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Tribunal de la Commune II : Des justiciables rançonnés ?
Publié le mercredi 11 octobre 2017  |  Le Démocrate
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Les usagers du Tribunal de Grande instance de la Commune II du district de Bamako en ont ras-le-bol des agissements en cours. Des témoignages et autres accusations font état de « de pots de vins » au détriment des justiciables. Des témoignages accablent le procureur de la République près le tribunal de la Commune II. Enquête !
Au Mali, la population n’a plus confiance à la justice. Le tribunal de la Commune II n’en fait pas exception où certains justiciables se plaignent d’avoir été victimes « d’agissements mal sains». Le doigt est pointé sur le nouveau procureur, Lacina Kébé. Nous y avons rencontré quelque uns.
M K., accusé d’abus de confiance, est incarcéré sans jugement. Il a séjourné à la prison centrale de Bamako et assure n’avoir jamais comparu devant un juge. « Comme je n’avais pas un avocat par manque de moyens et mes parents sans bras long, mon dossier a été trainé», explique-t-il en larmes.
« Je suis commerçant revendeur de pièces détachées. Je travaillais avec un grand fournisseur qui m’envoyait les pièces que je revendais au détail. On travaillait ensemble depuis plus de dix ans. On avait confiance l’un à l’autre. Une fois, à cause de 500 000 F CFA que je n’ai pas pu lui rembourser, il est parti se plaindre à la police. Il était dans ses droits », poursuit-il. Et d’ajouter : « J’ai promis de le rembourser dès que possible, car cette année, j’ai perdu ma femme, puis ma mère. C’était difficile pour moi». Toujours parlant de son fournisseur, « Une semaine plus tard, il est revenu avec une convocation et j’ai été déféré ».
Toute la procédure narrée jusque-là, parait normale. Mais ce qui l’est moins, est l’immixtion d’une tierce personne en vue de lui soutirer de l’argent conter une éventuelle libération. M. K. témoigne, « un gars qui s’est présenté en moi comme étant proche du procureur de la Commune II m’a demandé de lui proposer de l’argent. Je me suis exécuté et j’ai été relaxé». A l’en croire, il doit son salut à cause de la somme donnée.
Un autre, H. K., incarcéré à la Maison centrale d’arrêt (MCA), attend aujourd’hui impatiemment une convocation du tribunal pour être fixé sur son sort. Tout comme M. K., il a lui aussi eu des problèmes judiciaires il y a un mois. Il explique avoir été confondu à un voleur. En début d’hivernage, de retour du travail, il s’est arrêté à côté d’un immeuble en construction pour échapper à la pluie.
Dix minutes plus tard, selon lui, des gardiens sont venus de la cour de l’immeuble en chantier pour l’arrêter. « Me prenant pour l’un des maçons du chantier qui, apparemment était recherché pour vol de sac de ciment sur le chantier, ils m’ont frappé, j’ai même failli être lynché. J’ai eu la vie sauve lorsque les policiers sont arrivés sur les lieux. Ils m’ont amené au commissariat puis j’ai été déféré ici », raconte-t-il en rappelant les conditions de vie difficiles de son épouse et de ses six enfants.
« Je n’ai jamais été maçon dans ma vie. Je suis tailleur et ma carte d’identité le prouve, mais malgré cela, j’ai été mis en prison, j’attends toujours d’être jugé ». H. K. accuse vertement le procureur. « Son intermédiaire m’a demandé de lui apporter 250 000 F CFA pour être relâché. Comme je n’avais pas cet argent, il fait trainer le dossier », révèle-t-il tout en essayant de taire le nom du procureur Kébé pour ne pas attiser sa colère. Comme ces deux, nous avons recueilli d’autres témoignages où des justiciables accusent le parquet de la Commune II de leur demander de l’argent en échange de leur liberté. A défaut, ils se retrouvent coincés entre les quatre murs de la prison centrale de Bamako Coura. Pis encore, tout est alors mis en œuvre pour bâcler l’instruction.
Les deux prisonniers pris individuellement ne sont pas au courant l’un de l’autre. Mais leurs témoignages vont dans le même sens, celui de la corruption ambiante au tribunal de la Commune II. Ceux qui interviennent auprès des détenus et autres justiciables sont-ils des arnaqueurs qui travaillent pour leurs propres comptes ou le procureur Kébé est-il au courant des démarches de ces prébendiers de la justice ?
En tous les cas, les deux témoignages abondent dans le même sens du rançonnement des justiciables. Si l’un des détenus interrogé reconnaît avoir recouvré la liberté après paiement du montant demandé, l’autre croupit toujours en prison pour n’avoir pas mis la main à la poche, faute d’argent.
Ce qui nous a motivés à y voir plus clair. Après un tour au secrétariat du procureur près le tribunal de la Commune II, nous n’avons pas pu rencontrer M. Kébé. Sa secrétaire nous a fait savoir qu’il n’était pas disponible et nous a communiqué son numéro du portable. Depuis, nous l’avons appelé en vain.
Nous y reviendrons.
Bs.Alassane
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