C’est à juste titre que le talentueux dramaturge Alioune Ifra Ndiaye ironisait : « Il y a trente ans le pouvoir se prenait par les armes, il y a dix ans par l’argent et aujourd’hui par la religion ». Lors des élections présidentielles de 2013, le mouvement SABATI 2012 qui n’est pas très éloigné du HCI (Haut Conseil Islamique) n’avait-il pas lancé un mot d’ordre de vote dans des mosquées appelant les musulmans à voter pour le candidat Ibrahim Boubacar Keita ?
En effet, les dirigeants sont à l’heure actuelle sélectionnés non pas sur leurs capacités à gouverner, mais sur leurs capacités à se faire élire. Les électeurs maliens jugent donc un futur président sur son « charisme », son « apparence », son « éloquence », mais ne pourront le juger sur ses « compétences », car avant d’être élus les citoyens ne savent pas si ce futur président est compétent ou non. En gros, nous jugeons les candidats à une élection présidentielle sur du superficiel et non du concret.
Comment peut-on faire confiance à des hommes politiques qui nous laissent sans défense contre un ennemi qu'ils ont eux-mêmes créés ?
Pour les élections 2018, il faut tout simplement une nouvelle race de dirigeants, consciente des enjeux géostratégiques et capable à nous préparer à y faire face. Et non des dirigeants sous-traitant la sécurité de leur peuple à des mercenaires.
Après plus de 25 ans d'alternance, de promesses non tenues, de mensonges, de contre-vérités, de manipulations, de propagande, de désinformation, d'enfumage, de lâcheté, de traîtrise, de slogans publicitaires, de complaisance, d'abandon de souveraineté populaire, de dettes.... Il nous faut une nouvelle race de dirigeants.
Parler d'alternance en 2018 au Mali n'aura de sens que si les acteurs politiques et les activistes des mouvements citoyens arrivent à proposer une alternative crédible qui fera du peuple un acteur et non un spectateur. La démocratie, ce n'est pas le geste éphémère de l'électeur glissant un bulletin de vote dans une urne et démissionnant ensuite jusqu'au prochain scrutin.
La carte NINA n'est juste qu'un élément invisible de cette « démocratie de façade ». Ceux qui manipulent le peuple à travers cet élément invisible constituent un groupe d'individus invisibles représentant la véritable force dirigeante de notre pays… Nous sommes gouvernés, nos esprits sont façonnés, nos goûts créés, nos idées suggérées, en grande partie par des gens dont nous n’avons jamais vu ni entendu parler…
Alors peuple malien, l’année 2018 doit être celle du changement, avec vos cartes d’électeurs(Nina) vous avez la possibilité de changer cette race de pourriture de dirigeants et avec leur système machiavélique instauré depuis l’ère démocratique.
Aliou Touré