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Trois mois après, les Français pour longtemps au Mali, malgré un début de retrait
Publié le mardi 9 avril 2013  |  AFP


© AFP par ARNAUD ROINE
Le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian au Mali pour encourager ses troupes
MALI, Tessalit : France`s Minister of Defence Jean-Yves Le Drian speaks to French troops in the northern Malian region of Ifoghas on March 7, 2013. The ministry said Le Drian started his visit in the Amettetai valley in the Ifoghas mountains, where French and Chadian troops have been hunting down rebels driven from northern Mali`s main cities by a lightning intervention launched in mid-January.


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PARIS - Trois mois après le début de son intervention militaire, le 11 janvier, la France a retiré cette semaine ses premières troupes du Mali, mais contrairement à ce que Paris espérait, son armée semble engagée pour longtemps dans le pays.

Et l'avenir politique du Mali, l'une des clés de la stabilité de la région, est toujours aussi confus.

Conformément à la promesse du président François Hollande, qui avait annoncé un début de retrait avant la fin avril, une première centaine de parachutistes français a quitté le nord du pays et transitait mardi par Chypre avant de regagner la France. Un signe concret des succès remportés par les soldats français sur le terrain et une réponse à ceux qui redoutaient un "enlisement".

"Il est logique que, progressivement, on se retire mais on le fait lentement, de manière pragmatique et claire", a souligné mardi le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian. "A la fin de l'été", a-t-il dit, les soldats français seront moins de "2.000 et puis progressivement on finira par un ensemble qui tournera autour de 1.000 pour une durée un peu plus importante".

Depuis le 11 janvier, les troupes françaises ont infligé de lourdes pertes aux groupes islamistes et démantelé leurs réseaux dans le nord du pays. Premier visé, Al Qaida au Maghreb islamique (Aqmi), considéré comme la principale menace pour la France et l'Europe au Sahel, a été défait dans son sanctuaire du nord-est.

"Plus de 600 terroristes, sur les 1.500 à 2.000 combattants radicaux
identifiés, ont probablement été éliminés, des stocks d'armes, de munitions et
d'essence ont été détruits en grand nombre. Des chefs, comme Abou Zeïd, ont
été éliminés", rappelle Eric Denécé, directeur du Centre français de recherche
sur le renseignement (CF2R). En substance, affirme-il, "on a renvoyé les
terroristes cinq ou dix ans en arrière. Ça ne veut pas dire que la menace a
totalement disparu, mais on l'a fait reculer de manière significative".

Si les opérations de ratissage se poursuivent dans le massif des Ifoghas et
le long de la frontière algérienne, l'armée française concentre désormais ses
efforts plus au sud, autour de Tombouctou et Gao. Elle y conduit depuis le
week-end une vaste opération, avec un millier d'hommes, pour traquer les
combattants du Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest
(Mujao), désormais le plus actif sur le terrain.

Dans cette zone où il bénéficie de soutiens au sein de la population, le
Mujao harcèle les habitants et les forces maliennes. Mais selon les
spécialistes, la capacité de nuisance des islamistes reste limitée. "En trois
mois, le niveau de réaction des terroristes a été très faible, si ce n'est
quasiment nul", relève Eric Denécé.

D'autres unités françaises devraient quitter le Mali dans les semaines qui
viennent. Un début de retrait très politique, pour montrer que la France
entend passer au plus vite le relais aux forces africaines pour assurer la
sécurité du Mali.

Les effectifs français devraient toutefois rester substantiels jusqu'en
juillet, date à laquelle Paris exige la tenue d'élections présidentielle et
législatives au Mali.

"Il paraît assez urgent de mettre en place quelque chose qui ressemble à un
pouvoir légitime", souligne François Heisbourg, président de l'Institut
international des études stratégiques (IISS). L'enjeu, dit-il, est "de créer
les conditions qui permettent à un processus d'intégration nationale de
s'opérer".

Après avoir martelé que ses soldats n'avaient pas vocation "à rester
durablement au Mali", Paris a proposé à l'ONU et au gouvernement malien de
maintenir une "force d'appui" d'un millier d'hommes dans le pays. Une force
"permanente", selon Laurent Fabius, le ministre des Affaires étrangères, "pour
lutter contre le terrorisme".

Cette force serait "parallèle" à celle que les Nations unies souhaitent
mettre en place pour prendre le relais des troupes françaises et de la Misma,
la force des pays de l'Afrique de l'Ouest, pour stabiliser le Mali.

Un millier d'hommes équipés d'hélicoptères, capables d'intervenir
rapidement en soutien des Casques bleus en cas d'attaques des islamistes. Le
dispositif envisagé rappelle, selon François Heisbourg, le précédent de la
force française Licorne déployée depuis 2002 en Côte d'Ivoire en soutien des
Casques bleus. Onze ans après, elle compte encore 450 hommes.

dch/sd

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