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Demba Diabira, président du Haut Conseil des Maliens de France : « la question d’engorgement du seul Consulat du Mali se pose avec acuité aujourd’hui»
Publié le lundi 9 octobre 2017  |  Le Sursaut
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Trois cent mille, Un million Cinq Cent ou Trois Cent mille âmes, aucune statistique fiable n’est donnée par rapport au nombre des Maliens qui vivent en France. Ce qui reste évident, c’elle qu’elle constitue la deuxième plus grande communauté étrangère derrière celle de l’Algérie, vivant sur le sol français. Pour s’imprégner des conditions de vie de cette frange importante de la diaspora malienne à l’extérieur, nous avons interviewé, l’actuel premier responsable de la section du Haut Conseil des Maliens de l’Extérieur (HCME) de France, Demba Diabira.

Le Sursaut : pouvez-vous vous présentez ainsi que votre organisation ?



Demba Diabira : je suis Demba Diabira le président du HCME de France, qui est un démembrement légal de la structure mère du Haut Conseil des Maliens de l’Extérieur. L’objectif de cette association est de regrouper l’ensemble des Maliens en France, quel que soit leur lieu de résidence au sein d’une même organisation. Notre rôle c’est de contribuer à promouvoir l’image et la culture du Mali en France, de veiller aussi sur les intérêts matériels et moraux des Maliens de France, d’assurer l’interface entre les autorités maliennes et françaises. Donc, nous sommes l’interlocuteur à la fois du pays d’accueil et de notre pays d’origine, le Mali.

Comment se porte la section de France du HCME ?

D.D : le Haut Conseil des Maliens de France se porte bien. Comme toute structure de telle importance, il ne traverse pas un long fleuve tranquille. II y a des hauts et des bas. C’est ainsi qu’il a connu récemment un changement majeur. Plus précisément à la date du 28 mai 2016, suite à la révocation de son ancien président, en cause des problèmes de bonne gestion tant financière qu’administrative de la structure. Ce dossier est pendant devant les juridictions françaises, dont nous attendons le verdict final à ce sujet. Mais pour le reste, je pense que ce qui intéresse la communauté malienne c’est de continuer à gérer leurs affaires courantes. Toute chose qui a été aussi la position de nos autorités publiques, qui ont tout simplement dit qu’à partir du moment où un bureau légitime est en place, issu de la volonté légitime des Maliens de France, qu’elles reconnaissent ce bureau dont le président est Demba Diabira pour assurer le restant du mandat jusqu’en 2019. De ce fait, les choses sont claires à ce niveau là, étant donné que l’instance dirigeante du HCME a validé ce changement. Pour les Maliens de France les choses continuent en leur état normal. Nous sommes dans les activités avec des associations pour la prise en compte des préoccupations des Maliens de France. Nous participons à tous les événements aussi bien au niveau de la France que du Mali dans le cadre de la vie du Haut conseil.

On constate que le Haut Conseil des Maliens de France fait profil-bas face aux réelles préoccupations et aux sollicitudes de la diaspora malienne de France. Il n’a pas fait preuve de grande visibilité lors de la grogne soulevée autour des questions d’acquisition des cartes Nina, des passeports et même du rapatriement sauvage de nos compatriotes. Qu’est ce qui explique cet état de fait ?

D.D : je pense que c’est mal connaître le travail abattu par le Haut Conseil. Sinon il ne fait aucunement profil-bas face aux préoccupations des Maliens. Nous avons toujours été à l’avant-garde de toutes les questions essentielles, surtout en ce qui concerne la question du Ravec. Nous avons tous les éléments qui attestent notre engagement. Nous avons fait des correspondances, nous avons rencontré les différentes autorités par rapport à la question de la carte Nina. Des rencontres périodiques avec le Consul Général du Mali en France qui gère ces questions sur le plan local. Donc nous sommes en étroite relation avec les autorités maliennes sur ces questions là. Nous avons même eu à demander en lien avec d’autres associations, la décentralisation de l’opération de recensement dans d’autres régions de la France, telles que Lille, Strasbourg et bien d’autres. C’est vrai que le Haut conseil n’a pas évolué tambour battant pour montrer qu’on fait ceci ou cela. Pour preuve, nous travaillons efficacement avec la dynamique de ‘’foyers’’ depuis un certain nombre d’années, ce qui a fait que la majeure partie de l’opération Ravec s’est tenue dans les foyers où résident la majorité de nos compatriotes. Nous ne faisons pas de bruits comme d’autres, mais je pense que la question du Ravec va même au-delà du Haut Conseil de France, car elle nous concerne tous à titre individuel. Aujourd’hui la biométrie est une nécessitée pour la sécurisation de notre état civil. Un grand avantage pour nous, car il est difficile de vivre en France si l’on ne dispose pas de pièces établies en bonne et due forme et numérisée. C’est pourquoi pour nous c’est une question cruciale, que nous ne pouvons négliger au bien de tous les Maliens de France. Surtout que la carte Nina est aussi un outil de la citoyenneté. Car on ne peut pas voter sans cette carte.

Quelles sont vos relations avec les autorités compétentes, notamment le ministère des Maliens de l’Extérieur, l’Ambassade et le Consulat Général ?

D.D : comme j’ai eu à le dire notre rôle c’est d’établir une relation de collaboration, de travail étroit avec toutes les autorités en charge des problèmes des Maliens de France. Donc, au quotidien, nous faisons remonter les préoccupations des Maliens de France auprès des autorités diplomatiques et consulaires. S’il y’a des éléments qui dépassent la capacité de ces autorités, nous nous attelons à les faire remonter au niveau de Bamako, via le secrétariat permanent du Haut Conseil des Maliens de l’Extérieur, dont le président Habib Sylla reste attentif aux questions de nos compatriotes de la diaspora, surtout de France pour amener la question au niveau de l’autorité publique concernée. De même, si nous sommes sur le terrain, nous nous attelons à saisir le ou les départements indiqués pour la résolution des problèmes soulevés. Par exemple s’il s’agit d’une question sécuritaire on va voir avec le ministère de la Sécurité ce qu’il y’a lieu de faire, idem pour le ministère de l’administration lorsqu’il s’agit de la question de cartes Nina, ainsi de suite.

Concrètement vous pouvez nous rappeler quelques actions que vous avez eu à poser sur ces questions ?

D.D : Bien sûr, par exemple par rapport à la question de la sécurité dans la région de Kayes, où l’on constate la multiplication des attaques à main armée sur les trajets et villages, il y a eu des manifestations, des mémorandums rédigés. Par exemple au niveau de Yelimané, nous avons travaillé avec les ressortissants de Yélimané en France pour la rédaction d’un mémorandum à remettre à l’ambassadeur du Mali en France à la suite d’une marche de protestation. Le Haut conseil s’est investit pour qu’on puisse rencontrer l’ambassadeur, échanger de vives voix avec lui sur les préoccupations des Maliens ressortissants de Yélimané et lui remettre en mains propres le mémorandum. Aussi, avec la CADERKAF (Coordination des Associations de Développement de la Région de Kayes en France) nous avons posé sur la table la même question d’insécurité, cette fois-ci à dimension régionale à travers un forum, auquel toutes les autorités compétentes ont pris part. Donc nous sommes sur tous les fronts où nous avons été sollicités par les individus, les associations, à travers les événements ou d’autres actions. Nous avons aussi eu à accompagner des familles, dont récemment celles touchées par un incendie à Grigny, des familles ayant perdu tous leurs papiers et objets de valeur. Nous les avons accompagnés, surtout au niveau du Consulat pour le rétablissement de leurs pièces d’identité civile. Une action qui s’est soldée par un succès grâce à l’accompagnement du Consulat Général du Mali en France.

Sur la question de rapatriement des corps, vous savez que les Maliens de France sont pour la plupart organisés en associations villageoises ou caisses communautaires. Grâce aux cotisations des uns et des autres la prise en charge des cas de rapatriement des corps est assurée. En cas de difficultés, nous intervenons pour facilité l’acquisition des pièces administratives et sanitaires, surtout pour ceux qui n’adhèrent pas à ces associations.

Particulièrement quelle est votre relation avec le ministère des Maliens de l’Extérieur ?

D.D : Nous travaillons beaucoup avec ce département. D’ailleurs le ministre en charge de ce département fait beaucoup de déplacements en France. Nous mettons à profit ces occasions pour discuter avec lui des questions qui préoccupent nos compatriotes vivants ici. Il connait bien nos difficultés et entreprend des actions pour les résoudre. Nous comptons toujours sur son soutien pour continuer à faire un plaidoyer auprès du gouvernement sur les préoccupations des Maliens de l’extérieur en général et ceux de France en particulier.

Aujourd’hui les Maliens de France se plaignent du traitement qui leur est réservé au niveau de leur Consulat. Est-ce que le HCME de France a fait quelque chose en ce sens ?

D.D : Cela peut être vrai. Je ne suis pas là pour faire l’avocat du Consulat, mais force est de reconnaître que ce service est aujourd’hui confronté surtout à un problème d’engorgement. C’est-à-dire que, vu le nombre de Maliens en France, comparé à d’autres pays dont le Sénégal (qui a plusieurs consulats et bureaux consulaires), un seul Consulat ne peut pas être efficace pour gérer avec diligence les dossiers pour lesquels il est saisi. Sur la question nous avons écrit officiellement au président de la République pour l’ouverture d’autres consulats dans les régions parisiennes et à Lyon par exemple. Il faut reconnaître que la question d’engorgement du seul Consulat du Mali se pose avec beaucoup d’acuité aujourd’hui. Nonobstant il faut rappeler que des actions ont été menées depuis un certain temps, par exemple dans la bonne conduite du Ravec. Les équipes en place sillonnent les régions à partir d’un programme régulièrement communiqué par nous aux Maliens de France, partout où ils se trouvent. De même pour l’acquisition des passeports il faut noter des améliorations dans la réduction des délais.

Peut être on peut toujours mieux faire, mais vu quand même les moyens qui sont à sa disposition, le Consulat fait le maximum, il faut le reconnaître. Surtout le nouveau Consul, qui reste actif sur le terrain, il n’est pas quelqu’un qui passe des journées assis dans son bureau. Des gens peuvent se plaindre, c’est légitime, nous notre combat c’est que tout soit mis en œuvre pour la satisfaction des Maliens de France.

Interview réalisée par Moustapha Diawara

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