Le vote à l’Assemblée nationale de la loi sur le régime de la propriété intellectuelle et des droits d’auteur et droits voisins le 11 mai 2017 a été une fête au Mali. Pour preuve, des artistes, comédiens et musiciens maliens ont manifesté leur joie à travers tout le pays. Le jeu en valait la chandelle après des années de lutte sans suite favorable.
Le rêve des artistes a été réalisé grâce à Mme le ministre de la Culture N’Diaye Ramatoulaye Diallo qui a conduit le projet à bon port. Mais, cinq mois après le vote de la loi, les artistes maliens ne sentent toujours pas ses effets dans la pratique. L’effet d’annonce s’éternise pour eux.
La fin de la souffrance des artistes et comédiens maliens n’est pas pour demain. Pourtant, ils ne sont pas les derniers à faire la fierté du Mali à travers le monde. Pour preuve, on ne peut rien faire dans ce pays sans eux. Et le Mali bat le record en Afrique en terme de trophée aux prix de Grammy Awards considéré comme étant la coupe du monde de la musique.
Après des années de lutte, les artistes maliens avaient trouvé une lueur d’espoir dans le vote de la loi sur le régime de la propriété intellectuelle et des droits d’auteur et droits voisins des droits d’auteur par les élus nationaux le 11 mai 2017. Mais cinq mois après, les artistes ne voient toujours rien se profiler à l’horizon et attendent toujours que leur rêve se concrétise. Entre temps, ce sont les pirates qui continuent de profiter des fruits de leur labeur. Conséquence, selon Toumani Diabaté, certains artistes sont aujourd’hui obligés d’aller se faire inscrire dans le Bureau des droits d’auteur français avec toutes ses conséquences pour espérer tirer le minimum de profit de leur travail.
Pour le King de la Kora, le Mali n’est plus une bonne destination pour les artistes. « Beaucoup d’artistes abandonnent ce métier aujourd’hui. Car la somme annuelle de 100 millions d’aide de l’Etat aux musiciens est insignifiante. On ne peut pas espérer dessus pour vivre dignement. Car certains artistes débutants se retrouvent souvent avec la somme de 10 000 F CFA. Et moi personnellement avec 10 CD à l’actif, je me retrouve avec moins de 150 000 F CFA après le partage. Pourtant, nous continuons à payer les 35% d’impôts au Bureau malien des droits d’auteur (BUMDA)».
Ainsi, pour pouvoir tirer le minimum de profit de leur travail, certains artistes, comme Toumani Diabaté, font aujourd’hui recours à la Société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique de la France (SACEM) qui se bat pour eux. Toutefois, cela aussi n’est pas sans conséquence sur leur gagne-pain. Car, à en croire Toumani Diabaté, au nom d’un partenariat qui existe entre le Bureau malien des droits d’auteur et son homologue français, les fonds amassés pour le compte des artistes passent d’abord par le BUMDA pour que les artistes soient payés. « Ce qui fait que les artistes sont aujourd’hui doublement taxés par la France et le Mali. Après la France, les droits d’auteur des artistes sont taxés par le Mali. Pourtant, nos clips et nos chansons continuent d’être utilisés dans les spots publicitaires en longueur de journée, le plus même sans autorisation. Nous ne demandons que l’application correcte du projet de loi sur le régime de la propriété intellectuelle et des droits d’auteur et droits voisins des droits d’auteur. Ce n’est pas trop demander à l’Etat, car on l’a vu donner des maisons et plusieurs cadeaux aux championnes maliennes de basketball. Nous nous en réjouissons. Sauf qu’un champion est égal à un champion. Car, les musiciens maliens sont premiers aujourd’hui en Afrique avec mes 3 trophées du prix Grammy Awards, les 3 de Aly Farka Touré, les 2 de Mamadou Diabaté, plus ceux de Bassékou Kouyaté et Amadou et Mariam pour ne citer que ceux-ci », regrette Diabaté.
Malgré cette situation décourageante, les artistes maliens ne sentent pas les facilités des services publics. « Trois passages d’annonce de concert à l’ORTM nous coûtent aujourd’hui 400 000 FCFA. Et pour qu’un clip passe sur la même télévision, il faut débourser entre 50 000 F CFA et 75 000 F CFA », se plaint Toumani Diabaté.
A qui profite, l’injustice commise aux artistes et musiciens maliens ?
Youssouf Z Kéïta