Jamais rentrée scolaire n’a été aussi scabreuse et dévoyée que celle à laquelle nous avons assistée. En effet, en dehors du fait qu’une bonne partie de nos enfants ne franchiront pas le seuil d’une école pour cause d’insécurité généralisée ; pour ceux-là qui sont censés être dans les zones sécurisées, la rentrée n’a pas été synonyme de retrouvailles accompagnées de joie. Pourquoi ce sentiment de chaos, de morosité, pour un évènement qui aurait dû être enthousiasment, festif ?
Nous avons d’abord assisté à une rentrée officielle décalée, le 09 octobre au lieu du 02, ce qui indique son impréparation. Cette année, on a assisté à une opération inédite : pour la première fois, on ne sait pour quelle raison, l’orientation des élèves admis au Diplôme d’Etudes Fondamentales (DEF) aurait été confiée à un cabinet privé ! Comment peut-on faire de l’école républicaine une vulgaire entreprise ? A-t-on vraiment le sens de la république ? Que fait-on de l’expertise des fonctionnaires accumulée depuis des dizaines d’années par ce département ? Comment peut-on ainsi mépriser ses collaborateurs ? Monsieur le ministre voulait-il réinventer la roue ?
Autres facteurs qui ont imprimé à cette rentrée son caractère désordre, c’est la rentrée des établissements privés depuis les premières semaines du mois de septembre et aussi la gestion scandaleuse des Collèges Horizon, dictée de l’étranger.
Enfin, un élément non négligeable, qui a contribué au renforcement du sentiment de désordre pour cette rentrée, c’est l’opération de charme opérée en direction de l’école républicaine par des hommes politiques. Pour la première fois, on a assisté à des « dons » bizarres d’hommes politiques, constitués de cahiers à leur effigie. Encore que de jeunes parvenus le pratiquent on pourrait le comprendre, mais que le chef d’état lui-même se prête à ce marketing politique de basse inspiration, on reste stupéfait!
IBK n’a pas eu besoin de son effigie sur les cahiers d’écoliers pour se faire élire en 2013. La confiance en soi aurait-elle si déserté de son camp qu’il lui serait nécessaire d’utiliser de subterfuges de mauvais goût pour espérer se faire réélire ?
Ou bien puisque cette année, la rentrée est placée sous le signe de la citoyenneté, voudrait-on nous faire comprendre que le chef de l’état ainsi que le fiston national et le 1er vice-président de l’Assemblée Nationale sont des hérauts de la république ? Sont-ils vraiment des modèles pour nos écoliers ? Pour cette rentrée citoyenne, ces généreux donateurs auraient mérité de la république, s’ils avaient imprimé les effigies des hommes comme Cheick Modibo Diarra dans sa tenue de navigateur de la Nasa, des hommes de lettres comme FilyDabo Sissoko, Amadou Hampaté Bâ, Amadou Yambo Ouologuem, Ibrahima Ly, Seydou Bandian Kouyaté… ou des hommes politiques comme le père fondateur Modibo Keïta, Kwane N’Krumah et autres panafricains ; ou même de sportifs maliens qui ont porté haut le nom du Mali. Ceux-là pourraient constituer de dignes référentiels pour nos enfants.
En offrant n’importe quoi à nos enfants, on chosifie l’école républicaine, dont l’une des conséquences sera d’en faire une fabrique de médiocres citoyens. Est-ce là, le nouvel objectif assigné à l’école malienne?