait de lui expliquer, mais elle est demeurée dans sa logique que sa petite fille était la seule joueuse de basket-ball au Mali. En plus de la vieille, il y avait ce grand supporter du Stade malien de Bamako qui vendait des cigarettes, bonbons et produits divers devant le Pavillon des sports. Son étal, selon Sali, était pitoyable. Mais à la fin de chaque match, il s’approchait de Sali pour lui donner clandestinement un paquet de chewingum, soit l’équivalent de sa recette journalière.

Sa riche et éphémère carrière est aussi liée à ce match inoubliable lors du championnat d’Afrique en 1981 à Dakar. Ce jour-là, se rappelle Sali, le Mali affrontait le Zaïre en demi-finale. Cette rencontre a été explosive par les deux prolongations et le score final de 82-81, donc un demi panier d’écart pour l’actuelle RDC. Mais au-delà du score, c’est le comportement de l’arbitre mauritanien qui l’a exacerbée. Effet, soutient Sali, l’arbitre l’a sortie de façon injuste pour cinq fautes personnelles. Le journaliste sénégalais Laye Diaw a mis un accent particulier sur cette attitude partiale de l’arbitre et ses larmes au moment où elle quittait le terrain.

Aujourd’hui à la retraite, elle regrette au nom de toutes ses camarades leur éloignement des équipes nationales. La présence des joueuses de leur génération auprès des différentes sélections et surtout lors de la dernière compétition que le Mali a abritée, leur a permis de comprendre que leur indifférence par rapport à la gestion des équipes nationales dames est un des éléments explicatifs de l’échec de nos dames en demi-finale de l’Afro basket Women 2017. Autrement, dit en leur qualité d’anciennes joueuses de basket-ball, elles comptent désormais apporter leur touche à la gestion des équipes nationales filles. Pour faire des propositions dans le bon sens.

O. Roger Sissoko
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