Art et CultureL’émission ” Anw Bôkolo ” (nos racines) animée par Aïché Baba Kéïta : Une école où chaque malien apprendra à se connaître et à connaître les autres
Une école où chaque malien apprendra à se connaître et à connaître les autres
Diffusée sur l’Ortm, ” Anw Bôkolo ” ou ” nos racines ” est une émission télévisuelle mensuelle grand public sur les patronymes maliens. Qui sommes-nous ? D’où venons-nous ? Quels sont les patronymes avec lesquels les Maliens exercent le cousinage à plaisanterie et pourquoi ? Quelles sont les étapes d’implantation des patronymes ? Pourquoi ailleurs ces patronymes changent-ils et se disent-ils autrement ? Autant de questions dont les réponses fournies par des chroniqueurs, historiens, ethnologues, chercheurs, linguistes, anthropologues, conservateurs de musées et hommes de caste permettront d’éclairer les téléspectateurs sur les origines de leurs patronymes. Initiée et animée Mme Touré Aïché Baba Kéita qui n’est plus à présenter, ” Anw Bôkolo ” est distractive avec des jeux-concours sur les cousinages à plaisanterie, les totems.
Parlant du concept de l’émission, Mme Touré Aïché Baba Kéita a expliqué que “Anw Bôkolo” est une émission d’information, de formation et d’approfondissement des connaissances sur les patronymes maliens. A ses dires, l’émission est une école où chaque malien apprendra à se connaître et à connaître les autres. Car, a-t-elle ajouté, “chaque malien vient de quelque part “. Evoquant la justesse de la création de l’émission, elle argumenterait que “les sociétés africaines ont connu de profondes mutations dues au développement de la science et de la technique et aussi et surtout à l’évolution des modes de vie et de la cellule familiale. Les familles macro ont tendance à se disloquer du fait du changement des mentalités et des comportements. L’individualisme s’installe. Les difficultés économiques poussent de plus en plus de jeunes à limiter les naissances et à fuir la “grande famille paternelle” où chacun travaille pour tous. L’argent se trouve au cœur de la vie et commande les relations interpersonnelles, interfamiliales et inter-nations. Rien ne peut plus se faire sans argent à telle enseigne qu’il a extraverti le rapport père-enfant, mère-enfant. Il faut faire vite pour amasser le maximum de ce sésame tant indispensable pour construire son logis, fonder un foyer, préparer l’avenir de ses progénitures et garantir ses vieux jours. En faisant vite, on saute des paliers, des étapes souvent nécessaires à la consolidation de ce qu’on doit savoir et pouvoir faire. En faisant vite pour parvenir à ces fins, on oublie l’essentiel, l’essence de ce qu’on est, d’où l’on vient et où l’on part. La précipitation, le raccourci peuvent nous conduire à ne pas nous reconnaître parce qu’il n’aura pas permis cet enseignement de soi et donc des autres, cet enseignement que l’on apprend à ” l’école de la famille ” et qui se transmet de génération en génération et par étapes successives dont chaque étape correspond à un cycle, un niveau de formation, de connaissance de savoir et de savoir-faire “ a-t-elle expliqué.
Dans sa lancée, Mme Touré Aïché Baba Keïta de rappeler : “Hier, il n’était pas possible de sauter ou d’occulter une seule étape, chaque étape étant considérée comme une classe, un cycle de formation. C’était à l’issue de tous les cycles suivis par l’enfant, par l’apprenant et sur la foi de ses professeurs qui auront soumis l’enfant à différents tests que le conseil de famille déclare l’enfant apte à servir, à s’arrimer au nom de la famille, du clan. Aujourd’hui, nos jeunes griots, griottes ou paroliers et autres hommes et femmes de caste qui animent les cours des grands, les mariages, baptêmes et même les funérailles ne sont pas passés pour la plupart par ces écoles qui devraient les former pour la vie. Ils ignorent l’histoire de leur propre famille, de la société de laquelle ils sont issus, celle de leur ethnie. Ils ont retenu des bribes de déclarations qu’ils ont certainement entendues ici et ailleurs, au cours de cérémonies et qu’ils répètent à l’envie sans en comprendre le sens. Pour ces jeunes tous les Traoré sont de la même origine, ont la même histoire. Tous les Kéïta sont des descendants de Soundiata et tous les Diarra de Damonzon, etc. comme si ces patronymes ne sont pas antérieurs à ces chefs de guerre, à l’implantation même des royaumes ou empires. La folie de l’argent, du gain facile les a rendus aveugles, incultes à la limite. C’est ce qu’il faudrait arriver à corriger si nous ne voulons pas perdre notre âme, notre identité. Et c’est ce qui justifie cette nouvelle émission que nous proposons à notre jeunesse, celle qui doit être détentrice et protectrice de nos savoirs ancestraux, de notre patrimoine historique et culturel”.
L’émission “Anw Bôkolo” qui est réalisée une fois par mois est parrainée chaque mois par les patronymes du jour et leurs cousins à plaisanterie. Et le groupe d’apprenants (constitués de jeunes griots âgés de 10 au moins et de 20 ans au plus) sera tiré au sort. Après chaque émission, les apprenants sont soumis à un test qui les mettra en situation. Ils seront jugés par un jury de personnalités du domaine. Et les meilleurs recevront le “sceptre du chef” et des récompenses diverses.
Philosophie de l’émission
La philosophie de l’émission, c’est d’amener sur le plateau de télé un Djéli, un Noumou, un Garanké, un Mabo, un Founé. Chaque homme ou femme de caste passera une fois par mois à l’émission pour expliquer les fondements de l’apprentissage de sa profession et développera les origines, les sites d’implantation, la signification d’un patronyme choisi par le professeur. L’émission se déroulera sous forme de “Sumu” avec des spectateurs qui paieront ou pas le ticket d’entrée, des djatigui des griots ou forgerons qui constitueront l’école de formation.
Aïché Baba Kéïta : une animatrice pétrie de talents
Titulaire d’un Diplôme universitaire de technologie (Dut) en finance comptabilité à l’IUG, d’une licence professionnelle en gestion des ressources humaines à l’Imatec, d’un Master 1 et d’un Master 2 en marketing-Communication, Mme Aïché Baba Kéïta, mariée et mère de deux enfants, n’est pas une inconnue dans le domaine de l’animation et de communication. Elle a été découverte par le grand public lors de l’émission téléréalité “Case Sanga 1” sur Africable télévision, avant d’aller co-animer à l’Ortm des émissions “Magnanmagan” produites par Blonba d’Alioune Ifra N’Diaye et “Samedi Loisirs”. Elle a été animatrice et chargée de reportage du magazine “Baara” de l’Anpe produit par Blonba et diffusé sur l’Ortm, membre de la commission d’organisation et communication événementiels et spectacles de Blonba comme Souraka mousso Laley, le 1er One woman show au Mali ; communication Nord-Sud (théâtre) ; Bougougnere invite à diner (théâtre). Elle a été membre de la Commission nationale d’organisation pour la participation des collectivités du Mali aux Africités d’Afrique du Sud (2015) et de Dakar (2012). Elle a été agent à la division communication de l’Anict en 2011 avant d’être chef section réalisation et production de la division communication Anict (2012) puis chef division communication de la même boite en 2014.
Aïché Baba Kéïta a effectué des stages de formation à la Bim-sa, à l’Ortm, au Cifap de Paris sur l’animation d’un plateau télé, animation télé et radio. Elle a été consultante à l’Agence Spirit Erikson. Elle a participé à la conception et aux négociations avec les partenaires du programme télé “Citoyens nous sommes”, une émission sur les collectivités et la citoyenneté. En 2009, elle a fait une formation accélérée en Anglais au New York langage center (Usa). En formation continue, elle a effectué une formation en partenariat public et privé en 2015 au Centre de formation pour le développement (Cfp) en partenariat avec l’Enap Québec, une formation en aptitudes de direction en 2016 au Cfp. Elle a participé à l’Assemblée et “Conférence” du district 9100 Rotaract (Rotary) 2008 Accra (Ghana) ; 2006 Grand Bassam (Côte d’Ivoire) ; 2005 Cotonou (Bénin) et membre de la commission d’organisation 2004 Bamako. Elle a des connaissances en informatique et parle le Bambara, le Français et l’Anglais.