Comment faire disparaître les pages sombres, pardon les traces d’une gestion calamiteuse sur fond de magouilles et de passation de marchés douteux portant sur plusieurs milliards de nos francs ? Voilà un bien corset casse-tête pour l’ancien PDG de la Compagnie malienne de développement des textiles (CMDT), Modibo KONÉ, qui est en train d’être rattrapé par les vielles casseroles qu’il traine derrière lui.
Pour cet homme, qui a réussi à mettre certains de ses flagorneurs, courtisans et encenseurs, sous les bottes, pardon sous ses sacs à sous et mener son petit monde à la baguette argentée, prendre en pleine gueule et en plein jour une dénonciation publique de ses turpitudes et de ses aptitudes prédatrices avérées n’est pas chose facile à ingurgiter.
Mais lorsque le vice devient une vertu commune, lorsque le répugnant captive et fait saliver, lorsque ceux qui devraient donner l’Exemple se noient dans leurs turpitudes, corrompus qu’ils sont jusque dans la moelle des os, l’honneur et la dignité sont pourchassées tels des pestiférés et renvoyés aux calendes de la Cité.
Pourtant, notre désormais ex-PDG de la CMDT, qui se serait forger une ambition présidentielle, du moins une prétention de gravir les hauteurs de la colline du pouvoir, à travers les sommes colossales amassées au détour d’une gestion calamiteuse de cette boîte, est aux antipodes de cette assertion selon laquelle « tout cadre malien, honnête, intègre et compétent qui a géré bien géré la CMDT peut gérer le Mali ».
Voilà, alors qu’il venait d’être rappelé (limoger) de son juteux poste, l’homme au destin présidentiel compromis, aurait laissé un triste souvenir encore vivant dans la mémoire de quelques témoins privilégiés par une scène qui en dit long sur son apprêté au gain et ses prédispositions d’homme de finance à accumuler.
La morale anecdotique à tirer : si on peut évaluer à la virgule près le montant du butin du prince de Kolongo, on peut comprendre l’étendue de sa fortune et comprendre ce que notre humble milliardaire non répertorié a fait de l’adage qui dit qu’on n’est jamais mieux servi que par soi-même. Selon nos sources, aux fins de sa gestion sulfureuse, l’ex-Patron du géant cotonnier, Modibo KONE, se serait servi avec prodigalité. Et le pas est vite franchi pour lever un coin du voile sur certains dossiers sales qu’il traine derrière lui et dont l’entreprise et les cotonculteurs souffrent encore des conséquences.
Au nombre de ces casseroles, nous rapportent les sources, figurent en bonne place des marchés attribués par ses soins, juste avant qu’il ne soit congédié. Des marchés aux relents et aux contours douteux qui ont été ficelés et exécutés tous aux dépens des producteurs, à son profit propre.
Ainsi, il aurait passé trois importants marchés relatifs à la fourniture d’engrais, de la chaux et des bâches de stockage de coton graine.
De la révélation faite par des sources proches du dossier, l’ex-patron de la CMDT, dont des partisans lui prêtent les attributs d’un excellent manager, a d’abord passé un premier lot de marchés d’un montant supérieur à 17 milliards de francs CFA relatifs à la fourniture d’engrais conclus en août 2016 avec une société de la place : Nioumani–Sa. Violant toute orthodoxie financière en la matière, ce marché aura été un mécanisme éhonté d’exploitation, de paupérisation et d’enchainement du paysan malien dont le sang et la sueur sont bus par des opérateurs économiques véreux. Ce, d’autant plus qu’au moment du décompte, il a été révélé que les prix appliqués auxdits marchés étaient nettement supérieurs à ceux des appels d’offres. En effet, les écarts pratiqués sur le tonnage étaient de 20 000 francs pour l’urée et de 50 000 francs pour les complexes céréales et coton. Ce faisant, il s’est mis en porte-à-faux avec toutes les procédures du GIE au détriment des intérêts des producteurs de coton qui devraient payer la facture.
L’autre scandale financier laissé par Modibo Koné durant son éphémère passage à la tête de la CMDT est relatif à la conclusion avec une autre entreprise, Stone-Sa, d’un marché de fourniture de 40 000 tonnes de chaux agricole. Là aussi, il s’agit, indique-t-on, d’un véritable montage financier très grossier, de plus de 7 milliards de nos francs. En effet, cette commande, au nom de la CMDT et pour les soi-disant besoins de la cotonculteurs, a été finalement perçue comme de la poudre aux yeux.
En effet, au-delà des polémiques sur ses aspects physico-chimiques, le marché de la chaux est une histoire de gros sous qui se conjugue en milliard. Il faut noter que le prix fournisseur de la chaux de Stone-SA est de 190 000 FCFA/la tonne, ce qui ramène le coût à l’hectare de chaux au niveau du paysan à 76 000 FCFA contre 85 400 FCFA pour le coût de l’ensemble des autres intrants chimiques pour l’hectare de coton (Complexe céréales, urées et herbicides et fongicides). Ce coût dépasse largement les capacités du paysan, selon des techniciens.
Voilà pourquoi, c’est un secret de polichinelle que les magasins de la CMDT sont bondés de ce produit de la chaux, que bon nombre de producteurs refusent d’utiliser, à cause des prix de cession excessivement élevés à cause de la surfacturation.
Autre fait, autre bruit de casserole sous le magistère du prétendu candidat à la magistrature suprême : trois marchés pour la fourniture de bâches de stockage dont le montant est sensiblement supérieur à 10 milliards de francs CAFA. Une fois n’est pas coutume et malheureusement notre prédateur financier de PDG, les marchés de fourniture de bâches de stockage ont été poliment, mais fermement rejetés par les producteurs de coton parce que n’ayant émis le besoin.
En tout cas, des indiscrétions qui nous sont parvenues, ces différents dossiers scandaleux ont été adressés à qui de droit.
Et comme le dit l’autre, chacun est comptable de ses choix et des actes qu’il pose là où aura bien voulu l’appeler la Nation. Et quand on a le pantalon troué, on ne monte pas sur l’arbre de la transparence.
Affaire à suivre.