Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Annonces    Femmes    Nécrologie    Publicité
NEWS
Comment

Accueil
News
Société
Article
Société

Réactions de certains Bamakois: Safiatou Sangaré : «La justice de l’injustice»
Publié le mercredi 4 octobre 2017  |  Le Reporter
Comment


«À Bamako c'est la justice de l'injustice. Je ne parle pas des femmes battues, des femmes qui sont les mains vides et qui ne gagnent aucun procès, avec des avocats qui sont en deal avec les magistrats. Je parle des gens lynchés à longueur de journée dans les rues de Bamako, dont le cas le plus flagrant a été les jeunes gens du marché de Medina-Coura. Dans un pays où la justice est bien distribuée, on ne peut pas voir de tels actes ; on ne doit pas voir de tels actes et on ne doit pas encourager de tels actes. Mais nous n'avons aucune condamnation du gouvernement, aucun communiqué, ne ce serait-ce que pour faire un rappel à l'ordre aux gens qui pratiquent ou encouragent de telles atrocités.

La justice de l'injustice ne doit pas gagner du terrain. C'est pour cela que les autorités doivent lancer des campagnes de sensibilisation, pour informer et sensibiliser les jeunes afin d'éviter d'autres types d'injustices dans le pays. La justice de l'injustice, surtout dans les commissariats avec des brigades judiciaires, des officiers de police judiciaires, des chefs de brigade des gendarmeries, qui font très souvent des enquêtes tronquées sur la base du faux, sans se déplacer pour même écouter les deux parties.

L'injustice de la justice, ce sont des patrouilles nocturnes de nos forces de l'ordre (policiers, gendarmes) sous les lampadaires de Bamako, rackettant les paisibles citoyens. La justice de l’injustice, ce sont les mêmes conducteurs de Sotrama et autres transports en commun qui rackettent à longueur de journée dans les rues de Bamako. La justice de l'injustice, c'est surtout tous ces voleurs et corrompus qui vivent de la nation sans être inquiétés.»

Ibrahima Boubacar Yoro Maïga : «Le pouvoir est complice de l'injustice»
«Je pense que la justice malienne reste toujours corrompue malgré les avantages accordés aux magistrats après leur grève illimitée. Pour que le citoyen ait confiance en la justice, la manière de nommer et les mutations de magistrats ne doivent pas relever de l'exécutif. Il faut une séparation considérable du pouvoir judiciaire et exécutif. Sans quoi, les juges restent toujours à la merci de ceux qui détiennent le pouvoir. La corruption en milieu judiciaire est favorisée par la complicité du pouvoir.»

Bougouri Mamadou Diarra : «Le peuple veut se faire justice»
«L'institution judiciaire est toujours une excellente chose pour une société modèle et la nôtre ne fait pas exception. Mais, malheureusement, elle est butée à un problème d'indépendance dû à plusieurs facteurs (politique, financier et de ressources humaines) ; elle n'est pas comprise par le citoyen lambda qui ne s'y retrouve pas là-dans. Elle reste un domaine privé pour certaines classes sociales où la seule raison qui vaille est l'argent et non le droit. Le peuple se ferait justice quand l'autorité compétente outrepasse ses prérogatives. La stabilité et l'essor de notre pays ne se feraient qu'avec une bonne justice et le politique est interpellé.»

Djimé Kanté : «la justice doit être encore plus près des Maliens»
«Si la Justice se résume simplement à dire le droit, au Mali, les différentes réformes engagées dans le secteur, dont le PRODEJ, on peut sans risque de se tromper affirmer qu’elle n’est hélas toujours pas sainement distribuée dans nos villes et campagnes. Une justice efficace et crédible est celle qui contribue à renforcer la cohésion sociale et à largement contribuer au développement de la cité. Une bonne justice peut stimuler la croissance économique en sécurisant les investissements, donc booster le développement de façon générale. Ce n’est un secret pour personne, les Maliens de plus en plus se rendent eux-mêmes justice allant jusqu’à brûler vif. Ceci démontre à suffisance que notre système judiciaire est affecté par des problèmes dont la solution requiert une très forte volonté politique, et surtout une participation responsable de tous les acteurs.»

Mariam Konté : «Des réformes salutaires pour une justice pour tous»
«La justice rime avec injustice au Mali du fait que c'est toujours le pouvoir des riches contre les pauvres. Une vraie décision de justice saluée par tous les Maliens est rare. D'après ce que j'entends sur la famille judiciaire, ils sont injustes puisqu'on peut les corrompre facilement comme tout Malien .Un pauvre n'aura jamais raison avec la justice malienne. La volonté affichée dans le cadre des réformes pourra aller de loin avec un engagement populaire. Les nouvelles mesures et actions en faveur de la justice, des magistrats, comme ils avaient eux- mêmes réclamées et obtenues lors de leur mouvement de grève illimitée.

Le tout est soutenu par une décision prise en conseil des ministres. Cela doit augurer de nouvelles réformes ; celles-ci doivent donner une occasion pour les magistrats de rendre la justice pour tous. Je ne suis pas contente de la justice, mais elle ne doit pas donner l'occasion au peuple d'avoir raison sur elle, et de ne plus sanctionner ceux qui ont raison.»

Miriam Dembélé : «Les concours à la justice, une affaire de bras longs»
«La justice est un principe moral fondamental, en vertu duquel des actions humaines doivent être sanctionnées ou récompensées en fonction de leur mérite au regard du droit et de la morale. Mais cela n'est pas du tout le cas au Mali, un pays d’Etat droit. Ici les justiciables font abus de leur droit. Avec l'argent, on peut avoir tout au niveau de la justice malienne. Les concours à la magistrature, c'est d'abord les fils des magistrats à la retraite en priorité, sans oublier que c'est un circuit fermé. Tout comme au niveau des avocats, les avocats ne veulent pas que leur nombre se gonfle. Du coup, ce n'est pas du tout facile avec eux.

Ils prennent le plus souvent leurs anciens stagiaires. Les autres sont obligés de payer ou avoir une connaissance qui a un bras long dans la justice afin d'être recruté. Ce qui donne une justice d'affaires, elle ne joue pas son rôle pour les pauvres. La justice n'existe pas. Dans le domaine foncier, il y a toujours des vieux en litige pour leurs titres fonciers. Ils se voient dépossédés de leurs terrains. Quant aux grandes dames, elles arrivent à renverser des situations en leur faveur par l'argent et par des relations. Les pauvres sont toujours ceux qui reçoivent les coups bas de la justice. Ils se voient dérobés de leur droit au profit des gens qui ont plus de pouvoir et plus d'argent».

Ibrahima Kébé Tamaguidé : «Développer et renforcer l'infrastructure judiciaire»
«Pour nous militants et responsables de l'Association Faso Kanu, il y a une nécessité urgente au Mali de mettre en œuvre une politique de justice basée sur l'État de droit et garantissant l'indépendance de la justice vis-à-vis de l'Exécutif et du Législatif.

À cet effet, l'Association Faso Kanu pense qu'il faut impérativement, conformément à l'esprit des pères fondateurs de la République du Mali, assainir la justice ; assurer une indépendance réelle de cette justice assainie et réaliser l'association du Conseil de la Magistrature aux décisions concernant les magistrats ; rapprocher la justice des justiciables ; assurer une plus grande diffusion des lois afin que nul n'ignore ses droits et devoirs. À cet effet, utiliser les langues nationales. L'Association Faso Kanu estime que pour satisfaire les besoins du peuple du Mali, dans le domaine de la justice, qu’il faut aussi nécessairement : développer et renforcer l'infrastructure judiciaire ; procéder à la relecture des codes avec prise en compte des us et des coutumes des populations afin d'assurer une meilleure intégration de la justice dans la société.

Il en résultera une meilleure adhésion du peuple à sa justice et une plus grande stabilité sociale. Garantir l'impartialité de la justice ; développer une éthique compatible avec l'Etat de droit ; restaurer l'autorité judiciaire ; humaniser la politique pénitentiaire et entreprendre sa réforme devant aboutir à l'insertion des délinquants dans la société (formation professionnelle, recherche d'emploi, peines de remplacement pour les détenus non récidivistes et non grands criminels de sang); permettre au droit pénal de lutter énergiquement contre le trafic de drogue, les crimes économiques graves, le banditisme et les crimes de sang.»

Abdoulaye Sogodogo, gardien de prison : «Le ministre n'a pas oublié les prisons et les prisonniers»
«La première fois que j'ai vu le ministre de la Justice, c'était ici à la prison centrale de Bamako, et c'était sa toute première sortie. Certains membres de son cabinet sont venus le trouver en visite parce qu'il avait surpris tout le monde. C'est pour cela que je dis que c'est le ministre qui n'a pas publié les prisons et les prisonniers. Parce que la visite de la grande prison était sa toute première sortie. Il était venu sans voiture ministérielle.

Face à la situation au niveau de la grande prison, le ministre de la Justice, Me. Mamadou Ismaïla Konaté, a été compréhensible vis-à-vis de nous, et tous les surveillants de prison. Les conditions carcérales, selon le ministre Konaté, elles sont exécrables. Il nous a dit ce jour que la prison n’est pas descriptible, c’est un mouroir. Il a déploré notre situation mais aussi celle des détenus. Avant de préciser qu’un plan de désengorgement des prisons est en cours. Lors de sa visite ici, 111 détenus ont été transférés à l’intérieur du pays et 500 autres la semaine suivante, avec pour objectif de limiter la population carcérale de la Prison centrale de Bamako à 800 détenus.»

Koundjou Nantoumé, policier : «Des promesses non tenues et le laisser-aller»
«J'étais au procès d’Amadou Haya Sanogo pour la sécurité de la ville de Sikasso. Mais, pour avoir nos sous, ça n'a pas été facile. Avant notre départ, nous avions mis des jours avant d'avoir de l'argent. Sur place aussi, c'était la même chose. La justice dans nos commissariats, tous les Maliens connaissent cette réalité. Vous voyez l'état de notre brigade judiciaire, cela illustre le travail qu'on fait ici. Et tous les commissariats sont comme ça à travers le pays.

La justice au Mali, c'est toujours comme ça, parce que tous les ministres qui viennent, c'est la même chose. Le ministre Mamadou Ismaïla Konaté avait bandé ses muscles au début. Il disait qu'il était l’avocat des juges mais pas complaisant avec les juges. Mais aujourd'hui, c'est comment ? Le même ministre avait dit à la télé qu’il n’était plus question de trouver un juge pourri dans la magistrature. Qu’il n'avait pas de pitié en rapport avec les syndicats de magistrats, mais aucun magistrat fautif n'est passé en conseil disciplinaire ou radié. Les mauvaises graines sont toujours à la justice. Il n'a rien pu faire contre eux. Les mauvaises pratiques minent la justice malienne. C'est toujours la corruption. Je ne vois plus le ministre actif, on dirait qu'on lui a cassé les ailes. Ce n'est plus le même et le gouvernement est comme ça dans notre pays.»

Dr. Lamine Sandy Haïdara, directeur général du Centre d’études et de recherche sociale (Crso) : «Je suis déçu de la justice malienne…»
«Je suis déçu de la justice malienne car elle ne reflète pas la réalité d’un pays démocratique. Quand vous avez un problème judiciaire au Mali, vous aurez tous les soucis du monde parce que rien n’est clair dans nos tribunaux de premières instances. Nos juges sont malhonnêtes. Je dis cela, sans ambages, et tout le monde sait que nous n’avons pas de juges intègres de nos jours. Nous vivons comme des «Troglodytes», c'est-à-dire la loi du plus fort. La justice malienne est pourrie, il y a trop d’anarchie. Avec leur statut particulier, ils profitent pour racketter les pauvres, exproprier abusivement les pauvres sans hésiter et renverser le verdict au vu et au su des justiciables. En réalité, la justice du Mali n’honore pas du tout la démocratie».

Dado Coulibaly, étudiante : «La justice, c’est de la merde»
«Parler de la justice au Mali, c’est parler de la merde. Tout d’abord, elle n’a aucune indépendance. Le président de la République interfère dans toutes les décisions judiciaires au Mali. La démocratie condamne cette pratique. Au Mali, il faut prier pour n’avoir pas un contentieux avec quelqu’un. Sinon, s’il est riche, le juge va rendre le verdict en sa faveur devant tout le monde pour te mettre en prison. Les tribunaux du Mali sont des lieux d’affaires. À mon avis, leur département de tutelle doit encore travailler pour assainir ce secteur».

Bou Diallo : «La justice malienne mène bien son travail»
«Je pense que la justice malienne est bonne car elle mène bien son travail sur les plans national et international. Elle fait un travail remarquable. Je leur fait entièrement confiance malgré les rumeurs. Quoi qu’on fasse dans ce pays, on trouvera certainement quelque chose à dire».
Awa Doumbia : «On a une justice qui vit dans la magouille»
«Je pense qu’il n’y a même pas de justice au Mali parce qu’on a une justice qui vit dans la magouille, l’injustice et la corruption. Au lieu d’être là pour défendre l’intérêt de la population, ils ne pensent qu’à remplir leurs poches».

Mory Nouhoum Samaké : «Il y a encore beaucoup à faire»
«Je pense que la justice malienne a encore beaucoup de choses à faire parce que quand on essaye de faire l’état des lieux de la justice, ça laisse à désirer, dans le sens où le citoyen lambda ne se sent pas du tout en sécurité. Pour quelqu’un qui sait que le Mali a pu surmonter une dictature de 23 ans et se retrouve encore dans un Etat où le faible se sent oppressé par le riche, ça laisse vraiment à désirer».

Batènè Traoré : «La corruption a gâté nos juges»
«Bon, je ne dis pas que c’est tout le système judiciaire qui est pourri, mais je dirais que, quand on voit certains aspects de la justice, c’est vraiment déplorable. En commençant par les relations entre les citoyens sur le plan civil et les rapports Etat-citoyens, tout est corrompu. Surtout ce que tout le monde sait, et il est compliqué d’en parler, c’est la corruption. La corruption a gâté nos juges. Ils prennent de l’argent de gauche à droite sans s’inquiéter des conséquences.»

Madou Sangaré : «Il est plus que temps que la corruption prenne fin dans notre Etat»
«Je pense qu’il est plus que temps que la corruption prenne fin dans notre Etat. Il ne s’agit pas uniquement de ce qui se passe dans les tribunaux, mais d’autres aspects de la vie de tous les jours. Lorsque l’Etat se fait respecter en faisant de son mieux pour garantir et sécuriser ses citoyens, alors là, les citoyens se diraient qu’ils sont dans un Etat de droit. Mais parfois les gens ont même peur d’aller à la justice avec leurs affaires, parce qu’on se dit automatiquement que tant qu’on n’a pas des sous dans la poche, mieux vaut ne pas y aller, parce que depuis au commissariat de police, les rackets commencent. Il est plus que temps d’oser dire certaines choses à nos juges»

Fatoumata Traoré : «C’est vraiment dommage»
«Quand on voit la tournure que certains procès prennent au Mali, franchement j’ai des regrets envers ma justice. Par rapport à des affaires que j’ai personnellement vécues et de certaines affaires dont je suis témoin oculaire. Dans un commissariat, quand les policiers en uniforme prennent de l’argent avec celui qu’ils sont censés protéger, c’est vraiment dommage. Je suis désolé de la justice de notre pays».
Propos recueillis par la Rédaction
Commentaires