À quelle destination seront-ils mieux accueillis et protégés ? Malin qui pourrait le dire. Il est évident, en revanche, que les Turcs de 'Collèges Horizon' ne résistent plus à la part très active que le pays d'accueil, le Mali, est en train de prendre dans l'humiliante vengeance que leur pays d'origine inflige un peu partout à travers le monde à sa diaspora apparentée à Fetullah Gulen. En plus d'avoir accédé à la volonté d'Erdogan de déposséder ses indésirables compatriotes de tout moyen d'existence, les officiels maliens ont poussé la connivence au point de déroger à la légendaire hospitalité qui caractérise l'homme malien.
Après le transfert très mitigé de leurs établissements scolaires à Maarif, une fondation tout acquise au pouvoir turc, l'épisode suivant a donc consisté à les soumettre à un délai très contraignant pour quitter définitivement la terre d'accueil qui les a adoptés près d'une quinzaine d'années.
Naguère si généreux par des distributions massives de vivres et leurs prestations gratuites de soins de santé, l'injonction leur a été faite, selon notre source, à coups de menaces de les livrer aux griffes acérées de l'impitoyable pouvoir turc qui emprisonne et licencie par centaines de milliers.
Aussi l'ultimatum des autorités maliennes fait-il suite à une expulsion trop musclée des nombreux Turcs dont la demeure était jusque-là confondue avec leurs écoles confisquées.
Des familles entières en sont ainsi réduites à dépendre de la mansuétude de compatriotes éparpillés dans la capitale malienne. Parents et enfants sont condamnés à séjourner temporairement dans les familles d'accueil de circonstance où ils se contentent d'espaces de fortune le temps de brader ce qu'il reste de leurs mobilier et objets ménage.
Car une bonne partie de leurs biens, selon nos confidences, a fait l'objet d'une extorsion par le personnel de Maarif en les supplantant dans leurs anciennes résidences.
Course contre la montre oblige, la situation des Turcs fait le bonheur d'habiles brocanteurs qui s'arrachent au plus bas prix les biens impossibles à transporter dans leur débandade : matériel électroménager, voitures, meubles, téléphones et bien d'autres objets de valeur remplissent depuis quelques jours les pages des sites maliens spécialisés dans le bradage d'objets usagés. "Nous n'avons plus confiance aux autorités et craignons de tomber dans le piège d'un rapatriement aux allures d'extradition", a confié un ancien responsable e Collèges Horizon pour expliquer sa précipitation et l'angoisse de ne pas réussir à vite se séparer de son mobilier. La séparation est beaucoup plus douloureuse d'avec les collègues et collaborateurs maliens qu'ils côtoient depuis plus décennie pour la plupart.
Par loyauté à leurs anciens employeurs, bon nombre de nationaux ont tout simplement renoncé à poursuivre l'aventure avec les nouveaux arrivants.
Les plus expérimentés d'entre eux ont été récupérés par des établissements partenaires comme les écoles françaises 'Liberté' et ´Castors', tandis que c'est avec des larmes aux yeux et la mort dans l'âme que les autres ont consentis a cohabiter avec les nouveaux.
Avec en outre beaucoup moins de fierté de porter l'identité d'un pays si peu reconnaissant.
Abdramane Keita