La Fédération Malienne d’Athlétisme ( FMA) est minée par une crise, à moins de deux mois des assises. Des membres du bureau fédéral sont sous le coup d’une suspension. A Sikasso deux ligues se disputent la légitimité, et l’affaire est pendante devant le tribunal Administratif. Nous avons approché l’ancien président de la FMA, Idrissa Bah afin qu’il jette un regard sur la discipline. Le doyen donne sa recette, et appelle les uns et les autres à laver le linge sale en famille, afin que des travaux sortent de meilleures résolutions possibles pour le développement et le rayonnement de l’athlétisme.
Aujourd’hui : onsieur le président, quel regard portez-vous sur l’athlétisme Malien ?
Idrissa Bah : Je me suis volontairement éloigné de l’athlétisme, compte tenu de beaucoup de choses. Si le chef de village ne se méfie pas, tout acte qu’il poserait peut être mal interprété. Les gens qui n’ont pas une ouverture d’esprit, peuvent dire qu’il cherche à détruire le village. Or il a quitté le village volontairement. J’avais décidé de m’intéresser à l’athlétisme, afin qu’il se porte mieux, et engranger plus de résultats. A partir de certaines remarques, pour ne pas gêner le fonctionnement du Bureau Fédéral, ma démarche ne serait pas comprise.
Je reconnais que le bureau fédéral s’est débattu avec les armes, pour que les compétitions se déroulent normalement. A la veille des élections toute prise de position serait mal interprétée. Je préfère me réserver. Membre du Conseil National de l’Athlétisme, et président d’honneur, je me ferai le devoir d’y être, et en ce moment nous débattrons de l’avenir de l’athlétisme. J’aurai l’occasion de dire en face mes appréhensions, mes satisfactions, mes insatisfactions. On ne peut construire que dans l’unité et dans la concorde. Personne n’est aussi intelligemment puissant pour diriger seul une discipline comme l’athlétisme. Il faut une collégialité. J’en appelle à cet esprit de convivialité qui a toujours existé dans l’athlétisme, que ça soit au Mali ou ailleurs. Parce qu’en athlétisme, on a toujours jeté des fleurs sur le vainqueur et le dernier. Ils sont tous applaudis. Qu’on fasse tout pour ne pas détruire cet esprit de convivialité.
Avez-vous des appréhensions par rapport à l’Assemblée Générale de la FMA, prévue le 26 novembre prochain ?
A ma connaissance il y’a beaucoup de dossiers, qui sont des potentialités de discorde. A titre d’exemple, une situation de litige est pendante devant le tribunal administratif de Sikasso. Il y’a deux ligues qui réclament chacune la légitimité de conduire la ligue de Sikasso. Je ne crois pas de 1960 à aujourd’hui, que de telle situation se soit produite. En tant que président d’honneur, nous estimons qu’une situation conflictuelle devrait être réglée en famille, et non devant les tribunaux. Les présidents d’honneur ont montré leur disponibilité à chaque fois qu’on leur a fait appel. Il y’a des suspensions des membres de bureau, qui risquent de poser des problèmes au cours des assises. Le linge sale devrait être laver en famille, comme nous avons l’habitude de le faire. De tels déchirements à d’autres niveaux pour certaines disciplines doivent être écartés par le dialogue fécond. Entre autres nous faisons économie des autres appréhensions à la veille des élections. Je ne saurai être un frein afin que le bureau fédéral conduise les prochaines assises dans la sérénité.
Est-ce qu’en votre qualité de président d’honneur, il arrive que le bureau fédéral vous consulte ?
La présidente de la FMA et le secrétaire général me consultaient régulièrement au début du mandat. Actuellement de temps en temps nous échangeons par courriel sur les résultats des compétitions organisées par la FMA, ou auxquelles elle a participées. J’ai eu à donner des conseils en fonction de mes analyses, qui peuvent être erronées, pour la personne selon le sens qu’elle en donne. Mais je me suis efforcé à conseiller. Pendant les compétitions internationales, je leur apporte le soutien moral. Parce qu’en ma qualité de membre d’honneur de la Confédération Africaine d’Athlétisme, je participe à ces compétitions, où l’équipe nationale et la Fédération sont présentes. Même quand j’ai été nominé pour recevoir l’épingle de Vétéran de l’Association Internationale des Fédérations d’Athlétisme (I’IAAF), la plus haute distinction décernée par l’instance, j’ai désigné la présidente de la FMA à recevoir cette distinction en mes lieux et place. Ce qui veut dire qu’il y’a eu toujours des contacts assez réguliers entre la FMA et ma modeste personne. Ce n’est pas moi qui ai rompu. Je reste à la disposition de la Fédération pour toute fin utile, pourvu qu’on me demande. Je souhaite un plein succès aux prochaines assises, afin que des travaux sortent de meilleures résolutions possibles pour le développement et le rayonnement de l’athlétisme.
Parlons de cette bourse que vous avez accordée à l’époque à une basketteuse et athlète, Aïssata Guinto. Trente-cinq après elle vous est reconnaissante avec des mots justes, pour magnifier votre geste. Votre réaction ?
Je remercie infiniment votre journal, pour m’avoir donné l’occasion de réagir au comportement d’une ancienne basketteuse, mais qui s’est aussi distinguée dans l’athlétisme. A mon âge je ne dois pas être dépassé par l’émotion, mais quand j’ai lu l’article dans votre journal, j’ai versé des gouttes de larmes. Elle mérite tout mon respect. Aujourd’hui je tiens à préciser que l’attribution des bourses n’était liée à aucune complaisance. Aïssata Guinto méritait la bourse, et je n’ai joué que mon rôle. Le contraire serait une faute administrative de ma part. Guinto portait le drapeau national à l’extérieur quand les bourses sont venues. Je suis parti prendre les dossiers avec ses parents, pour remplir les différentes formalités. Le fait qu’elle soit retournée avec un diplôme d’ingénieur, me réconforte, et démontre que je n’ai pas été complaisant en l’attribuant la bourse. Son poste à l’EDM en dit long sur sa valeur intrinsèque. Le sport est un monde ingrat. Mais Aïssata Guinto fait sa reconnaissance dans un journal, d’autres (les enseignants, les élèves) l’ont fait par lettre. Je leur reconnais ce bon comportement, y compris celui de l’ancien ministre Mamadou Gaoussou Diarra. Toute ma famille était fière de l’attitude de Guinto, et je l’ai appelée pour la remercier. Elle était active en basketball, en athlétisme, et elle étudiait en même temps. Quel courage ! Bref Guinto est une référence.