Les populations des neuf régions créées par la loi N°2012-017 du 2 mars 2012, non encore opérationnelles, maudissent leurs députés quant à leur façon de soutenir l’opérationnalisation de leurs régions. Selon elles, les élus de leurs localités respectives ne sont pas engagés au même degré que les populations qu’ils représentent à l’Assemblée nationale.
Elles dénoncent l’interpellation récente du ministre Mohamed Ag Erlaf au sujet du Collège Horizon par l’élu de Bougouni, en l’occurrence Zoumana N’Tji Doumbia, en lieu et place des vrais problèmes.
Le président de la République, Amadou Toumani Touré, a promulgué, en 2012, la loi 2012-017 du 2 mars 2012 portant création de onze nouvelles régions administratives au Mali (Nioro, Kita, Dioïla, Nara, Bougouni, Koutiala, San, Douentza, et Bandiagara). Cette loi prévoit leur mise en œuvre échelonnée sur cinq ans. Depuis, seules deux régions sont opérationnelles : Taoudéni et Ménaka. Les neuf autres qui continuent à se battre pour être mises dans leur droit, sont aujourd’hui «déçues» par la qualité du soutien de leurs élus à l’Assemblée nationale.
Selon les populations de ces localités, leurs attentes allaient au-delà du soutien à l’organisation des différentes manifestations. «On s’attendait à ce que nos députés, qui sont nos représentants à l’Assemblée nationale, fassent au moins des interpellations sur le sujet. Mais au lieu de cela, ils se permettent d’interpeller des ministres sur des sujets insignifiants aux yeux des populations qui n’ont rien à voir avec les vrais problèmes des communautés», regrette un ressortissant de Bougouni.
Pour le chargé à la communication du collectif des régions non encore opérationnelles (Crnop), Gabriel Tiénou, ressortissant de la région de San, la plupart des députés des neuf régions sont avec le pouvoir et pensent qu’en évoquant la question, voire interpeller le ministre de l’Administration territoriale, serait un désaveu pour leur mentor.
«Il n’y aura pas trente-deux solutions. Ceux qui ont oublié leurs populations quand elles avaient le plus besoin d’eux devront s’attendre à un vote de sanction lors des prochaines élections législatives», prévient M. Tiénou.
Depuis le début de cette revendication, les populations se sentent plus soutenues par les maires que par les députés. «Partout où on est passé pour notre revendication commune (l’opérationnalisation de nos régions), on a reçu le soutien inconditionnel des maires, mais pas celui des députés. À part ceux de Bougouni. Là aussi, les élus nous ont déçus en nous faisant une fausse promesse d’amener le sujet sur la table de l’Assemblée nationale», a déploré un ressortissant de Koutiala, lors de la marche de Bandiagara.
«À la date du 25 mars 2017, lors de la première manifestation du Crnop, après ses différentes tournées et rencontres avec les notabilités et les forces vives des neuf régions concernées, au nom des trois députés de Bougouni, Zoumana N’tji Doumbia avait promis de transmettre non seulement la déclaration produite à cette occasion, mais surtout de tout mettre en œuvre pour que ces régions, en attente de leur opérationnalisation, puissent être mises dans leur droit. Mais après plusieurs mois, rien n’a été fait dans ce sens», fustige le président du collectif, Mamba Coulibaly.
L’interpellation du ministre de l’Education nationale par le même député de Bougouni est très mal perçue par les populations des neuf nouvelles régions. «En tant que président de la commission loi de l’Assemblée nationale, le député de Bougouni et ses autres collègues auraient déjà dû interpeller le ministre de l’Administration territoriale sur la question, afin de situer le sort de ces cercles érigés en régions depuis le 2 mars 2012. Malheureusement, il semble être plus préoccupé par le sort du Collège Horizon que de celui de ses mandants», s’indigne un jeune ressortissant du cercle de Bougouni.