Rien ne va plus entre les ouvriers et la direction générale de l’usine de sucrerie N-Sukala, à cheval entre les communes de M’béwani et Dougabougou dans le cercle de Ségou et Siribala dans le cercle de Niono. La direction générale semble n’être pas sensible aux doléances des ouvriers, malgré les interventions de l’inspection du travail et du gouvernorat de Ségou.
Parmi les revendications des ouvriers, figurent la dénonciation des licenciements abusifs, les mauvaises conditions de travail, l’augmentation des salaires ainsi que la prise en charge sanitaire. À ces doléances des travailleurs, il faut ajouter les cas de décès dus à des accidents de travail, non pris en compte par la direction générale de l’usine.
C’est ainsi que les ouvriers de l’usine de sucrerie N-Sukala ont tenu le jeudi 14 septembre un meeting d’information à Siribala. Ils étaient plus d’une centaine à prendre part à cette rencontre. Conduite par le secrétariat général du syndicat des travailleurs, la rencontre a enregistré la présence du secrétaire général adjoint de la division de la centrale syndicale des travailleurs du Mali, CSTM. La rencontre a permis au bureau syndical de s’entretenir avec les militants sur les différentes démarches effectuées à l’inspection du travail et au gouvernorat de Ségou. À la fin du meeting de 3 heures environ, il a été décidé de procéder à un arrêt de travail de 3 jours, à compter du lundi 25 septembre prochain.
Pour mieux comprendre ce bras de fer qui oppose la direction générale de N-Sukala à ses ouvriers, il faut revenir au refus catégorique de la direction générale de l’usine de permettre la mise en place d’un syndicat par les travailleurs. Tous ceux qui ont appartenu au syndicat, ont tous été licenciés. Aussi, d’autres travailleurs, qui les soutenaient, ont aussi été mis à la porte.
À l’usine N-Sukala, la direction générale ne veut pas entendre parler de syndicat, quelles que soient les raisons. Aussi, faut-il revenir à cette histoire d’assassinat d’un jeune ouvrier par un gendarme de l’escadron de Markala, engagé par la direction générale de N-Sukala. C’était le mardi 4 juillet dans les champs de canne à sucre.
Cet assassinat était le 4ème cas de décès que l’usine N-Sukala venait de connaître, depuis son ouverture en 2011. Une femme enceinte avait été écrasée par un camion de l’usine. Malheureusement, jusque-là, aucune assistance solidaire de l’usine n’a suivi ces cas de décès.
Pour revenir aux démarches administratives menées par les syndicalistes licenciés, il faut noter la rencontre du 29 juillet, à l’inspection du travail de Ségou. Avec à leur tête, Lamine Bolly, secrétaire général du syndicat des travailleurs de N-Sukala, il s’agissait, ce jour-là, pour la vingtaine de délégués des travailleurs licenciés, de solliciter de l’inspection du travail la diligence dans le traitement de leurs dossiers, qui n’ont connu aucune suite favorable, et leur transmission au tribunal de Ségou.
Il s’agissait aussi, à travers cette descente sur Ségou, d’interpeller les autorités administratives et politiques sur leur situation à l’usine de sucrerie N-Sukala. Finalement, les ouvriers impuissants de N- Sukala se demandent si l’administration malienne n’est pas complice de leur direction générale dans le traitement qu’ils subissent à l’usine. En tout cas, c’est l’impression que donne le directeur général adjoint, Modibo Kane Traoré.
Selon les ouvriers, ce dernier leur a toujours notifié être au-dessus de la loi au Mali. Une chose est sûre, depuis l’ouverture de N-Sukala jusqu’à aujourd’hui, cette usine rencontre beaucoup de problèmes et c’est ce même Modibo Kane Traoré qui dirige les affaires. Une chose est aussi claire, les maires des communes de Dougabougou et de Siribala semblent être de son côté.