DAKAR (Reuters) - Après avoir contribué à chasser les islamistes des villes du nord du Mali, les troupes tchadiennes vont se retirer de ce pays où elles risquent d’être prises dans un conflit de type guérilla, a déclaré le président tchadien, Idriss Déby, dans une interview diffusée dimanche.
Vendredi matin, un kamikaze a tué trois soldats tchadiens en faisant exploser ses charges sur un marché de Kidal, montrant que les islamistes, liés à Al Qaïda, sont toujours en mesure de frapper à l’intérieur des villes qu’ils contrôlaient voici quelques mois encore.
Deux mille Tchadiens ont combattu aux côtés des forces françaises depuis le mois de janvier pour reprendre aux islamistes les villes du nord du Mali, puis les montagnes et les zones désertiques qu’ils tenaient.
Le président Déby a expliqué à des médias français - dont RFI, TV5 Monde et Le Monde - que les combats à visage découvert face aux islamistes étaient terminés au Mali et que l’armée tchadienne n’était pas conçue pour mener une lutte de l’ombre, de type guérilla, comme celle qui a lieu désormais dans le nord de ce pays.
"Nos soldats vont rentrer au Tchad. Ils ont accompli leur mission. Nous avons déjà retiré un bataillon mécanisé", a-t-il dit dans cette interview.
Le président tchadien a ajouté que l’armée tchadienne serait disponible pour participer à une future force des Nations unies qui devrait atteindre à terme les 10.000 hommes au Mali.
En mars encore, le ministre tchadien des Affaires étrangères avait mis en garde la France et ses alliés africains contre tout retrait hâtif du Mali, même si la majeure partie du pays avait été repris aux rebelles islamistes.
Les forces tchadiennes et françaises ont passé des semaines à ratisser les vallées du massif de l’Adrar des Ifoghas, naguère considérées comme des bases impénétrables des islamistes qui avaient conquis une grande moitié nord du Mali.
C’est le Tchad qui, dans l’offensive contre les islamistes, a payé le plus lourd tribut au Mali, avec une trentaine de soldats tués. Soulignant la nervosité des troupes dans les villes libérées, des habitants et des responsables de Kidal ont déclaré que des militaires tchadiens avaient tiré dimanche des coups de feu en l’air et en direction d’hommes armés.
La France a commencé à retirer une partie de ses troupes engagées dans l’opération Serval, et compte faire ramener ses effectifs de 4.000 hommes actuellement à 1.000 à la fin de l’année.