Le lundi 2 octobre, des manifestants composés de femmes, d’enfants et d’adultes ont organisé une imposante marche de protestation contre la force Barkhane dans la ville de Kidal. Cette manifestation, qui intervient en signe de protestation contre le raid lancé par la force française, le dimanche 1er octobre, contre le domicile d’un riche commerçant répondant du nom de Mahamoudou Ag RHISSA, suscite bien des interrogations chez les observateurs du processus de paix dans notre pays.
Les objectifs de cette marche des kidalois contrastent avec la volonté d’une population mobilisée contre le terrorisme ou qui rêve de voir la paix s’instaurer dans son environnement. Un jeu trouble, à la limite, un soutien inavoué à des présumés terroristes et à des narcotrafiquants qui financent le terrorisme.
Le plus troublant dans ce jeu, c’est bien l’attitude des mouvements armés signataires de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali issue du processus d’Alger, qui contrôlent actuellement Kidal. Alors que ces manifestations arrivent au lendemain de la signature d’un Accord dans lequel la Plateforme et la Coordination des mouvements armés (CMA) s’engagent à « ne protéger aucun auteur de crime » dans leurs rangs.
Par contre, les deux mouvements se sont murés dans le silence face à ces événements qui dénoncent l’arrestation de présumés terroristes ou complices. Un silence qui trahit l’engagement de ces quant à leur volonté de contribuer à l’éradication du terrorisme.
Ce qui est évident, c’est que la population de Kidal n’est pas à sa première manifestation contre la force française. On se rappelle que le lundi 18 avril 2016 à Kidal, des manifestations contre les forces étrangères présentes sur le terrain (Barkhane et la MINUSMA) avaient dégénéré faisant deux morts. Au cours de ces incidents, des femmes et des jeunes ont accusé, à tort ou à raison ces forces étrangères d’avoir arrêté « arbitrairement » des civils et des combattants touareg.
Ce qui est indéniable, la particularité de Kidal aujourd’hui s’explique par les yeux doux d’une certaine communauté internationale qui ne cesse de ménager des groupes armés de cette ville au détriment d’autres.
Tant que ces mauvaises pratiques continuent, les efforts colossaux du gouvernement du Mali et ses partenaires déploient sur le terrain resteront vains.
La pratique est connue de tous, pour un» Oui» ou pour un «Non « des pyromanes tapis dans l’ombre font sortir femmes et enfants pour battre le pavée en dénonçant la présence de la communauté internationale.
Ce que la population de Kidal doit comprendre, c’est que sans l’appui de la communauté internationale, le Mali allait prendre une autre forme sur la carte du monde.
Rappelons-nous qu’au plus fort de la crise sécuritaire, la force Serval a stoppé net la progression des djihadistes vers Bamako alors qu’ils occupaient déjà le nord du pays. C’est grâce à ce salut que des mouvements armés sortis de nulle part ont proposé leur aide à la France et à la communauté internationale pour lutter contre les terroristes dans cette partie du pays.
Le moins que l’on puisse dire, c’est que la communauté internationale paye aujourd’hui de son ambiguïté autour de certaines pratiques courantes peu orthodoxes dans cette ville. Pendant ce temps, les narcotrafiquants déguisés en hommes politiques ont fini de prendre les populations de la ville en otage.
En tout cas, la manipulation à des limites. Les pyromanes et autres manipulateurs feront mieux de laisser les enfants et les femmes en dehors de leurs revendications politiques au risque de voir un jour la CPI à leur trousse.