Dans son rapport publié sur la situation au Mali, le secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres a reconnu que « le refus des groupes armés signataires de remettre la liste de leurs combattants demeure le principal obstacle au processus de désarmement, de démobilisation et de réintégration qui doit débuter le 15 octobre 2017 ». Une information qui sonne comme un aveu d’impuissance de l’organisation la plus puissante du monde (ONU) devant des groupes armés qui sévissent dans le nord du Mali.
Qui a dit que des sanctions seront prises contre ceux qui porteront entrave au processus de paix et de réconciliation au Mali ? Celui qui vient de dire dans un rapport que « presque aucun progrès n’a été fait dans l’application de l’Accord pour la paix » minimise l’effort consenti par le gouvernement du Mali dans sa quête pour la paix et la réconciliation à travers un accord signé avec les différents groupes engagés dans le conflit. Antonio Guterres, Secrétaire général des Nations Unies, puisque c’est de lui qu’il s’agit, dépeint la situation sécuritaire au Mali dans un rapport qui pourrait jeter le discrédit sur les autorités maliennes qui, nul doute, font d’énormes sacrifices pour maintenir le Mali sur le chemin de la paix.
Quand Antonio Guterres « exhorte le gouvernement malien à établir la stratégie de développement des régions du nord…, » cela veut dire qu’à ses yeux, le gouvernement malien n’en fait pas assez.
Faut-il rappeler au Secrétaire général de l’ONU que le Mali, ce n’est pas seulement les « régions du nord » et que le développement concerne et doit concerner toutes les régions du Mali, du nord au sud et de l’est à l’ouest. Pousser aujourd’hui le gouvernement du Mali à privilégier les régions du nord, c’est semer les graines de la division qui, un jour, pousseront pour devenir de vrais problèmes comme celui que nous vivons aujourd’hui.
Si la prise d’armes devrait contraindre au développement d’une partie du Mali en l’occurrence les régions du nord, cela enverrait un message clair au reste des autres régions : prenez les armes et revendiquez vos droits !
Par ailleurs, pourquoi « exhorter » le gouvernement malien alors que la coordination des mouvements de l’Azawad joue visiblement au dilatoire ? Combien de fois ce processus a-t-il été impunément violé par la CMA ?
Antonio Guterres parle dans son rapport d’ « absence de progrès dans la mise en place d’autorités intérimaires et la création de mécanismes opérationnels de coordination à Kidal et Tombouctou…, » sans pour autant faire allusion à la mauvaise volonté des groupes armés de la CMA qui font blocus autour des villes du nord empêchant toute initiative de paix.
Kidal soigneusement ignorée
Le patron des Nations Unies a superbement ignoré dans son rapport, le malaise que constitue Kidal mais a préféré parler de Mopti et de Ségou. « Je suis vivement préoccupé par l’augmentation des atteintes à la sécurité du fait d’éléments armés et de groupes armés extrémistes dans le centre du Mali, en particulier dans les régions de Mopti et de Ségou, où l’apparition de groupes d’autodéfense pour parer aux risques résiduels en matière de sécurité, en particulier dans les zones reculées, est aussi inquiétante. Cette situation pourrait bien alimenter la violence et exacerber les clivages intercommunautaires … »
Par conséquence, Antonio Guterres exhorte encore le gouvernement malien « à renforcer la présence de l’administration civile et des forces de défense et de sécurité dans ces secteurs et à lutter contre l’insécurité naissante, tout en respectant ses obligations internationales relatives aux droits de l’homme ». Pourquoi la présence de l’administration et des forces de défense ne doit pas être renforcée dans la région de Kidal sous contrôle français et CMA ?
On sait que depuis la crise de 2012, et suite à l’intervention de la France de 2013, la région de Kidal, fief de la rébellion armée et axe emprunté par les groupes terroristes, est « interdite » aux autorités maliennes. Pourquoi M. Guterres ne lèverait-il pas ce blocus pour faire avancer le processus ?
Ce rapport est loin de satisfaire les autorités maliennes qui ont déjà réagi à travers le ministre des Affaires Etrangères.
En effet, les autorités maliennes ne comprennent pas ce point de vue du Secrétaire général de l’ONU qui ne colle pas à la réalité. Une analyse erronée de la situation au Mali qui s’ajoute à une autre, celle de l’organisation internationale de défense des droits de l’homme, Human rights, qui a poussé le gouvernement à parler de rapport sans fondement.
Pourquoi l’ONU n’arrive-t-elle pas à contraindre les bandits armés à respecter le cessez-le-feu mais pousse le gouvernement malien à se surpasser dans une crise qui ne devrait pas en être une ?