Depuis août dernier, date à laquelle le président de la République, Ibrahim Boubacar Keita a décidé de surseoir à la révision constitutionnelle, la question relative à un nouveau gouvernement s’est invitée aux débats politiques. L’interview du locataire de Koulouba, à la faveur de son quatrième anniversaire au pouvoir, réalisé par notre excellent confrère, Sidiki N’Fa Konaté, a conforté les uns et les autres en la nécessité de procéder à un réaménagement ministériel.
En effet, le patron de l’ORTM, « la passion du service publique », avait demandé à IBK s’il s’était senti seul durant les périodes mouvementées de la Loi constitutionnelle ? La réponse de ce dernier a été catégorique : « Que si ! Que si ! Que si ! ». Alors, si tel est vraiment le cas, qu’attend encore le locataire de Koulouba pour revoir l’attelage gouvernemental ? Une chose est toutefois certaine, c’est l’unanimité faite aujourd’hui autour d’Abdoulaye Idrissa Maïga pour continuer à diriger le nouveau gouvernement.
Dans cette optique, quels sont les ministres qui doivent quitter le gouvernement ? Quels sont ceux qui doivent figurer sur la nouvelle liste ? Quels sont ceux qui doivent encore revenir au gouvernement ?
Difficile de répondre avec exactitude à toutes ces interrogations. Cependant, vu les informations qui nous parviennent au compte-gouttes, le remaniement ministériel aura bel et bien lieu, avant la fin de l’année, sinon en début d’année. Sur les 35 ministres, une vingtaine seraient virés, la taille du gouvernement pourrait rester la même, voire même connaître une certaine augmentation, campagne électorale oblige.
Des ministres comme Me Baber Gano, Arouna Modibo Touré, Housseiny Amion Guindo, Adama Tiémoko Diarra, Abdoul Karim Konaté pourraient être confortés dans la nouvelle équipe gouvernementale.
Nous préférons taire les noms des ministres pressentis comme étant parmi les probables sortants, pour ne pas les vexer ou les amener à se tourner du côté des forces occultes, encore que même ceux-là pourraient, pour une raison ou une autre, conserver leurs portefeuilles. Tant que le remaniement n’est pas effectif, les scenarii pourraient évoluer à tout moment.
Quant aux probables arrivants, on annonce le retour en force du président du RPM, Dr Bocari Tréta que certains s’apprêtent à déposer au niveau des Tisserands, au motif qu’il n’avait pas mouillé le maillot pour soutenir la révision constitutionnelle. De bonne source, il nous est revenu que durant cette période, Dr Tréta avait des ennuis de santé qu’il gardait discrètement, mais dont IBK était informé. Ce dernier l’aurait même soutenu, nous a-t-on dit, pour une délicate opération chirurgicale à Paris. En un mot, IBK et Tréta ont de bons rapports, contrairement à ce qui se dit, dans certains milieux, y compris celui de son parti.
Le nom de Soumeylou Boubèye Maïga revient constamment sur les lèvres, comme prochain ministre des affaires étrangères. Il semble que ce poste lui avait été proposé au cours du dernier remaniement, mais qu’il avait décliné l’offre parce qu’il lorgnait du coté de la Primature. Avec le temps, il a pu digérer le fait que le fauteuil du premier des ministères lui a échappé. Attendons donc de voir la suite.
Quid de Mme Sy Kadiatou Sow, leader de la contestation relative à la révision constitutionnelle ? On susurre dans les allées du pouvoir qu’elle pourrait figurer dans la prochaine équipe gouvernementale. Joint par téléphone, un de ses proches a manifesté son étonnement, indiquant qu’après la sortie de son mari (Ousmane Sy) du gouvernement, IBK l’avait consultée, en vain. « Peut-être qu’elle accepterait cette fois-ci », nous a t-il confié.
Une autre femme, très respectée pour sa culture, son engagement pour les bonnes causes, est attendue selon une source proche de l’entourage du président. Il s’agit de Aminata Dramane Traoré qui vient d’être élevée à la dignité de Grand Officier de l’Ordre national du Mali. Ancien ministre de la Culture sous le président Konaré, altermondialiste avérée, Aminata Dramane Traoré se bat tous les jours pour aider les populations de son quartier en général et les femmes en particulier. En clair, elle est proche des pauvres et se bat constamment pour l’amélioration de leurs conditions de vie.
En tout cas, les Maliens attendent impatiemment le nouvel attelage gouvernemental. L’administration publique est au ralenti depuis l’annonce d’un éventuel remaniement ministériel. Elle travaille peu, souvent hésitante à prendre certaines décisions, craignant que le tout nouveau ministre annoncé ne vienne tout remettre en cause. Il est donc urgent de procéder à ce réaménagement ministériel pour remettre les Maliens au travail, redonner confiance et espoir aux uns et aux autres et accélérer la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger.
El Hadj Chahana Takiou