La carte à jouer n’est plus compliquée pour le chef de l’Etat IBK dans son énième remaniement gouvernemental. En tout cas, au regard des têtes qui siègent depuis un moment aux conseils des ministres, le coup de balai fera des surprises. Nous sommes acteurs et observateurs de la vie de la Nation. Dans toutes les sphères de la société, les murmures nous parviennent, les confidences nouspersécutent et les complots nous tourmentent. Les conseils de ministres successifs sans nomination sont la preuve irréfutable que des têtes vont tomber et espérons que pour IBK, malchanceux et mal aimé, que ceux qui ont réanimé son pouvoir pourront aller au bout de leurs efforts.
Au moment où son Excellence Elhadj Ibrahim Boubacar Kéita observe l’horizon de la fin de son dernier mandat, les urgences se multiplient, certaines sont persistent depuis le début de son élection. Il lui faut avoir la main chanceuse pour une rare fois car les compétences ne manquent pas dans son gouvernement mais la rigueur et la franchise font défaut à plusieurs niveaux. Il faut évidemment mettre de côté, cette racaille dirigeante qui fait révolter la potentielle base électorale d’un Président qui n’est pas encore candidat. Reste-t-il une force et une chance à IBK ? Oui ! Son gouvernement et les jeunes qui ont fait mieux et beaucoup depuis qu’AIM est là.
Amadou Koïta de la jeunesse, Me Mohamed Ali Bathily des domaines de l’Etat, Kassoum Tapo des Droits de l’hommeet Me Baber Gano des Transports étaientles indéfectibles défenseurs de la révision constitutionnelle.
Dans une dynamique absolue de convaincre les maliens à adhérer au projet de réforme constitutionnelle, ces quatre spécialistes de la Rhétorique ont laissé des plumes dans l’opinion. Même s’ils n’ont pu changer le cours de la contestation, des compatriotes saluent leur détermination à rassurer le Président de la République. Entre la force des mots celle des arguments, il y avait une nuance et une réalité indéfendables. Si les deux premiers ont levé des zones d’ombres, portant haut et dur le débat sur plusieurs tribunes et plateaux, les deux derniers ont chauffé la bile d’un peuple qui voulait que sa voix soit prise en compte.Amadou Koïta est secoué par la crise qui sévit au sein du Conseil National de la Jeunesse, explosé et miné par des querelles de leadership. Me Tapo s’était montré maladroit à la télévision lorsqu’il qualifiait d’illégale et d’antidémocratique. Quant à Me Gano, catastrophe de l’équipe gouvernementale, il a estimé que la désobéissance civile pourrait s’apparenter à une déstabilisation du régime.
Arouna Modibo Touré, « le bouclier »
La tempête sur le front médiatique s’est un peu calmée depuis la venue de celui qui se surnomme affectueusement et amicalement Papou. Jeune dont la compétence n’est nullement mise en cause. La communication s’est améliorée sur les ondes de l’ORTM malgré l’humeur grincheuse de son DG adepte d’une censure inégalable. Très soucieux de la stabilité du pays, il conseille et veille sur les exigences qui font la presse ordonnée. Déjà, les medias étrangers, à travers leurs représentants, ont vu leurs accréditations renouveler. D’autres mesures visant valoriser la fonction des médias seront bientôt prises. Donc Arouna Modibo Touré, venu au poste avec une autosuffisance financière engrange des points capitaux avec les opérateurs de téléphonie et d’autres partenaires prêts à moderniser la communication. Faut-il trop le rappeler, le passé est une tâche que le temps ne saurait effacer. La permutation de l’homme peut être plus productif dans un autre département, mais apparemment le très bon management qu’il opère nécessite de le laisser avec une presse qui ne tire pas en sa présence.
Mohamed Ali Ag Ibrahim et l’Industrie
A l’heure de l’industrialisation, le choc est nécessaire pour résorber de nombreux chômeurs pouvant servir de main d’œuvre. Les frondeurs de Koulikoro ont contraint une coalition de ministres à prioriser l’examen et le dialogue. Disons la vérité, cette ville stratégiquement et économiquement étouffée par la capitale ne survit plus. Même si la situation actuelle n’est pas un fait du pouvoir actuel, des engagements ont été pris à cet effet. Et avec le forum de Décembre ‘’Invest Mali’’, Mohamed Ali Ag Ibrahim aura largement les possibilités de magnifier toutes les initiatives qu’il a prises ici et ailleurs avec des partenaires qui ont entamé leur processus.
Pour ceux qui n’ont pas de réelles convictions à l’extérieur d’un ministère, la respiration devient difficile, la motivation perd son sens et la psychose se créé.
Mamadou Ismail Konaté de la Justice, Salif Traoré de la Sécurité, et Maouloud Ben Kattra de l’emploi
Les grandes erreurs du régime, là où rien n’a vraimentpas marché, c’est dans le secteur de la justice. Les magistrats ont été les vedettes des medias dans un combat dont la légitimité ne se discute pas. Là où les spécialistes de la surfacturation et les criminels de l’horreur se baladent, les moyens de l’Etat sont mobilisés contre des journalistes pour avoir dénoncé ou révélé des affaires qui n’honorent point une République. Avec les récents recrutements, l’Etat aura-t-il définitivement les mains liées face aux exigences financières des revendications anciennes et nouvelles. Le garde des Sceaux, Mamadou Ismail Konaté, avait engagé des mesures au compte de son secteur, mais la réalité dans la justice est alarmante. Tout n’est certes par de sa seule responsabilité. Mais les engagements du chef de l’Etat sont loin d’être atteints.
A la sécurité, les efforts sont quand même visibles dans l’équipement, dans la formation et dans le recrutement des hommes. Même si cela n’est pas le fait du seul ministre général de Brigade Salif Traoré, il a élaboré des textes et proposé des reformes salutaires. Les commissariats et les brigades de gendarmerie font de mieux en mieux des exploits visant à soulager et à diminuer le banditisme et le vagabondage. Le choix des hommes estimportant, les stratégies le sont plus et le ministre de la sécurité assure globalement.
Housseini Guindo,le vrai poids lourd de la majorité présidentielle
Sur un plan purement politique, la CODEM est la seule vraie alliée du chef de l’Etat. Même si le Ministre Housseini Amion Guindo n’a pas clairement donné une position pour 2018, rien ne le retient hormis ses engagements qui le lient à IBK. C’est l’un des rares ministres depuis 3 ans à pouvoir se targuer d’un bilan positif en dépit de l’historique crise de la fédération malienne de football. C’est sur le plan sportif qu’IBK possède la meilleure mention et l’Afrique devra primer le ministre Poulo pour les efforts et les actes qu’ils consacrés à son pays. Dans tous les cas de figures, la CODEM est une alliée qu’il ne faut perdre. Stratégiquement et loyalement, c’est une carte, en plus du RPM, indispensable à un éventuel score honorable pour IBK. La récente tournée du ministre des sports, président de la Codem dans la région de Sikasso est une exploration du climat politique en vue de tirer les stratégies qui s’imposeront.
Les ministres Adema,Deséquations à équilibrer !
Adama Tiémoko Diarra,Abdel Karim Konaté dit Empé, Tiémoko Sangaré sans oublier Moustapha Dicko, représentant spécial du chef de l’Etat auprès de la Francophonie,constituent la marque d’une vision politique que caractérise l’international socialiste. Ils ne peuvent pas longtemps tourner en rond leurs partisans et leurs militants sur une question. L’Adema est une force incontestable de la scène politique malienne. Mais le volcan interne qui s’apprête à exploser doit nécessiter la lucidité d’IBK, président en grande difficulté dans l’opinion. L’Adema possède les moyens de remporter la magistrature suprême, mais tous les leaders du parti n’en sont pas convaincus, du moins, certains estiment qu’il faut accompagner IBK, d’autres ont lancé en toute responsabilité leur machine. L’aiguille est entre la soumission et la démission de ces hommes qui comptent dans l’histoire démocratique d’un Mali en voie de restauration.
Thieman Hubert Coulibaly, le contraste !
Le choix d’un ministre dépend d’une certaine moralité, pas forcément à tous égards, mais à une certaine échelle sociale. Les gaffes qui sont commises expressément, rafistolées par des arrangements mensongers, doivent nécessiter au moins de petites excuses à l’endroit du peuple, cette vague de maliens qui ont confié à un homme parmi tant d’autres, leur confiance et leur espoir. Son immobilisme peut être une source de tension dans un pays où certains croient que le gouvernement ne fait rien pour que les élections soient à hauteur de souhait. Pour un chef de l’Etat qui a récemment retiré son projet de révision par souci de stabilité et de cohésion nationale. Oui, toutes bêtises n’ont pas été du fait du chef de l’Etat, la responsabilité peut être collective dans un exécutif, mais de ministre comme Thieman Hubert n’inspire pas la confiance qu’IBK veut ramener. Il est stratégique pour le reste du mandat, avec ses amitiés au haut sommet, c’est possible qu’il se ressaisisse et surprendre.
Raky Talla, un pare-chocs !
La fonction publique, département où des hommes ont laissé des plumes, connait certes des turbulences, mais aussi des améliorations grâce aux efforts consentis à travers l’augmentation de certaines grilles salariales. Son rôle de chargée de relations avec les institutions marche à merveille, en tous cas, la complicité avec les institutions se passe de commentaires. Quant aux nombreuses grèves, elles sont certes au compte de la fonction publique, mais elles relèvent plus des départements concernés auxquels elle vient en appui. Les échecs dans le domaine de la santé l’engagent, mais les limites d’un ministre sont bien connues. Personne ne peut engager unilatéralement l’Etat sans l’aval de son Premier Ministre ou de son chef de l’Etat. Elle connait mieux les dossiers, elle siège depuis un moment, donc IBK pourrait lui permettre d’aller au bout de ses efforts.
Pour le commandant en chef qu’IBK incarne, les pouvoirs sont énormes entre ses mains.Il lui faut savoir conserver ses atouts, corriger les maladresses et débarquer, sans état d’âme, les maillons faibles d’un gouvernement qui apparaît comme meilleur et plus actif depuis son élection en 2013. Il ne s’agit plus seulement que des ministres ou ministrables aient la volonté de l’accompagner, il leur faudrait avoir obligatoirement les compétences pour réaliser les urgences sociales présidentielles.