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Copam : la déchirure ?
Publié le lundi 4 juin 2012   |  Le Républicain




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«Est-ce que la Copam va investir le Capitaine Sanogo ? Les leaders de la Coordination des organisations patriotiques pour le Mali (COPAM) se cherchent et vous parlez d’investiture ? ». C’est la réponse que nous a livrée un journaliste bien introduit, contacté hier matin. Nos tentatives avaient été vaines de contacter certains leaders de la Copam qui avaient jeté leur dévolu sur le Capitaine Amadou Haya Sanogo pour diriger la transition. Selon ce confrère, certains sont en fuite, faisant allusion au Dr Oumar Mariko en Mauritanie et à Rokia Sanogo au Burkina Faso, d’autres comme Hammadoun Amion Guindo, Younouss Hamèye Dicko, Me Mamadou Gakou, Mariam Diawara ont des ennuis judiciaires, suite à l’agression du Président de la République, Dioncounda Traoré, le 21 mai 2012. Jeudi dernier, leur deuxième interrogatoire a eu lieu à la gendarmerie du Camp I, qui les a conduits chez le juge de la Commune III, Sombé Théra. De là, selon nos sources proches de la Copam, ils sont sortis confiants.

D’autres encore parmi les plus agressifs, comme le président de l’association Yèrèwolo Ton, ont été déférés. Notre interlocuteur, qui en sait assez, pour avoir couvert les manifestations du 21 mars du centre-ville au Palais de Koulouba, va plus loin et s’attarde sur le cas précis de l’association Yèrèwolo Ton en affirmant que la situation de son président est grave. Pour la simple raison que non seulement son association est illégale, ne disposant pas de récépissé, mais aussi que cette association s’est taillé un baroud honneur en remettant au président Dioncounda Traoré une lettre exigeant sa démission.

La suite, c’est que le président a été agressé et grièvement atteint, contrairement à ce que certains veulent faire croire en minimisant la gravité de l’acte dans lequel aucun citoyen malien ne se reconnaitrait. C’est le cas du Professeur Dialla Konaté qui s’égare entre le palais des congrès et le palais de Koulouba, au point de dire qu’entre les deux, il y a 20 km, avant de mettre en doute la réalité de l’agression. « Les assaillants auraient agressé Dioncounda dans son bureau dans le but de le tuer. Il y a un point que je ne comprends pas. Je me demande comment Dioncounda a pu se tirer des griffes d’une bande de tueurs déchainés, ayant fait 20 km pour accomplir cette tâche, juste avec une égratignure au poignet et une autre au front? », ironise Dialla Konaté dans un email posté sur MSAS/MaliWatch le 24 mai 2012. Avant de reconnaître qu’ « une simple intrusion dans son bureau serait inacceptable et condamnable ». Nous apprenions, samedi soir, de sources hospitalières que l’état de santé du président Dioncounda Traoré était assez préoccupant et continue d’être suivi avec soin. Il aurait subi une nouvelle opération ces derniers jours. Son état ne lui permet donc pas de rentrer au pays de sitôt. Pendant ce temps à Bamako, les enquêtes s’éternisent afin d’identifier les auteurs, les commanditaires et leurs complices. Contrairement à Dialla Konaté qui n’en croit pas un seul mot, Mohamed Tabouré, responsable lui aussi de la Copam, estime que « Dioncounda Traoré ne fait que récolter ce qu’il a semé … » (L’Indépendant du lundi 28 mai 2012).

Avec l’absence de certains leaders de la Copam, les interpellations et arrestations d’autres, ainsi que les déclarations contradictoires des uns et des autres, il apparait que la Copam est fortement ébranlée. On peut même parler de déchirure, si l’on tient compte des positions de Hammadoun Amion Guindo et Younouss Hamèye Dicko qui ont dénoncé l’acte comme ne relevant pas des valeurs maliennes et se démarquant plus ou moins des derniers développements de la situation. L’agression du Président aura en tout cas ravivé les divergences. Et la signature du dernier accord entre le Capitaine Sanogo et la Cedeao lui accordant le statut d’ancien chef d’Etat a été perçue par Yoro Diakité de Bara comme une volte face qu’il n’est pas prêt à tolérer, allant jusqu’à qualifier cet acte de « trahison ».

Les enquêtes exigées suite à la grave atteinte à l’intégrité physique, aux coups et blessures volontaires sur la personne du président de la République, laissant tout le monde abasourdi, ont jeté des soupçons sur les leaders de la Copam organisateurs de la convention nationale, dont l’idée avait été lancée par le président du Cnrdre, le Capitaine Amadou Haya Sanogo. L’accord intervenu entre le Cnrdre, la Cedeao, Dioncounda Traoré et le Premier ministre malien permettant au Président par intérim de continuer comme président de la Transition n’a rien enlevé à la détermination de la Copam de tenir la convention nationale et de désigner la Capitaine Amadou Haya Sanogo comme président de la transition. C’est du Centre international de conférence que sont parties les manifestations dont une marche sur la Primature et une autre sur le Palais de Koulouba qui s’est soldée par l’agression qualifiée par l’Assemblée nationale de « tentative d’assassinat » du président de la République.

Dans une déclaration qui nous a été communiquée le 22 mai dernier, l’Assemblée nationale du Mali demandait aux autorités de « rechercher de façon diligente les présumés auteurs et de les traduire devant les juridictions habilitées ». Cette enquête qui est en cours et qui a donné lieu à une soixantaine d’interpellations est de plus en plus perçue par les observateurs comme un semblant d’enquêtes misant plus sur l’effet d’annonce que sur des enquêtes rondement menées jusqu’au bout. La plupart des personnes interpellées ou arrêtées, suite à la tentative d’assassinat du président, ont été purement et simplement relaxées.

D’où ce sentiment de parodie d’enquêtes, plutôt que pour aboutir à des arrestations et des sanctions servant d’exemple. Tout porterait à croire que le Premier ministre veut calmer la Cedeao et la communauté internationale. Si ces enquêtes ne parvenaient pas à identifier et punir les auteurs, Dioncounda Traoré ne serait à l’abri de rien, s’il revenait dans ces conditions. Personne, ni Dioncounda ni le Premier ministre, encore moins d’autres ne seraient à l’abri d’actes de ce genre, dans un tel climat d’impunité. Le retour à un Etat normal et crédible est au prix d’une enquête menée jusqu’au bout, et pour ce faire une commission d’enquête parlementaire pourrait jouer un rôle. Les enquêtes du parlement ne sont certes pas judiciaires, mais aussi permettraient-elles de déceler au moins ce qui n’aura pas marché dans le dispositif de sécurité pour secourir le Président. A quels niveaux se situent le dysfonctionnement et les responsabilités. Cette enquête parlementaire pourrait être complémentaire pour les enquêtes judiciaires. Certains évoquent aussi la nécessité d’une enquête internationale pour faire efficace et indépendante.

La rédaction

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