Au Mali, à dix mois des élections présidentielles, on assiste à une campagne précoce et sans précédent du Rassemblement pour le Mali(RPM), le parti au pouvoir. Pour faire réélire le président de la République, une lourde artillerie est ainsi déployée par les affidés d'IBK. La télévision d'Etat, déjà prise en otage par le parti au pouvoir, passe en boucle les activités du président de la République. Lors du pèlerinage 2017, des pèlerins maliens, pris en charge par le pouvoir, ont paradé à la Mecque avec des foulards à l'effigie du président IBK. Aussi à l'intérieur du pays, les missions gouvernementales sont aujourd’hui, l'occasion de mobiliser les troupes pour l'élection présidentielle à venir. Et last but not the least, pour la première fois dans l'histoire de l'école malienne, dans le cadre la rentrée scolaire, des cahiers des écoliers maliens ont été imprimées avec l'image du président IBK.
Des cahiers, pour la rentrée scolaire 2017-2018, avec l’image du président IBK. C’est l’image qui fait le buzz depuis quelques jours sur les réseaux sociaux au Mali. Pour une des rares fois, pour ne pas dire la première fois, dans l’histoire du pays, le principe sacro saint de la dépolitisation de l’école est allégrement foulé au pied par le camp présidentiel qui veut coute que coute que le président de la République rempile pour un second mandat. Et pourtant, nous sommes encore à dix mois des élections présidentielles 2018.
Ce rendez-vous tant attendu mobilise déjà beaucoup d’énergie de la part du parti au pouvoir. L’ORTM, la chaine publique malienne, fait du moindre geste du président de la République un événement interplanétaire. « Sans aucun doute, l’ORTM est devenu une tribune pour soigner l’image du président de la République à l’approche des élections présidentielles. Quelle est l’utilité, par exemple, de filmer des veuves, dans leur habit de veuvage et recevant des moutons, des militaires tombés sur le champ de bataille en larme ? Un simple communiqué aurait pu suffire », commente Ismaël Koné, professeur de communication politique, qui ne voit nullement l’importance de tout ce matraquage médiatique sur les activités présidentielles aussi minimes soient-elles.
Quid de la grande opération de séduction du pouvoir lors du pèlerinage 2017 à la Mecque ? Selon nos sources, plusieurs notabilités ont bénéficié gracieusement, de la part de Koulouba, de billets pour accomplir le cinquième pilier de l’islam. Ces pèlerins entièrement pris en charge par le pouvoir n’ont pu cacher leur joie lors du pèlerinage. Certaines se sont drapées dans des foulards à l’effigie du président de la République pour accomplir le hadj.
A l’intérieur du pays aussi on se mobilise pour la réélection du président de la République. Les missions officielles servent de prétexte pour battre campagne. La dernière en date est la grande mobilisation de toute la République, le Premier ministre Abdoulaye Idrissa Maïga, Issaka Sidibé, le président de l’Assemblée nationale, plusieurs ministres…, pour le lancement de la sous composante autonomisation des femmes à Sikasso le samedi dernier.
Le déploiement de ce lourd armada du pouvoir dans la cité du Kénédougou vise, selon certains, à marcher sur les platebandes du tout puissant maire de la ville Kalfa Sanogo qui a affiché ses ambitions présidentielles lors d’un meeting le mois passé. « C’est du tapage aux allures de campagne électorale prématurée. Sans aucun doute, on assiste à une campagne précoce menée tambours battant par le parti au pouvoir. Pour un parti, il n’y a pas meilleur argument de campagne que le bilan de ce qu’il a réalisé pour ses électeurs ou, pour ceux qui n’étaient pas aux affaires, son programme et sa feuille de route », analyse Ismaël Koné.
Madiassa Kaba Diakité