On n’a pas dit ça ! Ce qui se fait là… On n’en n’a même pas décidé ! Quid quid recipiture ad modum recipientis recipiture. Tout ce qui est reçu est reçu selon la capacité de celui qui reçoit. De l’extérieur, ce que vous nous renvoyez n’est pas forcément ce que vous pensez, et vous le savez bien.
Nous sommes moins érudits que vous. Je reste toujours dubitatif. Je sais que c’est difficile de transformer la vie d’une nation. Mais de vous à moi, en dehors du bruit des sitars et cymbales, la voix d’accompagnement ne suit toujours pas le rythme du diapason.
Monsieur le président, après votre sainte colère que s’est-il passé ? C’est de la haute politique dont vous parlez ? Tout pour moi, rien pour les autres ? Tout genou doit-il fléchir devant sa majesté pour vivre un peu plus pleinement ? Donnez raison à ceux qui, avant votre élection, faisaient de vous l’homme le plus machiavélique qu’a connu la terre, aurait été une erreur stratégique.
Ce que nous n’arrivons pas à nous expliquer, c’est votre changement brutal. Désirs immodérés à humilier et à vaincre vos amis d’hier, qui d’une manière ou d’une autre, vous ont fait président. La propagande politique et l’envie d’un mieux-être pour les Maliens que vous avez présentés tout au long de votre campagne présidentielle, comme constituant les travers du régime défunt, ont été repris par vous-mêmes comme par enchantement. Il vaut mieux en rigoler, sinon l’on ne cessera jamais d’en pleurer. Le sage ne postulait-il pas : « le pouvoir corrompt » ?
C’est pathétique ! Un pouvoir quel qu’il soit, ne vient pas affamer tout un peuple au profit d’une caste. Vos actions manquent d’humanisme. Il n’y a pas que des gens qui vivent dans l’opulence dans le pays. Se faire deux repas par jour depuis votre installation n’est plus aisé. Les réformes sont nobles, mais toute réforme qui ne prend pas en considération l’homme et tout l’homme, est mauvaise. Les rumeurs sont parfois des vecteurs de sondage. Il n’y a donc pas de fumée sans feu. N’est-il pas temps que les conflits d’intérêt, la propagande politique autour de votre programme d’actions du gouvernement -qui reste en grande partie des intentions-, soient rangés au profit d’une gouvernance de qualité ?
L’intelligence qui ne sait pas se mettre à genoux mettra un jour le feu à la forêt. Ecouter, rien qu’écouter les gens qui vous disent ce que vous voulez entendre, vous conduira droit dans le culte de la personnalité. L’individu qui vous apporte une information a toujours un intérêt derrière. Je sais que vous n’êtes pas simple d’esprit. Juste un élément de raison. Vos collaborateurs immédiats sont des cachotiers. La rupture et le changement sont-ils différents ? La rupture en l’état, n’a encore rien apporté de concret. Au demeurant, le triomphe est loin de vous. Catigare regendo mores. On peut corriger les mœurs en riant, les fautes en s’amendant, dans le lieu et le temps indiqués. La rancune n’est pas le meilleur mode de fonctionnement d’un dirigeant politique. D’ailleurs, dans la simple vie, tous les esprits ne peuvent jamais s’accorder sous une philosophie de vie commune. Préférer la tolérance à la dictature vous garantira une longévité politique et humaine, aussi…
Monsieur le président. Vous avez tout. Vous êtes un homme exceptionnel. La seule chose qui ne vous sera pas pardonnée, c’est votre échec à la tête de cet Etat. Idem non esse, car il revient au même de ne pas avoir un droit que de l’avoir et de ne pouvoir le prouver. Dans tous les cas, lorsque le roi accorde audience et que le pagne royal tombe, il veut qu’on le laisse seul. Pensez-y, après que notre pays a célébré ses 57 ans de souveraineté nationale.