-Le maire de Sikasso (Sud-est) a récemment annoncé qu'il était prêt à se porter candidat à la présidentielle de juillet 2018, tel que demandé par la population de sa ville.
Bourse au Japon
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Kalfa Sanogo, ingénieur de formation et actuel maire de Sikasso, dans le Sud-est malien, sera-t-il le futur président du Mali?
Une question prématurée estiment certains, alors que d'autres commencent déjà à se projeter dans le futur espérant voir un dirigeant d'une "autre étoffe" à la tête du pays.
En attendant l'officialisation de la candidature de Sanogo, des débats commencent à se soulever autour des éventuelles retombées de cette candidature aussi bien sur la scène politique nationale que sur la cohésion de son parti Adema pasj (Parti africain pour la démocratie et la justice-coalition au pouvoir).
Ce dernier ayant tenu à préciser dans un communiqué ne pas avoir investi Sanogo en tant que candidat à la prochaine Présidentielle de juillet 2018.
Une récation jugée hâtive dans la mesure où Sanogo s'est contenté à ce jour d'affirmer lors d'un meeting à Sikasso, qu'il était disposé à se porter candidat à la prochaine présidentielle malienne tel que demandé par la population de sa ville.
Il a, par ailleurs, indiqué préférer se porter candidat au nom de l'Adema, une déclaration qui laisse entendre qu'à défaut d'être investi par son parti, il se présenterait en candidat indépendant, ont estimé des observateurs.
Des rumeurs commencent, par ailleurs, à courir, concernant une division interne au sein du parti entre ceux qui soutiennent la candidature de Sanogo et ceux qui la rejettent défendant un nouveau mandat de l'actuel président Ibrahim Boubacar Kaita.
Mais qui est Kalfa Sanogo dont le nom revient de plus en plus dans les débats politique de l'heure?
Maire de la ville de Sikasso depuis novembre 2016, Sanogo a été élu au nom de la coalition dirigée par le Rassemblement pour le Mali( RPM-parti au pouvoir). Un poste qui peut amplement jouer à la faveur de sa candidature, avancent des observateurs.
En effet, la région de Sikasso abrite environ 30% de l'électorat malien (selon les chiffres de la direction générale des élections, 2013). en termes économiques, elle mobilise environ 40% du PIB national.
Kalfa Sanogo se présente aujourd’hui comme le porte-drapeau de la région de Sikasso où des voix commencent à s'élever exigeant de porter un de ses enfants à la tête du Mali. Les Sikassois se disent, en effet "fatigués de servir de réservoirs de voix pour les autres", et se considèrent exclus des hautes sphères de l’État depuis l’éviction de feu Jean Marie Koné, proche de feu Modibo Keïta, le premier président du Mali indépendant.
Sikasso est également la zone de concentration de l'industrie cotonnière (70% de la production nationale), où la Compagnie du Développement du Textile(CMDT), souvent qualifiée d'« État dans l’État » dispose de trois succursales sur un total de six.
Autant de facteurs ne peuvent que servir la candidat Kalfa Sanogo qui a dirigé la CMDT durant deux ans et demi, consolidant au passage un réseau d’alliances dans les régions de Sikasso, Koulikoro, Ségou, Kayes et Bamako, qui mobilisent plus de 90% de l’électorat malien.
Kalfa Sanogo est par ailleurs, un descendant de la grande famille maraboutique Sénoufo. Famille très respectée dans toute la région de Sikasso en particulier et au Mali en général. Un autre point qui peut jouer en sa faveur.
Ingénieur agronome de formation, Kalfa Sanogo a été directeur de l’Institut Polytechnique rural de Katibougou.
Il a milité très tôt dans le parti clandestin PMRD (Parti Malien pour le Révolution et la Démocratie) qui fusionnera avec le PMT (Parti Malien du Travail) pour former l’Adema-Pasj) après la chute du régime du général Moussa Traoré.
Il est d'ailleurs, un des acteurs majeurs de la lutte contre le régime du Général Moussa Traoré, il a gagné sa légitimité politique au cours de longues années de lutte dans la clandestinité aux cotés de figures comme feu Abdoulaye Barry, Mohamed Lamine Traoré, Kassa Traoré, Tiémoko Sangaré (actuel président de l’Adema).
Toutefois et en dépit de tous ces facteurs, nombreux sont ceux qui pensent que Sanogo n'a que de faibles de chances de se voir à la tête du Mali. Ceux qui défendent ce point de vue estiment que la candidature de Sanogo reptrésente la majorité mandingue du Mali et tourne le dos aux populations du Centre et du Nord du Mali.
Ils avancent, par ailleurs, qu'en dehos de la sphère politique restreinte de Bamako et de Sikasso, Kalfa Sanogo est très peu connu dans le reste du pays et encore mois à l'échelle internationale.
Interrogé à ce propos par Anadolu, un ancien ministre malien proche de l'opposition a déclaré que le maire de Sikasso "a très peu de chances de gagner parqu'il ne peut pas réunir autour de sa personne une coalition très large qui va au-delà des zones couvertes par la CMDT". Et de poursuivre "qu'à l'intérieur même de la zone CMDT (Sikasso, segou et koulikoro) Bakari Togola, président de l'Assemblée permanente des chambres d'agriculture du Mali(lAPCAM ) qui est de Bougouni (région de Sikasso) risque s'il se porte candidat de lui rafler une partie de l'électorat".
Des citoyens interrogés par Anadolu ont noté qu'il était encore trop tôt pour se prononcer sur leurs choix électoraux. Ils n'ont, toutefois, pas caché leur défiance vis-à-vis des dirigeants qui se sont succédés à la tête du Mali depuis la révolution de 1991 à nos jours, " les mêmes têtes qui s'alternent dans les différents postes de pouvoir", disent-ils.
AA/Bamako/Mohamed Ali