Arrêté, jugé et condamné avant d’être gracié au terme d’une dizaine d’années, le général d’armée Moussa Traoré, a payé à la société malienne ce qui lui était reproché.
Depuis juin 2002, il ne doit plus rien à personne. Entier et très fier de son éducation et de sa culture, il n’est pas du tout rare de le rencontrer dans les mosquées de la capitale, les rencontres de mariages religieux.
Ironie du sort
Si l’ancien général est resté à son palais jusqu’à l’arrivée du commando dirigé par le patron de sa garde présidentielle, le Lt Colonel ATT pour le mettre aux arrêts, tel ne sera pas le sort réservé à son tombeur, 21 ans après. Celui qui tue par l’épée, périra par l’épée dit –on.
Désavoué et humilié par des jeunes et des femmes tout au long des mois de janvier et février 2012, puis par une armée qui ne se reconnaissait plus en lui, l’abandonnant aux mains de soldats et sous officiers, lesquels n’ont pas hésité à lui envoyer des salves de BRDM. Mort ou vif. Malin et intelligent à la perfidie, ATT assiégé dans le palais, à l’insu de ses assiégeants, prendra la clé des champs à travers les flancs de la colline, en compagnie de son épouse et de certains membres de sa famille, pour se mettre à l’abri à l’ACI 2000. Le salut dans la fuite et l’humiliation. Ce qui n’a pas été le cas de son célèbre devancier. ATT n’a pas fait comme Moussa, il ne dormira pas dans le bureau de Amadou Haya, sort qu’il réserva à Moussa Traoré. Il n’a été interné nulle part, préférant la fuite vers le Sénégal.
Maintenant que sa troupe, rassurée et requinquée par la présence de forces étrangères ici à Bamako, a sorti la tête avec la rencontre du week-end dernier, les maliens attendent qu’il demande à rentrer pour répondre à la justice de son pays, ce pays qu’il dit aimer plus que tout, mais qu’il a abandonné pour sauver sa vie. Mon général, un officier ne fuit pas, il se bat, il se défend, au prix de sa vie. Est-ce qu’il l’a fait?
Sory de Motti