Dans un communiqué qu’elle a rendu public il y a deux semaines, la Banque Africaine de Développement (BAD) a annoncé avoir suspendu pour « une période minimale de 3 ans » l’Entreprise de construction urbaine et rurale (ECUR-Sarl) du député originaire de Markala, Yacouba Traoré. ECUR-Sarl est épinglée pour avoir « participé à une pratique frauduleuse dans l’exécution d’un projet de réhabilitation des routes au Mali », financé par la Banque Africaine de Développement.
Dans son communiqué, en date du 19 septembre dernier, l’institution financière africaine, basée en Côte d’Ivoire, accuse l’entreprise du député du Rassemblement pour le Mali de s’être adonnée à une « pratique frauduleuse ».
En effet, l’un des limiers de l’institution bancaire, en l’occurrence, le Bureau de l’intégrité et de la lutte contre la corruption, chargé de prévenir, dissuader et d’enquêter sur les allégations de corruption, de fraude et d’autres pratiques dans les opérations financées par l’institution « a établi qu’ECUR a participé à une pratique frauduleuse dans l’exécution d’un projet de réhabilitation des routes au Mali. »
Tréta avait-il eu raison de le sanctionner ?
La BAD a alors décidé de bannir l’Entreprise de Construction Urbaine et Rurale (ECUR) de tous les projets qu’elle finance pour une durée minimale de trois ans. Un coup dur pour le député, certes proche du pouvoir, mais qui est touché au portefeuille depuis que des marchés du secteur rural lui ont été retirés par le Secrétaire général de son parti d’alors, Bocari Tréta. D’aucuns avaient invoqué une « méchanceté gratuite » voire un « règlement de compte » contre un homme dont l’apport a été de taille dans l’élection d’IBK.
Fausse garantie…pour bénéficier d’une avance
Selon nos informations, les responsables de la BAD ont déniché du faux pour ce qui est de la garantie que la société de l’Honorable Yacouba Traoré disait avoir déposé auprès d’une banque de la place, comme cela se doit en la matière. Autrement dit, l’institution bancaire a démonté un montage grotesque dans le dossier de candidature de l’entreprise malienne qui « a présenté un faux document de garantie bancaire en vue d’obtenir une avance. » Elle aurait donc fait croire qu’elle avait déposé de la liquidité à titre de garantie, alors qu’en réalité, il n’en était rien. Le sieur Yacouba Traoré, révèlent nos sources, se serait arrangé avec des agents de la banque en question – dont nous tairons le nom pour l’instant- pour faire croire que l’entreprise avait effectivement déposé sa garantie auprès d’elle. Conséquences, non seulement l’entreprise va être obligée, « à l’expiration de l’échéance, prouver avoir adopté et mis en œuvre un code de conduite » mais aussi, elle ira à l’école de la Bad en matière de « déontologie d’entreprise » pour suivre…une formation et, espérer revenir dans le cercle fermé des entreprises éligibles aux offres de la BAD.
Joints par nos soins pour en savoir davantage sur sa version, l’honorable député et son entourage sont restés muets.