Le cinéma malien a perdu une de ces anciennes gloires. En effet, la vieille Mastan Ballo est décédée mercredi dernier des suites d’une maladie de longue durée, à l’âge de 80 ans. Les cinéastes, réalisateurs, comédiens, preneurs de sons, cameramen, machinistes, producteurs et exploitants, et bien sûr les parents lui ont rendu un dernier hommage samedi dernier au domicile de son époux N’Fa Cissé à Ngolonina, en commune II. Selon Souleymane Cissé, elle avait travaillé sur presque toutes ses réalisations. Cette dame, comme d’autres de sa génération, a permis au monde entier de mieux appréhender le vrai rôle que joue la femme, l’épouse, la coépouse et la mère dans la société malienne.
C’est en 1978 que Mastan Ballo a joué son premier rôle dans le film « Baara » de Souleymane Cissé. Le film relatait les difficiles conditions des travailleurs déflatés en raison de la crise économique et de la mauvaise gestion. Au tout début du film, alors qu’elle attend un enfant, cette épouse est chassée avec ses progénitures, sans ménagement du domicile conjugale. Son mari prétextant le manque de moyens, elle accepte la répudiation publique avec philosophie.
Pour le tournage du long-métrage « Finyè », Souleymane Cissé a encore eu recours aux services de cette dame pour son parfait comportement devant la camera. Elle intègre son personnage et sait oublier le dispositif technique qui l’entoure, témoigne le réalisateur. Pourtant elle n’a fréquenté aucune structure de formation à ce métier d’acteur.
Ainsi elle s’est confiée le rôle de la première épouse du gouverneur, un homme tiraillé entre ses principes de respect des convenances sociales et son amour pour sa seconde épouse. Toute chose qui fait apparaître l’importance du rôle de cette maman. Elle conseille également sa fille, opposé aux principes de son père. Mastan Ballo joue l’intermédiation entre les différents protagonistes. Ce rôle de première épouse est extrêmement important dans notre société.
Souleymane Cissé a encore eu recours à elle comme figurant dans d’autres grosses productions comme Waati en 1997 et Oka en 2015. Elle laisse 12 enfants et le monde du cinéma malien épleurés.