Recherché depuis février pour trafic de drogue et arrêté mercredi, le notable Baba Ould Cheikh fut aussi médiateur auprès d’Aqmi pour la libération d’otages occidentaux. Maire de la localité de Tarkint, ce quadragénaire figurait sur la liste des personnages visés par les mandats d’arrêt qu’émit le 8 février le parquet de Bamako, notamment pour « trafic international de drogue ». De même, son nom était apparu au détour de l’enquête sur l’extravagante aventure d’un Boeing 727 venu du Venezuela et affrété par un cartel de la came latino-américain, qui s’était posé en novembre 2009 en plein désert malien, et que les trafiquants locaux avaient incendié après avoir débarqué sa cargaison.
Or, à la même époque, Baba Ould Cheikh fut aussi un médiateur influent dans les tractations engagées pour obtenir la libération d’otages occidentaux enlevés par Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi). Au point de se voir mandater par l’ex-président Amadou Toumani Touré, alias ATT, renversé lors d’un putsch en mars 2012.
Conseiller spécial du chef de l’Etat burkinabé Blaise Compaoré, le Mauritanien Moustapha Limam Chafi a raconté, en février dernier à L’Express, le rôle que joua l’intéressé lorsque, dans le cadre d’une mission visant à arracher le diplomate canadien Robert Fowler et son assistant des griffes de leurs geôliers islamistes, il rencontra pour la première fois l’émir d’Aqmi Mokhtar Belmokhtar.
En chemin, Chafi avait fait escale à Gao et logé, à l’écart de la ville, dans une villa appartenant au fameux « Baba ». Lequel supervisa la longue et angoissante méharée qui le conduisit jusqu’à la retraite désertique d’ »Al-Laouar » – le Borgne -, l’un des sobriquets de Belmokhtar, encore surnommé « Mister Marlboro » du fait de son expertise dans la contrebande de cigarettes.
Pas sûr que les services rendus naguère par le notable interpellé mercredi en compagnie de six autres narcotrafiquants présumés suffiront à fléchir ses juges le moment venu…