Le maire de Sikasso rappelé à l’ordre Pour des raisons encore non dévoilées par ses responsables, le Parti africain pour la Solidarité et la Justice (Adema Pasj) maintient toujours le mystère sur la question d’une candidature à l’interne. Le temps presse, mais le Comité Exécutif du parti brille par son manque de courage politique à se déterminer dans un contexte où les prétendants à l’aventure sont nombreux au sein de la ruche. Face à cette lenteur, certains semblent manquer de patience.
Dans ce lot, figure le Maire de Sikasso, Kalfa Sanogo qui engage la bataille depuis Sikasso en répondant présent, le samedi 16 septembre 2017 à travers un meeting géant, à l’appel des associations et clubs de soutien à sa candidature. Mais, le Comité directoire du parti ne se reconnaît pas dans cet acte de l’ancien PDG de la CMDT et le freine dans son élan. En effet, il a pris ses distances vis-à-vis de l’initiative en demandant, dans un communiqué, aux militants de rester vigilants. Kalfa va-t-il revenir sur ses pas ? L’Adema PASJ va-t-il enfin se décider à choisir son candidat? Faut-il s’attendre à des démissions dans la ruche dans les mois, voire les jours à venir ? L’heure est critique pour le parti de l’Abeille.
Un gros nuage plane au-dessus de la ruche. A l’origine: la divergence des responsables et des militants autour d’une candidature à l’interne. La ruche hésite à se décider. Alors que les uns se montrent prudents quant à la question et préfèrent encore scruter la direction du vent pour éviter une participation non fructueuse aux élections, d’autres y voient une perte de temps. Pour ces derniers, l’Adema doit participer à l’élection présidentielle à venir coûte que coûte avec un candidat issu de ses rangs. Le pouvoir est fait pour être conquis, justifient-ils. Par conséquent, une grande formation politique comme l’Adema ne doit pas se contenter d’accompagner lors des grands rendez-vous électoraux.
Le niet du Comité exécutif
Visiblement, le meeting de soutien à la candidature du Maire de Sikasso s’inscrit dans cette démarche engagée, depuis un moment, par certains responsables du parti. En effet, le samedi 16 septembre 2017, 37 associations et plusieurs clubs de soutien de Sikasso ont fait allégeance à Kalfa Sanogo lors d’un grand meeting. Avec la démonstration de force de ces associations et clubs de soutien, jugés posséder une certaine représentativité nationale, au point de rêver de conduire Kalfa à Koulouba, il serait désormais difficile de convaincre le maire de Sikasso de renoncer à son projet. Car, il a déjà humé de plein poumon le goût du pouvoir.
Mais pour l’instant, le Comité exécutif de l’Adema refuse de le suivre dans sa démarche. En effet, ce dernier a pris ses distances dans un communiqué publié dès le 17 septembre 2017, soit le lendemain même du meeting. « L’Adema-PASJ ne se sent nullement concerné par ce meeting organisé à Sikasso, le samedi 16 septembre 2017 pour soutenir la soi-disant candidature de Kalfa Sanogo, Maire élu sous les couleurs du Parti dans la commune urbaine de Sikasso. La Direction du Parti tient à signaler qu’à ce jour, le processus de désignation du candidat du Parti à l’élection présidentielle de 2018 n’est pas encore déclenché. Ce processus répond à des dispositions précises des statuts du parti et n’est mis en route que par le Comité Exécutif, à travers les instruments et mécanismes prévus à cet effet. Aussi, le Comité Exécutif invite les militants, à quelque niveau que ce soit, à respecter les règles établies et partagées pour le bon fonctionnement et la cohésion du parti et à demeurer unis derrière ses mots d’ordre. Par ailleurs, le Comité Exécutif de l’ADEMA-PASJ, tout en réitérant son soutien au Président de la République, invite les militantes et militants à rester vigilants et sereins pour la préservation de l’unité au sein du parti et, partant, de l’ensemble des forces vives de notre Pays face aux grands enjeux de l’heure », isole Kalfa, en ses termes, le Comité exécutif du parti. Ce communiqué stoppe net l’édile de Sikasso en plein vol. Alors, questions: que va-t-il se passer après ce rappel à l’ordre du Comité exécutif de l’Adema ? Cet appel sera-t-il entendu par l’ancien PDG de la CMDT ?
A qui le dernier mot ?
En attendant que le temps nous édifie, les nouvelles en provenance de Sikasso ne sont pas bonnes. Car, de sources concordantes proches, le Maire de Sikasso n’est pas content de la réaction de ses camarades. « Les mots étaient un peu trop forts, surtout qu’il s’agit d’un camarade de longue date », regrette un militant du parti, proche de Kalfa Sanogo.
Autre interrogation : Kalfa Sanogo a-t-il un plan B? Parce qu’en tout état de cause, il ne semble pas être seul dans sa conviction. Car à l’image de Dramane Dembélé, ancien ministre et candidat malheureux de l’ADEMA à l’élection présidentielle de 2013, des militants de l’Adema se sont désolidarisés du communiqué du Comité exécutif du parti. « Honnêtement, sortons de cette rémanence de divergences, de cette culture de mépris. Ce communiqué n’ayant pas été décidé lors d’une réunion du CE ou SP en amont ne saurait engager…Sommes-nous dans un parti ? », s’est exprimé Dramane Dembélé sur les réseaux sociaux.
Ces querelles intestines au sein de la ruche annoncent des jours difficiles pour le parti à l’approche de la Présidentielle 2018 autour de l’épineuse question de la candidature du parti.
En effet, l’Adema baigne toujours dans la tergiversation à propos d’une candidature interne. Un sujet loin d’être élucidé selon certains militants du parti malgré que la 15ème Conférence nationale du parti en ait fait l’une de ses recommandations. Et leur scepticisme n’a pas l’intention de tomber avant le débarquement du gouvernement d’Abdoulaye Idrissa Maïga des ministres Adema qui continuent de profiter des avantages du régime d’IBK, un potentiel adversaire de l’Adema en 2018. De forts soupçons pèsent sur eux à vouloir engager la ruche dans la dynamique à battre campagne pour une candidature unique de la CMP en faveur d’IBK.
L’alerte avait été déjà donnée le mois dernier par le vice-président du bureau exécutif national du parti, Dramane Dembélé, lors d’une interview accordée à notre confrère Les Echos.
« Ne pas avoir de candidat en 2018, c’est nous faire hara-kiri », se montrait sceptique l’ex ministre de l’Urbanisme et de l’Habitat.
L’attitude du Maire de Sikasso s’inscrit-elle dans la même logique de barrer la route aux abeilles qui roulent pour IBK dans les perspectives de 2018 ? A coup sûr !
Youssouf Z Kéïta