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Structure de l’économie et pauvreté au Mali, l’alchimie des échecs
Publié le dimanche 14 avril 2013  |  Kassin




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Au Mali l'activité économique est une copie presque conforme de celle de la majorité des pays dit les moins avancés par la banque mondiale.
La création et la distribution de richesse se fait dans deux branches juxtaposées de l'économie c'est à dire l'économie rurale et l'économie urbaine avec peu d'effets d'entraînement entre les deux.
L'économie rurale qui emploie la majorité de la population est essentiellement agro pastorale et très peu génératrice de valeur ajoutée pour des paysans, des éleveurs, des pêcheurs et autres professions qui travaillent essentiellement pour leur survie.
Très souvent mal organisés, mal équipés, mal formés, ils apprennent sur le tas des techniques de production et de gestions de stocks archaïques et désuetes pour la plupart, et n'ont qu'un accès difficile et très faible au crédit à la production et à la consommation.
Dans ces conditions, les rendements du travail restent très faibles, et les productions tributaires des aléas climatiques, ne permettent pas un volume d'output nécessaire à un décollage économique du pays.
L'agriculture et l'élevage en milieu rural s'apparentent à un rite au gré des saisons, et conditionnent la survie des millions de paysans et éleveurs sans influencer le progrès social.
Les politiques économiques publiques n'ont jamais eu depuis 50 ans un effet catalyseur sur les productions rurales pour entraîner le pays vers l'agriculture intensive, pouvant mettre sur les marchés une production rentable en masse grâce à des rendements suffisants.
Pire la production locale (riz, coton égrainé, bétail sur pied...) est exportée sans valeur ajoutée (transformation industrielle) dans la sous région et dans le reste du monde, ce qui diminue considérablement les recettes d'exportation du pays.
Comme l'agriculture et l'élevage, le code minier du pays, pour attirer des investisseurs dans le pays, est resté très défavorable à l'économie du pays, car la production de l'or qui peut atteindre les 50 tonnes annuelles, n'a elle aussi pas assez d'effets d'entraînement sur les autres secteurs de l'économie (services, infrastructures sociales, commerce local, transports...)
C'est donc bien logiquement que l'exode rurale qui est le vidange du mal vivre des campagnes maliennes sur Bamako et les villes secondaires, soit le rituel bien connu des générations entières de maliens ayant élus domicile dans la campagne.
Une armée de jeunes filles et de jeunes garçons de nos villages arrivent massivement à Bamako et d'autres villes régionales pour avoir l'emploi mieux rémunérateur qui leur manque dans leur milieu naturel.
L'investissement public, qui devrait aider à bien former et à créer de l'emploi pour ces jeunes, est tout simplement détourné, ou vidé de sa substance, par une bureaucratie paralysante et oisive, tenue de main de fer par une élite intellectuelle et une classe dirigeante incapable, incompétente et malhonnête.
Un pan entier de la population malienne est donc sous employé car non formé et non équipé pour produire et consommer convenablement.
C'est le premier échec de la société malienne et il nous coûte minimum 3000 milliards de francs FCFA annuels, c'est à dire 3 fois le budget d'état malien.
Comment?
Imaginez seulement une augmentation du rendement du travail en milieu rural dans la production du riz, du coton, des céréales de bases, des fruits et légumes, de la production animale, et la transformations industrielle de ces produits pour créer la valeur ajoutée et l'emploi correspondant au Mali, les retombées financières se chiffreront à des milliers de milliards de francs CFA.
Pour combler ces pertes, le modèle économique du pays, s'est basé, depuis plus de 40 ans, sur un endettement extérieur auprès des partenaires techniques et financiers.
Le problème, est que les projets financés par cette aide extérieure (prêts et dons) n'arrivent pas à remettre les maliens au travail car trop affectés par un système organisé de corruption généralisée qui gangrène toutes les mailles de la société malienne.
L'argent public qui devrait servir d'investissement initial pour booster les secteurs porteurs de croissance, est mal utilisé et illégalement dérobé du circuit régulier de la création durable de la richesse et de son partage équitable.
Les gouvernements se succèdent et se ressemblent, les budgets d'état aussi, mais toujours le niveau d'investissement productif du pays, ne permet pas une production suffisante pour créer assez d'emploi pour une jeunesse laissée pour compte.
Plus grave encore, le manque d'emploi rémunérateur et de visibilité sur l'avenir, semble obérer les comportements des maliens quel que soit leur statut social, en matière d'honnêteté, de sincérité, de probité, de morale...
Il est très difficile de gérer une entreprise malienne et la conduire vers une rentabilité suffisante uniquement par des mauvais comportements humains érigés à un véritable système de genre de vie rétrograde et anti progrès.
C'est pour cela qu'il est très rare de voir une entreprise malienne (privée ou publique) sortir durablement la tête de l'eau, si elle n'est pas subventionnée par des fonds publics ou extérieurs ou mis sous perfusion des exonérations d'impôts.
C'est le deuxième échec de l'économie malienne, qui rend frileuses les banques, qui hésitent à prendre le risque de financer convenablement l'économie malienne.
Sans financement bancaire adéquat, des entreprises avec des managements douteux sont vouées à l'échec et ne peuvent faire aucune compétition dans une économie mondiale globalisée.
Le dynamisme de l'économie urbaine est lié à l'obtention des marchés publics et non aux profits tirés d'une rentabilité économique réelle du offert par le marché.
On n'a donc pas une économie de marché, mais une économie des fonds publics qui récompense les acteurs et opérateurs économiques ayant des relations dans le gouvernement et pénalise ceux qui n'en ont pas.
Cette déconnection du succès d'une entreprise des réalités du marché, crée une fumée d'écran et l'illusion de richesses qui restent éphémères et sans lendemain.
Voilà mes chers amis pourquoi le Mali est à la traîne.
Tant qu'on n'aura pas des dirigeants qui comprennent cela et qui y font face avec vigueur et détermination nous serons bons derniers dans tous les domaines du progrès.
Je suis désolé de vous dire la vérité.

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