Former 8 620 jeunes (hommes et femmes) et migrants potentiels ou de retour en entrepreneuriat dans les domaines de l’horticulture, la gestion des déchets organiques, l’artisanat utilitaire et de l’agroalimentaire ; construire 20 fermes horticoles gérées par des coopératives de jeunes ; octroyer un kit de démarrage (sous forme de subvention) de 300 000 Fcfa aux jeunes formés ; financer 400 Petites et moyennes entreprises (PME) dans les secteurs cités plus haut. Tels sont les résultats attendus du projet « l’emploi des jeunes crée des opportunités, ici au Mali », dont le coût global de réalisation est évalué à 20 935 041 Euro, soit un peu plus de 13 milliards de Fcfa.
Son lancement officiel a eu lieu mercredi dernier au Radisson Blue.
Le directeur de cabinet du premier ministre, Me Ahmadou Touré, a présidé la cérémonie organisée à cet effet. C’était en présence des membres du gouvernement dont le ministre de l’Emploi et de la Formation professionnelle, Maouloud Ben Kattra, de l’ambassadeur de l’Union européenne (UE) au Mali, Alain Holleville, et d’une foule nombreuse. D’une durée de quatre ans (2017-2021), ce projet vise à soutenir l’essor économique, la stabilité sociale et réduire la migration irrégulière dans les régions bénéficiaires : Kayes, Koulikoro, Gao et le district de Bamako. Il s’inscrit dans le cadre de l’exécution du Fonds fiduciaire d’urgence en faveur de la stabilité et la lutte contre les causes profondes de la migration irrégulière et du phénomène des personnes déplacées en Afrique. Lancé lors du sommet de la Valette, tenu en novembre 2015 en Italie, ce fonds entend trouver des solutions communes et durables à ce phénomène.
Pour y arriver, l’UE a mis à la disposition du Mali 20 millions d’Euros (environ 13 milliards de Fcfa). L’Organisation néerlandaise de développement (SNV) a déboursé 527 934 Euros (près de 343 millions de Fcfa) et l’Etat du Mali, à travers l’Agence pour la promotion de l’emploi des jeunes (APEJ), y a contribué à hauteur de 407 107 Euros (environ 265 millions de Fcfa).
La mise en œuvre du projet est assurée par un consortium d’agences hollandaises : SNV, ICCO coopération et WASTE (déchets en anglais) et l’APEJ. «Le Mali a été retenu comme l’un des pays prioritaires dans le cadre du Fonds fiduciaire d’urgence pour l’Afrique», a déclaré le ministre de la Formation professionnelle, intervenant en marge de la cérémonie de lancement. Dans le but, selon M. Ben Kattra, de réduire largement les effets de la «migration irrégulière et de l’extrémisme violent». En créant, à cet effet, des opportunités d’emploi pour jeunes, femmes et migrants potentiels ou de retour, à travers le développement des chaines de valeur horticoles, gestion des déchets, l’agro-alimentaire et l’artisanat utilitaire, a-t-il argumenté. Le choix de ces secteurs est hautement stratégique, précisera le directeur général par intérim de l’APEJ.
Il s’explique, selon Mahamadou Fofana, par la hausse de la demande nationale en fruits et légumes. Ce, grâce à la croissance de la population et à l’émergence d’une classe moyenne, ajoutera-t-il. Parlant des bénéficiaires, M. Fofana a souligné qu’ils sont des jeunes âgés de 18 à 40 ans, dont 30 % de femmes et 15 % de migrants de retour au bercail. Ceux-ci seront, selon lui, sélectionnés suite à un appel à candidature qui sera diffusé sur les différents supports médiatiques, S’ensuivra, selon le DG intérimaire, les formations aux différentes techniques nécessaires à l’atteinte des objectifs du projet.
«La formation offre aux jeunes l’opportunité de se développer en leur donnant les atouts et outils nécessaires pour mieux gérer leurs entreprises et de manière autonome», a dit le diplomate européen, saluant l’initiative. Ce qui permettra, selon Alain Holleville, l’amorce d’un cercle vertueux d’augmentation des revenus familiaux, des collectivités et du pays, gage d’une stabilité sociale.
Intervenant à la clôture de la rencontre, le directeur de cabinet du chef du gouvernement a rappelé que le choix des secteurs d’intervention est lié aux objectifs fixés par le Cadre stratégique pour la relance économique et le développement durable du Mali (CREDD). Ainsi, ce projet jettera les bases d’une autonomie économique, financière et de gestion pour «nos jeunes et femmes», en les stabilisant, par la même occasion, dans leur terroir, a apprécié Me Ahmadou Touré. «Ceci est le meilleur choix pour la vie des jeunes face aux multiples risques liés à l’immigration irrégulière», a-t-il indiqué. Avant «d’engager l’ensemble des acteurs à veiller à l’implication des populations locales et des collectivités territoriales».
\Au nom des membres du consortium d’agences chargé de la mise en œuvre du projet, leur chef de file et directeur de SNV, Jean de Motha Ouédraogo, a rassuré quant à leur détermination à faire de ce programme une réussite.
Il ne saurait en être autrement si l’on sait, avec M. Ouédrago, que la logique d’intervention du projet est basée sur une stratégie de renforcement des compétences et techniques entrepreneuriales qui seront mises en articulation avec les opportunités du Mali.
Cheick M. TRAORE