Les membres de la plateforme « On a tout compris » ont tenté de marcher de la place de la Liberté jusqu’à l’ambassade de France, vendredi dernier. La police les a bloqués au niveau de la place de la Liberté, arraché leur camion, avant de les trouver au Carrefour des jeunes pour les empêcher de sortir. Quelques instants après, les policiers les ont laissé sortir. Les membres de la plateforme, dispersés, ont alors tenu à marcher, en contournant le Carrefour de jeunes, jusque devant l’ambassade de France. Finalement la marche s‘est transformée en meeting. Nous avons interrogé quelques participants
Mohamed Ag, membre de la plateforme « On a tout compris »
Nous avons voulu marcher, nous avons envoyé une déclaration de marche au gouvernorat du district, mais comme d’habitude, toutes les actions, que nous, « Mouvement On a Tout Compris Wati Sera », organisons, l’Etat dit particulièrement non ! C’est à dire qu’il n’y a même pas de réflexion par rapport à ça. Entre temps, moi-même, j’ai organisé une autre activité, la semaine passée, on a envoyé une déclaration, on nous a dit oui, car, cette activité n’était pas en direction de la France, mais comme cette activité c’est en direction de la France, c’est automatiquement non et on donne toujours comme raison, l’état d’urgence. Nous disons que notre première autorisation c’est notre pièce d’identité, notre nationalité malienne qui nous donne le droit de manifester et de défendre notre pays. Même si le régime en place n’est pas d’accord avec nous, on comprend leur situation, ils ne veulent peut-être pas frustrer la France ou dire autre chose, comme ils sont au pouvoir, ils veulent le maintenir. Nous, ce n’est pas notre problème, on jour notre rôle de citoyen qui a le devoir de garantir l’intégrité de son pays. Nous défendrons notre pays contre vents et marées. La déclaration que nous avons est la même que les autres, avec la connotation de la fête de l’indépendance. Aujourd’hui est un jour symbolique, ce n’est pas par hasard que nous l’avons choisi. Chaque année nous allons allumer la flamme de l’indépendance, c’est devenu à la limite, mécanique. Nous partons célébrer une indépendance, qui, à la limite, n’existe pas. Aujourd’hui tous les Maliens savent que l’indépendance n’existe que sur papier. L’armée française, les troupes barkhane, font qu’elles veulent dans note pays, sans contrôle, il y a des avions qui viennent décharger des containers au Nord, aucun douanier, aucun malien n’ose les contrôler. Il y a des avions qui atterrissent à Gao et quittent le territoire malien, personne ne peut les contrôler. Qu’est-ce qui se passe ? Nous savons toute la connivence entre la France et la CMA à Kidal. C’est ce qui fait que nous n’arrivons pas à entrer dans nos droits, c’est-à-dire l’exercice de l’autorité de l’Etat dans l’ensemble du territoire national, parce que la France et la MINUSMA, sous le couvert de la France, font tout ce qu’ils veulent et donnent une certaine liberté à certaines personnes. On met tout ça sur le dos des terroristes, des narcotrafiquants, c’est très facile. C’est un langage qui permet d’occulter la vraie réalité qui est que la France défend des intérêts inavoués, quelque part au Nord.
Amara Bathily, membre de la plateforme « On a Tout Compris »
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Je commence par féliciter mes chers camarades pour le bon boulot qu’ils ont accompli. C’est une réussite. On n’a pas pu réunir autant de personnes, parce que la police s’est mise à nous disperser, depuis la place de la Liberté. Même ici, au début,ils nous ont fait croire que c’est impossible de marcher, parce qu’ils ont reçu des consignes fermes pour nous empêcher de nous réunir. Donc, il n’y a pas mal de personnes qui sont rentrées chez eux, mais Dieu merci, on a réussi à tenir le meeting et ça va, que Dieu soit loué !
En général, ce sont les partis politiques qui font sortir leurs partisans, ils sont bien structurés. A part ça, il y a des gens qui font de leur mieux, et lorsqu’on arrive à réunir 300 à 600 personnes, là déjà, c’est pas mal, mais la cause réelle pour laquelle les gens ne sortent pas, c’est qu’ il y a beaucoup de gens qui ne font que parler, mais, qui, en réalité, ne sont pas de vrais patriotes. Quand c’est un parti qui demande aux gens de sortir, ils sortent, quand c’est un mouvement, ils sortent, mais quand c’est pour sortir pour la bonne cause, pour le bien être de son pays, les gens sont peu nombreux à sortir. C’est un sérieux handicap, Je crois aussi que ça dépend du fait que les gens ne sont pas bien instruits au Mali et qu’on ne communique pas assez.
Moussa Coulibaly, chargé de Communication du Mouvement« On a Tout Compris »
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Dieu merci ! Nous avons déjà fait cette marche, puisque nous avions décidé en Assemblée générale que nous allions marcher de la place de la Liberté jusque devant l’ambassade. Nous sommes moralement satisfaits, par les décisions de cette activité, puisque les policiers nous ont recasés dans le Carrefour des Jeunes en nous interdisant carrément de sortir, mais, chacun a ses stratégies. Nous sommes sortis et nous avons entamé notre action qui nous a conduits actuellement devant l’ambassade de France. Pour nous, choisir la journée du 22 septembre, estimée journée de commémoration de l’indépendance de la Nation et manifester notre amertume, notre douleur, contre une puissance extérieure et contre nos autorités intérieures, est très symbolique. Pour cette journée, il fallait inscrire des genres d’action comme celles-là, parce que nous avons dit que pour avoir l’indépendance, il faut d’abord l’intégrité territoriale. Le 22 septembre est une journée de bilan national, de fête de l’armée nationale, de fête de l’unité nationale, de fête de la souveraineté nationale. Nous estimons aujourd’hui que nous n’avons pas encore notre souveraineté, notre propre monnaie et notre armée nationale n’est pas là où il faut qu’elle soit. Si d’antan, on avait manifesté le 22 septembre, pour dire qu’on est content, puisque nous avions été libérés, aujourd’hui, nous estimons que nous sommes encore assujettis par les ennemis de l’extérieur, comme de l’intérieur.
Aminata Traoré, membre de la Plateforme« On a Tout Compris »
Nous sommes sortis pour montrer à la France, notre mécontentement, comme on avait l’habitude de le faire, par les sit-in, cette fois, nous avons fait une marche. On est sorti sans créer de problème, avec la devise du Mali : un peuple un but une foi. Le président de la République a dit que la France est un pays ami, un pays voisin, mais nous sommes au courant de ce que la France est en train de faire au nord. Il y a autre chose que l’amitié et nous leur demandons d’être clairs. On n’est pas contre la France, pas contre les policiers. Les policiers ont pris notre camion de caravane à la place de la Liberté. Les gens se sont regroupés devant la cour de la police pour que le camion n’y entre pas. Ils ont conduit le camion de force, dans la cour et les gens ont fui, mais, moi, je suis restée sur place, au risque de ma vie. Les policiers m’ont battue, j’ai l’épaule rouge, mais je me suis dit : c’est pour le Mali. Les policiers et IBK nous ont déçus, car, on pensait qu’ils allaient nous soutenir.
Ibou Sy, citoyen malien
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La Plateforme « On a Tout Compris » est dans son rôle de vouloir marcher, mais la police, aussi, est dans son rôle de bloquer. J’ai appris sur le terrain que l’autorisation n’avait pas été donnée. C’est ce qui a fait qu’ils n’ont pas accepté que les gens marchent. Les jeunes avaient décidé de marcher de la place de la liberté à l’ambassade de France, pour faire savoir qu’ils estiment que la France n’est pas claire dans sa collaboration avec le Mali. Malheureusement, ils n’ont pas pu marcher, mais ils ont tenu un sit-in devant l’ambassade et fait passer leur message. Ils ont demandé à la France de clarifier sa position par rapport à l’occupation de nos différentes villes du Nord et même d’une certaine partie du Centre du Mali. L’ambassade de France est intelligente, ils ont contacté ces gens, ils les suivent sur les réseaux sociaux, ils les ont reçus à l’ambassade, ils ont échangé, je pense que le message est compris.
Adama Ben Diarra porte-parole du Mouvement
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Le Mouvement « On a Tout Compris » estime que cette date est très symbolique, pour l’histoire du Mali, parce que c’est la date anniversaire de l’indépendance du Mali. Mais, nous pensons que cette indépendance est piétinée, qu’elle a été bafouée depuis 1968. Nous vivons dans un système où le Mali est aux ordres de la France et cela doit cesser comme nous l’ont inspiré les pères fondateurs de l’indépendance, c’est-à-dire les Modibo Kéita. C’est pourquoi nous sommes sortis, ce matin, pour manifester notre mécontentement par rapport à la politique française vis-à-vis du Mali et aussi par rapport à la passivité de nos autorités politiques. Aujourd’hui, nos autorités politiques ne font pas le poids face à la France, or, les jeux inter Etatiques sont des questions d’intérêts, des partenariats gagnants-gagnants, avec des discours francs, ce qui n’est pas le cas entre le Mali et la France. C’est malheureux de voir que les dirigeants sont dans cette situation après 57 ans, après cette prise glorieuse de l’indépendance par les pères fondateurs qui se trouvent aujourd’hui, très mal à l’aise. Nous pensons que la détermination du peuple peut faire que cette indépendance soit une indépendance vraie, que le Mali puisse décider de sont sort, de son devenir, comment les Maliens doivent vivre, dans quelles conditions, que les décisions soient prise au Mali, que le Mali soit un Etat indépendant, du point de vue monétaire, militaire, économique, éducatif… dans tous les domaines. C’est pourquoi nous sommes sortis pour mettre le 22 septembre dans son contexte initial et dans un contexte précis.
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